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Le grand pari du Fonds Bleu pour le Bassin du Congo

Samedi 8 Juillet 2017 - 13:00

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Alors que l'Afrique centrale dans son ensemble se trouve confrontée à des tensions multiples, l'idée lancée par le président Denis Sassou N’Guesso lors de la 22ème Conférence sur le climat qui s’est tenue à Marrakech en fin d'année dernière de réunir les douze pays du Bassin du Congo dans une communauté qui aurait comme objectif de protéger la nature tout en accélérant leur émergence dans les domaines les plus divers parait quelque peu utopique, pour ne pas dire tout à fait folle. Et pourtant c'est bien de sa concrétisation que peut naître, que naitra  sans doute à terme plus rapproché qu'on ne le croit, l'un des ensembles humains les plus prospères, les plus équilibrés, mais aussi les plus respectueux de l'environnement de la planète.

Il est bien vrai que l'Afrique centrale se trouve aujourd'hui confrontée à des crises qui ressemblent à une longue descente aux enfers avec la reprise des affrontements religieux en Centrafrique, l'incertitude politique dans laquelle vit la République démocratique du Congo, la montée des tensions sociales au Cameroun et au Gabon, la crise économique provoquée dans tous les pays de la région par l'effondrement des cours des matières premières sur les marchés mondiaux, les désordres financiers qui en découlent et que paient les peuples au prix fort. Mais il l'est tout autant que seule la construction du Fonds Bleu permettra aux peuples de cette partie du monde de résoudre les problèmes de toute nature auxquels ils se trouvent confrontés.

S'il en est ainsi c'est bien  parce que l’Afrique centrale dispose d’un atout unique qu'elle n'a guère exploité jusqu'à présent : le puissant, très puissant fleuve Congo et ses nombreux affluents, rivières ou ruisseaux qui convergent vers lui sur des centaines, des milliers de kilomètres.  Innervant un espace géographique qui couvre près du quart du continent africain et dans lequel vivent aujourd'hui plus de trois cents millions d'êtres humains - quatre à cinq cents millions avant la fin de ce siècle - le Bassin du Congo constitue une source inépuisable d'eau et d'énergie qui peut, si elle est bien exploitée, résoudre à bref délai tous les problèmes qui se posent aux nations concernées. De l'irrigation à l'électricité en passant par la pêche, l'élevage, l'agriculture, l'aquaculture, la navigation ou le transport la liste des avancées qui naitront de cette mise en exploitation est aussi longue que riche. Et c’est d’elles que naitront tout à la fois le progrès, le confort, la sécurité, l'élévation du niveau de vie auxquels aspirent légitimement tous les peuples du deuxième plus grand bassin fluvial de la planète.

La Conférence d'Oyo ayant décidé le 8 mars dernier la création  du Fonds Bleu qui réunira autour de ces objectifs les douze nations du Bassin du Congo il reste maintenant à en poser les fondations, c'est-à-dire à créer l'institution qui sera chargée de concrétiser le projet. Un travail qui s’annonce aussi passionnant que complexe, passionnant parce qu’il déterminera le destin de l’Afrique centrale, complexe parce qu’il n’est jamais facile de construire ce genre d’édifice comme l’a prouvé l’Europe tout au long du dernier siècle.

Nous n’avons évidemment pas de conseils à donner à celles et ceux qui ont, ou qui auront la charge de mener à bien ce grand et noble dessein, mais des informations qui remontent en continu vers nous depuis la signature de l’accord d’Oyo ressort le fait que la communauté internationale attend avec une impatience grandissante que naisse l’institution chargée de construire le Fonds Bleu. Au-delà des organes de la gouvernance mondiale et des gouvernements de la sous-région qui se penchent sur le dossier, les bailleurs de fonds publics et privés, les entreprises grandes et petites, les organisations non gouvernementales spécialisés dans la lutte contre le dérèglement climatique et pour la protection de la nature espèrent, en effet, pouvoir très vite apporter leur savoir-faire dans le processus qui permettra à l’Afrique centrale de devenir l’un des principaux moteurs de l’économie mondiale.

Tout milite aujourd’hui en faveur d’une accélération du mouvement qui fera du Fonds Bleu pour le Bassin du Congo un modèle vers lequel afflueront les talents et les capitaux. Tout y compris les grandes infrastructures dont le Congo en général et Brazzaville en particulier se sont dotées ces vingt dernières années. Alors, pourquoi attendre ?

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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