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Ces oubliés et ces méconnus de l’histoire congolaise : les équipes de football dans la chanson congolaise (2)

Jeudi 6 Juillet 2017 - 15:30

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Le football, au Congo, au début des années 60, est au cœur de toutes les conversations. Une véritable passion. Il est au centre de joutes oratoires enflammées entre les supporters des différentes équipes, singulièrement, à Brazzaville. le championnat s’y déroule en deux temps et sur deux terrains, l’aller au stade Eboué et le retour au stade Marchand, comme en 1962-1963, lors du sacre du Club athlétique Renaissance aiglons (Cara), devant Etoile du Congo (2), As Bantous (3), Diables Noirs (4), Stade congolais (5), des années après, Henri Ossebi dit Gondet fera un passage dans cette équipe où, un moment, Bimoni trôna dans les buts ; Racing Club Mobebissi (6), Lorraine (7), Cs Negro (8), As Ptt (9), Lumière du Congo (10), Tourbillon (11), Caïman (12).

En 1962, les Bantous de la capitale créent la chanson « Cara », dans la même cuvée que celle dédiée aux Diables Noirs, évoquée précédemment. Cet éclectisme était la marque des orchestres congolais qui pouvaient chanter pour toutes les équipes sans distinction. La chanson « Yanga » de Ntounta Mamadou et le Cercul Jazz, comme d’autres de la même veine, symbolise l’osmose entre le football et la musique : « moto na moto na mvoula na ye, mvoula oyo ya lelo ya bana aiglons, ata boluki nganga kisi kama na mwambe, mbula oyo ya bana Cara », entendait-on dans tous les bars de Brazzaville. Cette chanson est sortie à la faveur du championnat remporté par le Cara des Ambara, Malonga Simon « Carré », frères Makouana, Atoro Saydou (Bayo), Kanza Raphaël, Moubani « lanceur », Pena Omer, Matoko, Wamba Denis « Dragon », Okondza, Fromageon, Fouka, etc. Certains de ses dirigeants ont laissé une trace indélébile dans la vie de ce club brazzavillois : Pierre Eleingat, Gabriel Dos Santos, Antoine Dimana, Joseph Apoyolo, Benjamin Robert Eckomband, Marc Koubemba, Louis Etienne Itoua, Paul Ebondzibato, etc.

Le Cercul Jazz, créé, au début des années 50, au sein du Cercle culturel de Bacongo, s’installe, plus tard, au Bar Faignond, sous la houlette de Paul Nzoungou. Franklin Boukaka rejoint ce groupe, après son escapade kinoise, au début des années 60. Il en devient le porte-étendard avec des chansons comme « Honolé na Mossaka », « Louzolo » ou encore « Pont sur le Congo ». Ntounta Mamadou, chanteur, est, quant à lui, l’heureux compositeur, outre « Yanga », de « Lufua tolo », un cha-cha-cha endiablé qui connut son heure de gloire lors de sa sortie sur le marché du disque congolais. Ce titre demeure l’un des standards de la chanson congolaise. J’en fais, d’ailleurs, une reprise, dans un opus de la Compagnie Beaudley, qui sera prochainement dans les bacs des maisons de disques.  

Faignond, est le haut lieu des mondanités, où se retrouvent toutes les figures emblématiques de Brazzaville. La rue Mbakas, est, alors, le cœur névralgique de la capitale ; comme on dit aujourd’hui, « the place to be », « le lieu où il faut être ». Sur le pas de la porte du studio Shoaga ou celui de Salami, mitoyen du bar Faignond, les joueurs du jeu de dames, toutes générations confondues, parmi lesquels, Ntounta Mamadou, Antoine Boyela, Longo Dagla, Bamoin, Terzief El Diablo, Mampouya, Bringo, etc., se livrent à leur hobby. Alioune Diakité, célébrissime ambassadeur du Mali au Congo, révéré dans la chanson « Modibo Keita » de Joseph Kabasele et l’African Jazz, est un autre personnage remarqué de ce milieu. « Le pavillon Bleu », dont le mur est aussi en mitoyenneté avec le bar Faignond, est l’autre pôle d’attraction de la rue Mbakas. Il appartient à Névés, un sujet portugais et personnage familier de Poto-Poto.

L’Étoile du Congo, dont la consanguinité avec la Renaissance Aiglons a induit une rivalité congénitale, a inspiré les auteurs-compositeurs de Brazzaville, à différentes époques de son évolution, au nombre desquels, Démon Kasanaud, créateur de la chanson : « Étoile moziki ya Negro », titre de référence du répertoire des œuvres consacrées à l’équipe de Bilampassi De Malhouette dit « Ingénieur », qui avait la particularité de marquer des buts en exécutant le corner. À ses côtés, Gavo « Moteur », Sikou, Mavoungou Marc, Mandoka Bubakar, Gérard Bitsindou « Etoutou » dit « l’homme caoutchouc », André Sizamba « Glowasky », Lokalinga, Ousmane « Souris », Bakekolo Lumumba, Guelet, Eugene Gandzila « Kopa » puis Jean-Michel Mbono, Nkou Désiré, etc. Tout ce qui touche au football déclenche des passions. L’Etoile du Congo, comme les autres clubs du pays, a des dirigeants passionnés : Afondet, Service Etienne, Lokoua, Issambo Louis, Maître Gnali Gomes, Kader Diawara, Jacques Joachim Yhomby Opango, Beau-Saccot Sophie, Théodora, Alphonsine Ikouélé, etc. Outre Diables-Noirs, Aiglons et Etoile du Congo, d’autres équipes, au Congo, à l’instar de V.A Mokanda de Pointe-Noire, magnifié à travers une œuvre du compositeur Malemba, eurent droit à leurs chansons. Musique et football, un binôme détonant, au propre comme au figuré.

 

 

 

 

MFUMU

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