Affaire Kamuina Nsapu : la famille du chef coutumier Muamba Lubemba saisit le ministre Shadari

Mercredi 11 Octobre 2017 - 17:44

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La progéniture Muamba Lubemba tient à être suffisamment éclairée sur les réelles circonstances de l’assassinat de son patriarche et veut que la justice lui soit rendue.

Le chef Simon Muamba Lubemba Alors que les rideaux venaient tout dernièrement de tomber sur les travaux du Forum sur la paix, la réconciliation et le développement sur le Kasaï, à l’initiative du gouvernement central, après des violences à la fois aveugles et sanglantes, des voix stridentes s’élèvent pour réclamer justice avant de passer l’éponge. La dernière portée sur la place publique est celle des proches du chef coutumier Simon Muamba Lubemba tué dont l’atroce décès est passé inaperçu.

À l’initiative d’un proche parent de l’illustre disparu, une lettre signée par Kanudowa Tshibangu et destinée au vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur, Emmanuel Ramazani Shadary, est bien à la fois audacieuse et explicite. En luminaire, cette correspondance exige justice et rappelle que le chef Muamba Lubemba est le chef de Bena Nkuanga, groupement de Bakua Makuna, village Mashata, bena Lala.

Où et comment a-t-il été tué ?

Les proches du défunt ont expliqué qu’au terme de violents accrochages entre des proches du Kamuina Nsapu et les forces gouvernementales, Simon Muamba s’est retrouvé dans l’épicentre des violences et est tombé sous le coup des balles, le 12 août 2016, aux côtés de ses autres collègues, à l’instar des chefs coutumiers Mukendi, Mfuamba Ntumba et bien d’autres collaborateurs des « rois ». Très concrètement, dans sa correspondance bien documentée, la famille du chef Muamba tient à être suffisamment éclairée sur les réelles circonstances de l’assassinat de son patriarche et veut, ici et maintenant, que la justice soit rendue.

Pour cette famille, en effet, la réconciliation voulue par tous et tentée d’être cimentée au terme du forum de Kananga tenu du 19 au 21 septembre dernier ne pourrait l’être réellement que si l’on fait droit aux victimes. « Nous ne saurons rester indifférents face à une tuerie bien planifiée contre le chef Muamba dont nous devons honorer la mémoire. La seule façon de le faire, c’est nous aider à identifier ses assassins et les traduire en justice. Il était un homme de paix et non un va-t-en-guerre », lit-on dans la lettre endossée par l’essentiel de membres de la famille que Kanudowa s’apprête à déposer à la vice-primature et qui a comme ampliateurs les instances nationales, régionales et internationales. Motivant le temps pris pour manifester ce courroux collectif, l’auteur de la lettre explique avoir attendu une opportunité pour le faire. Cette opportunité, à ses yeux, c’est le dernier rapport du Conseil des droits de l’homme de l’ONU rendu public fin septembre 2017 dans lequel, la haut-commissaire adjointe aux droits de l’homme reconnaît que « la situation dans les Kasaï est l’une des pires crises des droits de l’homme dans le monde ».

Dans ce rapport, l’ONU charge l’armée et les services de sécurité d’être au cœur des violences, notamment au nord, à l’est et au centre de la RDC. De la même manière, les différents intervenants ont déploré l’impunité qui entoure les actes de violences (tueries, viols, tortures). Nombre d’observateurs voient, dans ce nouveau rapport des Nations unies, le refus de la communauté internationale de tourner la page des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité dans l’espace kasaïen, sans avoir fait toute la lumière sur la quatre-vingtaine de fosses communes déjà recensées ainsi que sur l’identité des planificateurs et exécutants.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Le chef Simon Muamba Lubemba

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