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Opération réparation

Dimanche 30 Juillet 2017 - 14:52

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Pour ce qui est du pas franchi par la diplomatie française, le 25 juillet, au sujet de la crise libyenne, il y a lieu de dire, il était grand temps. Six ans jour pour jour, après l’éclatement de la guerre civile en Libye envenimée par l’intervention française suite à la volonté d’en découdre de l’ancien président français Nicolas Sarkozy, c’est à Emmanuel Macron, son deuxième successeur après François Hollande, qu’il revient la mission de réparer les préjudices, d’assurer « le service après-vente » comme le réclamait depuis toujours le chef de l’Etat tchadien, Idriss Deby Itno, dont le pays partage une large frontière avec la Libye.

En réunissant les frères ennemis libyens alors que leur pays continue de se déchirer, le président français allume les signaux d’espoir attendus depuis trop longtemps. Il est vrai qu’avant lui, dans la même quête d’une solution de sortie de crise, l’Union africaine en particulier était sur la brèche, là aussi depuis bien longtemps. Elle essaye de faire comprendre aux belligérants qu’ils gagneraient à s’assoir autour d’une table pour sceller la réconciliation nationale et garantir l’avenir de leur pays.

Dans le cadre de cette médiation de l’UA, le comité de haut niveau, à l’œuvre depuis lors n’a cessé d’appeler la communauté internationale à l’aide, sachant que les puissances qui en constituent le noyau décisionnel ont un mot à dire à la fois sur le comportement des parties libyennes, et sur la mise en œuvre d’un cessez-le-feu. A Brazzaville, où il recevait le 27 janvier dernier entre autres acteurs le président de conseil du gouvernement libyen, Fayez al Sarraj, comme à Abu Dhabi (Emirats arabes unis) où il a rencontré le général Khalifa Aftar, le 23 mars, le chef de l’Etat congolais, Denis Sassou N’Guesso, médiateur de l’UA, a perçu la volonté des Libyens d’en finir avec la guerre.

Faut-il ne pas se féliciter de voir la France inciter les Libyens à conclure un engagement ferme pour la paix ? Faut-il s’essayer à distribuer les points en désignant les bons et les moins bons négociateurs ? Ce serait perdre du temps inutilement. Au regard des malheurs qui s’abattent sur leur pays, les Libyens ne désirent qu’une chose : guérir de la guerre une fois pour toutes. Ceci passe par le dialogue bien sûr, mais aussi par l’arrêt des ventes d’armes à des groupuscules incontrôlables qui s’en procurent sans doute hors d’Afrique ; ceci passe par le rejet de préjugés et la mise en commun de toutes les initiatives qui concourent à la fin de la crise.

Car si la Libye se stabilise, la vaste région sahélo-saharienne devenue la plaque tournante des trafics en tous genres, un coin de villégiature pour les terroristes de tout acabit, un asile pour clandestins en partance pour l’Europe, se transformera en un havre de paix où il fera bon vivre malgré une météo habituellement dure.

Ce qui est vrai, au début des bombardements sur la Libye qui amplifièrent la guerre civile et installèrent le chaos, des voix africaines autorisées avaient appelé en vain l’attention de ceux qui se félicitaient des performances de leurs avions de chasse dernier cri : vous allez provoquer la misère, fabriquer des monstres, défigurer la Libye et ses voisins et ne serez pas à l’abri des désordres qui en découleront. On n’a pas voulu les écouter. Revenons donc au bon sentiment et le monde s’en portera mieux, du moins au départ de la Libye.

Gankama N'Siah

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