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Ces oubliés et ces méconnus de l’histoire congolaise : Maldonne

Jeudi 31 Août 2017 - 14:24

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Après le quiproquo, c’est la maldonne. Ce mot signifie erreur dans la distribution des cartes. C’est ce qui est arrivé la semaine dernière, au sujet du quiproquo. En effet, à juste titre, Jean Bruno Thiam m’a rappelé que parmi les  enseignants qui ont sauté le pas et ont rejoint le journalisme,  j’en ai  omis deux : Félicité Safouesse et Henri Pangui dit   Papa Henri ou « Mokili ».  Deux monstres sacrés de la radio au Congo.  En effet, Safouesse Félicité, institutrice de formation, est la première femme congolaise, speakerine à la Radio. Elle débute à la Radio AEF, créée en novembre 1945,  à Brazzaville,  par un accord passé entre le gouvernement général de l’AEF et la Radiodiffusion française. Radio AEF assure l’exploitation des émetteurs à audience locale et fédérale. Félicité Safouesse  y démarre le 8 février 1952, après avoir passé avec succès un concours de recrutement. Par translation elle se retrouve à Radio Inter Equatoriale avant d’atterrir à la nouvelle Radio Congo. Félicité Safouesse, c’est aussi,  Parafifi de la célèbre chanson éponyme de Joseph Kabasele, hommage à deux tourtereaux,  Paraiso et celle dont il est question ici. L’histoire nous dit aussi que Parafifi, Félicité Safouesse,  finira dans les bras de Kabasele. 

Henri Pangui est instituteur de son état, passé par le ministère des Finances, avant de se retrouver  à celui de l’Information, et, précisément  à la radio, comme son compagnon d’antenne, Jean-Bruno Thiam. Ce dernier a débuté à la Radio Inter Equatoriale, en qualité d’animateur des  émissions de jeunes.  À l’aube de la radio nationale, aux côtés d’Henri Pangui, son alter ego en lingala, idiome très usité à Poto-Poto et par de nombreux autres locuteurs éparpillés dans la République, Jean Bruno officie en kikongo, langue usuelle, dans une enclave linguistique de Poto-Poto, autour de la Grande Mosquée, et dans la partie sud de Brazzaville et au-delà. Dans le quartier dit de la Mosquée, le kikongo ou kituba est tout de même parlé concomitamment avec  le lingala. Les reportages des matches de football  par Henri Pangui et Jean Bruno en ont fait de véritables stars. À cette époque, le public est, à la fois, fanatique du sport roi et de ces deux reporters. Accroché au transistor, il  écoutait les commentaires de ces deux journalistes en suivant en même temps le match qui se déroulait sous ses  yeux.

C’est aussi l’occasion de citer une autre icône, Marie-Josée Mathey, brillante speakerine de  la radio  et  première téléspeakerine de Télé-Congo, quand celle-ci démarre ses émissions en 1962. Marie Josée Mathey, infirmière au cabinet médical de Mme Rocca, au croisement de la rue Emile Faignond (ex-Mbakas) et de l’avenue de Paris (actuelle avenue de la Paix),  commence en free-lance à la radio,  avant d’aller en formation en France en compagnie, entre autres,  de Bayack Moussolo, Baniakina, de son vrai nom.

 Qu’il me soit permis de déplorer la disparition de la spécialisation à la radio. En 1976, Mpassi Muba,  rédacteur en chef de La Voix de la Révolution congolaise (la radio nationale),  un ancien de l’Ocora (Office de coopération radiophonique), plus tard directeur général de la Pana (Agence panafricaine d’information), rappelait à tous les nouveaux rédacteurs, impatients de présenter le journal, que tout journaliste ne passe pas nécessairement à l’antenne. Pour cette tâche, il existe un corps de métier spécifique, celui des speakers, choisis pour la qualité de leur élocution, leur diction et leur capacité à « rendre » les papiers écrits par des confrères.  Georges Keto, Liberlin de Shoriba Diop, Lazare Massengo, pour ne ce citer que ceux-ci,  restent, des années après,  les plus belles voix de la radio congolaise. On éprouvait du plaisir à les écouter.

Quand elle naît, le 25 mai 1960, la radio est installée dans un car stationné en face du Palais du peuple, dans la cour de l’ancien ministère de l’Information, dans la rue de traverse qui, du boulevard Denis Sassou Nguesso, tombe sur la rue Lamothe. Dans cette rue, se situait  Radio-Club, poste émetteur privé  de 50 watts, créé par Monsieur Boileau.  Le général de Gaulle y  fit, le 22 octobre 1940,  sa première déclaration radiophonique,   à l’occasion de son premier séjour à Brazzaville. À l’époque de la radio nationale naissante,  le  football congolais tient le haut du pavé en Afrique. Le palmarès de la  sélection nationale du Congo, Congo-Sport,  qu’on désigne sous le vocable de « Brésiliens de l’Uam  (Union africaine et malgache) », est extrêmement riche. Ce football-là fait alors la fierté des Congolais, avec  l’apothéose du Congo Sport aux Jeux africains de Brazzaville en 1965. Le football congolais atteint son acmé à Yaoundé en 1972.  La victoire des  Diables Rouges, dorénavant,  à la Can (Coupe d’Afrique des Nations) referme l’épopée glorieuse de nos footballeurs. La Coupe d’Afrique des Clubs, remportée, en 1974,  par le Cara (Club athlétique Renaissance Aiglons), véritable chant du cygne du sport roi au Congo.

D’une manière générale, depuis quelques années, hormis quelques rares fulgurances,  le sport au Congo est au plus bas. Il a mis l’enthousiasme du public congolais en berne. Sur l’échiquier sportif africain, le Congo peut faire mieux et rebondir avec efficacité. Le mot est à la mode. Gageons donc que le nouveau ministre des Sports et de l’Éducation physique, Hugues Ngouélondélé,  qui a pris ses fonctions mardi dernier, saura sortir le sport national de l’ornière.  Les vrais héros ne sont pas toujours ceux que l’on croit.                                                

 

MFUMU

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