Dégringolade du franc congolais : le calvaire des ménages se poursuit pour la deuxième année consécutive

Lundi 17 Juillet 2017 - 19:00

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Le 17 juillet, plusieurs Kinois se sont regroupés devant le tableau d’affichage d’un bureau de change du centre-ville (non loin de la société Orgaman) pour s’informer sur l’évolution du taux de change. Depuis le week-end, le dollar américain a franchi la barre fatidique de 1 600 FC et rien ne semble freiner la dépréciation de la monnaie nationale. En l'espace de deux ans, plus précisément de 2015 à ce jour, le franc congolais a perdu plus de 75 % de sa valeur.

« Continuez à faire monter le taux comme vous le faites, même jusqu’à 2 000 FC le dollar si vous le voulez », a dit un passant énervé à un cambiste. La dépréciation de la monnaie nationale continue à inquiéter les ménages qui ne savent plus à quels saints se vouer. Entre 2015 et 2016, le taux est passé de 945 à 1 650 francs congolais le dollar américain, soit plus de 75 % de dépréciation. C’est la plus forte dépréciation enregistrée par la monnaie nationale au cours des dix dernières années. Les effets se font ressentir sur le pouvoir d’achat sous pression depuis fin 2015. Le dollar américain étant la devise de référence tant pour les transactions financières que pour la fixation des prix des produits importés, les conséquences sont désastreuses sur l’économie nationale totalement asphyxiée.

Il faut rappeler que le dollar américain a commencé à s’imposer dans les échanges commerciaux à la suite de la forte inflation des décennies 80 et 90. Les Congolais ont senti le besoin de se tourner vers une monnaie stable notamment pour thésauriser. Avec des politiques monétaires plus prudentes, il y a eu une période de stabilité macro-économique entre 2003 et 2015. Par ailleurs, la RDC a profité d’une montée des cours mondiaux des matières premières. Puis il y a eu le couac au second semestre 2015. Il s'agit d'un début de rupture de la stabilité qui va finalement s’aggraver au fil des semaines et des mois jusqu’à contraindre le pays à renouer avec l’inflation. Nous le disions dans nos dernières livraisons, il y a eu plusieurs interventions de la Banque centrale du Congo sans réel impact sur le cycle de dépréciation.

Bien entendu, le spectre des hyperinflations passées commence de nouveau à empoisonner la vie des Congolais qui disent craindre l’avenir à cause de l’incertitude économique et de l’imbroglio politique. Avec la nouvelle pression qui s’exerce sur le cadre macro-économique, les ménages ont perdu une part importante de leur pouvoir d'achat. C'est le cas pour les fonctionnaires et autres agents de l’État. D’ailleurs, une grogne couve actuellement au sein de l’administration publique à cause du taux jugé irréaliste appliqué par le gouvernement dans la paie des salaires. 

Les perspectives d’avenir restent difficiles car la RDC est structurellement malade, avec une balance de paiement totalement déséquilibrée. En effet, le pays importe plus qu’il n’exporte ses biens et services. Cela veut dire que la RDC ne peut espérer gagner des devises étrangères grâce à ses exportations. Au contraire, elle en cherche constamment. Par conséquent, les entreprises importatrices doivent trouver des dollars sur le marché de change en échange de leurs francs congolais. À la fin, la monnaie nationale en situation de prédominance sur le marché de change continue sa pénible descente aux enfers.

Laurent Essolomwa

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