Interview. Éric Okuka : « La RDC se doit de consacrer beaucoup de moyens pour l’émergence des nouvelles technologies »

Mardi 26 Septembre 2017 - 16:25

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Éric Okuka est le vice-président de Tech Africa Forum, évènement lié aux technologies de l’information et de la communication ainsi qu’au numérique, dont la première édition s’est déroulée à Kinshasa au mois de juin 2016. 

Le Courrier de Kinshasa : Vous aviez organisé, l’année dernière, le premier forum consacré à la Tech « Kinshasa Tech Forum » en RDC. Pourquoi l’avoir organisé et quel bilan ou quels enseignements avez-vous tirés de l’organisation de cette activité ?

Éric Okuka : Je suis allé à Yaoundé au Cameroun au mois de novembre 2015 pour participer au forum « Club DSI Cameroun – Cameroon IT Forum 2015 » qui en était à sa 4e édition. À l’époque, j’étais le représentant commercial au Congo de la société marocaine de monétique S2M. C’est en participant à ce forum que l’idée m’est venue d’organiser un forum Tech à Kinshasa, pour non seulement promouvoir les nouvelles technologies en RDC mais aussi fédérer une vision panafricaine. Je me suis associé à M. Fidelis Ngede et quelques membres du Club DSI Cameroun pour créer et organiser « Kinshasa Tech Forum » le 9 & 10 juin 2016 au Kempinski Fleuve Congo Hotel.  Le bilan du forum a été largement positif en dépit du peu de temps et des faibles moyens financiers dont nous disposions. Lors de ma prospection que ce soit auprès du cabinet du vice-Premier ministre des Postes, Télécomunication et des Nouvelles technologies de la communication – PT&NTIC, auprès de la Fédération des entreprises du Congo (FEC) ou auprès des entreprises, j’ai senti un grand engouement et intérêt pour le forum. Nous avions d’ailleurs obtenu le haut patronage de son excellence M. Thomas Luhaka, le vice-Premier ministre des PT et NTIC de l’époque, le partenariat de la FEC avec le soutien de M. Kimona Bolenge, l’administrateur délégué et de deux grandes banques commerciales congolaises : la BCDC et la TMB. L’enseignement important à tirer est que la RDC a définitivement besoin de ce type de forum pour créer un cadre d’échanges entre les différents acteurs des Tech. Nous souhaiterions vivement que pour le prochain forum, la République du Congo soit également associée. Nous aimerions également avoir le soutien du ministère des Postes et Télécommunications ainsi que de la direction des nouvelles technologies, de même que des opérateurs télécom et des banques présentes à Brazzaville. Tout cela dans le but du rayonnement des Tech dans le Bassin du Congo tout entier.

LCK : Comment analysez-vous l’évolution du secteur de la Tech en RDC ? Quels sont les domaines oû la Tech a connu des avancées ? Qui sont les acteurs-clés ?

EO : La RDC est un pays stratégique et fort attractif en Afrique, notamment grâce à sa population jeune qui a soif de nouvelles technologies. La RDC a connu par exemple une avancée significative ces quinze dernières années dans les télécommunications. Les grands opérateurs de Télécom et de « Devicies » telles qu’Orange, Airtel, Samsung ou Huawai ont investi d’énormes moyens financiers.

LCK : Quels sont les enjeux socio-économiques du secteur de la Tech dans un pays comme la RDC ?

EO : Les Tech sont présents dans tous les secteurs d’activités : la santé, les finances, la sécurité, l’architecture et autres. Un pays en développement tels que la RDC se doit de consacrer beaucoup de moyens financiers, intellectuels et matériels pour l’émergence des nouvelles technologies. La RDC doit s’inspirer des pays africains tels que l’Éthiopie, le Maroc ou le Rwanda qui ont énormément investi depuis plusieurs années dans les nouvelles technologies et qui en récoltent aujourd’hui les fruits.

LCK : La Fin Tech se développe de manière fulgurante en Afrique. Qu’en est-il en RDC ?

EO : La FinTech s’est aussi fortement développée en RDC. Les banques ont pris conscience du rôle déterminant de la technologie dans leur développement et dans le processus de bancarisation. Du premier distributeur de billets de banque (DAB) inauguré par la banque Procrédit Bank en juin 2006 jusqu’à ce jour, il y a eu des avancées significatives. L’usage de la carte bancaire fait partie du quotidien des Congolais dans les grandes villes. Toutes les grandes banques commerciales proposent des cartes bancaires privatives, Visa, MasterCard et autres produits technologiques à valeur ajoutée. Depuis fin 2015, quatre banques commerciales : BCDC, ProCredit Bank – Equity, Rawbank et FBN Bank se sont associées pour créer « Interswitch GIE – Multipay », le premier service interbancaire en RDC qui permet l’interconnexion monétique entre les différentes banques participantes. Ce qui veut dire que les cartes d’une des banques appartenant au réseau Multipay peuvent être utilisées sur les distributeurs et terminaux des autres banques du réseau. La Banque centrale du Congo avait également lancé un appel d’offre début 2016 pour un switch monétique national avec objectif l’interconnexion bancaire des toutes banques et institutions financières. J’avais d’ailleurs travaillé sur le dossier de la soumission de S2M. La banque TMB a créé « Pepele Mobile » une offre des services de paiement mobile sécurisés et pratiques qui fonctionnent avec n’importe quel téléphone. Les opérateurs de télécom offrent aussi quasi toutes des solutions financières; Airtel Money, M-Pesa et autres Orange Money, qui sont de plus en plus utilisés. Toutes ces technologies contribuent à l’inclusion financière. C’est un enjeu important en Afrique notamment en RDC.

LCK : Vous envisagez d’organiser le prochain Kinshasa Tech Forum en 2018. Comment envisagez-vous la nouvelle édition de cet évènement ? Quel sera le thème ? Et pourquoi ?

EO : Nous envisageons effectivement d’organiser « Kinshasa Tech Forum 2018 » au mois de février. Je profite de l’occasion pour lancer un appel aux sponsors et aux partenaires qui voudront bien nous accompagner et nous rejoindre et je les invite à prendre contact avec nous. Nous allons aborder plusieurs thématiques. La cybersécurité: les nouvelles menaces contre le système d'information, une coopération panafricaine, la course aux armements de la cybersécurité ; Datacenter : le business des datacenter, présent et futur ; le Big Data : les nouveaux métiers liés aux données, un défi énorme pour l'Afrique, 2018 - nouvelles technologies, nouveaux espoirs, nouveaux défis ;  Télécom et Internet :la RDC, enfin en route vers le très haut débit, 4G, fibre optique, applications mobiles professionnels ; l’innovation dans les technologies et les services.

Patrick Ndungidi

Légendes et crédits photo : 

Photo1: Éric Okuka - vice-président de Tech Africa Forum à l’ouverture de "Kinshasa Tech Forum" le 9 juin 2016 au Kempinski Fleuve Congo Hotel Photo 2: De gauche à droite: M. Kimona Bononge - administrateur délégué de la FEC, Thomas Luhaka ancien vice-Premier ministre des PT&NTIC, M. Fidelis Ngede, président de Tech Africa Forum & Éric Okuka - vice-président de Tech Africa Forum Photo3: L'affiche de la première édition

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