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Ces oubliés et ces méconnus de l’histoire congolaise Les équipes de football dans la chanson congolaise (1)

Jeudi 29 Juin 2017 - 12:03

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L’histoire en marche plonge souvent dans l’oubli des hommes et des faits qui font sa substance. Ce sont ces laissés-pour-compte de l’histoire, et ces nombreux méconnus enfouis dans ses décombres, sans compter les sans-grades. Brin d’Histoire, dans un nouveau concept éditorial, va tenter de les en sortir. La première livraison de cette nouvelle série débute avec les équipes dans la chanson congolaise. Le stade Eboué, situé à Poto-Poto,  est l’antre du football à  Brazzaville. Il partage ce statut avec le stade Marchand à Bacongo. C’est la période 1960-1965 qui nous intéresse ici, c’est-à-dire, de l’indépendance aux Jeux africains.

Le stade Eboué est inauguré, le 29 janvier 1944, par le général de Gaulle. Construit par le père Lecomte, il a connu un important ravalement, à l’initiative du père Morizur. Au début des années 60, Sa « sono » diffusait une chanson, « La Mode ya Pius Bokanga », qui n’a rien à voir avec le football, pour égayer les spectateurs avant les matchs.  C’est une rengaine qui tournait autour du défi, tembé na tembé, en lingala. « La Mode » était une association féminine de Léopoldville, constituée de supportrices de l’Ok Jazz, parmi lesquelles : Emilie Mokasa, Victorine Ndjoli, Marie-Josée Bompeli, Jeanne Ekila, Thérèse Muyaka, Peti Jeanne et Mboyo Pauline, Maria Ilebo, Kapinga, Augustine Budja, Marie Becombe, Mbonzo Victorine, Georgine Otshitshi, Lucie Eyenga. Elles s’opposaient, dans une lutte sourde à d’autres associations kinoises concurrentes, dont celles qui soutenaient l’African Jazz de Joseph Kabasele, rival de l’OK jazz.  C’est donc un hommage que rendait Franco Luambo Makiadi à ses fanatiques, dirigées par Pius Bokanga, célébrité de la mondanité kinoise. De grands noms du football africains de l’époque ont foulé la pelouse du stade Eboué : les kinois, Trouet, entre autres, les Camerounais, Mbappé Léppe, le plus célèbre d’entre eux, les Gabonais, Bevignan du Cara ou Messan de l’Etoile du Congo. Il convient, tout de même, de dire que  le stade Marchand, inauguré le 14 juillet 1925 a connu les premières joutes sportives, à Brazzaville. À cette occasion, une sélection africaine de Brazzaville rencontra l’Union sportive de Léopoldville qui remporta ce match inaugural. Le CAB (Club athlétique brazzavillois), une équipe de football composée de « Blancs » y  jouaient avec des équipes de Léopoldville (actuelle Kinshasa).

On ne le sait que trop, l’amour est le thème de prédilection de la chanson congolaise. Elle se décline sous différentes formes, parmi lesquelles, l’amour ou, parfois, la passion du football. C’est ainsi qu’à l’orée des années 60, les orchestres congolais des deux rives du fleuve Congo se mirent à exprimer leur attachement, pour tel ou tel club, à travers la chanson. Au Congo Brazzaville, qui nous intéresse dans cette livraison, c’est l’orchestre Les Bantous qui ouvre le chœur de ces odes aux équipes de football, par une chanson simplement intitulée Diables Noirs, disque Cefa référence Cf. 548,  composée par Kouka Célestin, célèbre auteur compositeur, décédé, le 18 septembre 2015. Il était né, le 5 février 1935, à Brazzaville. Co-fondateur de l’Ok Jazz, des Bantous, de l’orchestre Le Peuple,  du Trio Cépakos, et des Bantous –Monument, Célestin Kouka est, dans ce genre, un véritable précurseur. « Diables Noirs » est une chanson de  geste primale. L’équipe éponyme est née le 23 juin 1950, sur les cendres de l’ASM (Association sportive missionnaire), émanation de Patronage Saint-Louis.  Le premier président de cette formation sportive est Dominique Nzalakanda. Mais c’est Gilbert Thomas Makoundia qui lui succède, qui marquera profondément l’histoire des Diables Noirs. Massengo Boniface « Professeur-Katanga » en est le joueur emblématique.  Cette équipe du village Bacongo est, à cette époque, entraînée par le Français Jean Isabey. Dans le n° 18 du  magazine Vision de 2005, Kimina Makumbu écrivait : La nouvelle équipe est une sélection rigoureuse et qualitative des meilleurs joueurs des clubs du Grand-village Bacongo, sociétaires ou non de l’Association sportive missionnaire. Ils viennent entre autres de Croix du sud, d’Augouard (l’ancêtre de Sporting club, devenu, ensuite, Cs Negro), d’Elite « Pimpart », de Tolérance. Il n’empêche, ce sont bien des anciens de l’ASM qui en forment l’armature. On peut pêle-mêle citer, toutes générations confondues, de 1953 à 1965 : Mantari, Baboutila, Kinzonzi (Pigeon), Bilala (Poppens), Badia, Makouezi (La Flèche Noire), Ndoundy, Loukoki, Bibanzoulou, Diakoundila, Matsima, Fulu, Léopold Ndey, Bikouri, Dzabana Germain « Jadot », 18 ans à ses débuts, Filankembo Nicaise, Mayama Placide, Batiaka Deckos, Massengo Lusaku, etc. Monsieur Brun, un Français, qui succède à Jean Isabey, est l’entraîneur de cette armada. La chanson «  Diables Noirs » est exécutée par  les Bantous de la capitale, aux éditions Cefa, en 1962, au terme d’une série d’enregistrements de 50 titres, réalisée à Bruxelles, au studio Decca,  et 6,  à Paris,  chez Louis Gasté, le mari de la chanteuse  Line Renaud. (Suite dans le prochain numéro)

MFUMU

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