Droits humains : Me Agathe Mulumba plaide pour l'éducation des enfants-guides

Jeudi 12 Octobre 2017 - 17:45

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Nombre d'enfants à Kinshasa servent de guides aux non-voyants. Cependant, ces enfants ne jouissent pas de leurs droits à l'éducation. Car, à longueur de journée, ils sont flanqués de leurs parents handicapés afin de demander l'aumône aux passants. L'activiste des droits de l’enfant et de la femme, Me Agathe Mulumba, interpelle les pouvoirs publics pour que les enfants-guides aient aussi droit à l'éducation.

 

Pour Me Agathe Mulumba, les enfants-guides des personnes non voyantes ne sont pas seulement privés de leur droit à l’éducation, ils sont aussi exploités économiquement. Cela viole les articles 32 de la convention relative aux droits de l’enfant. « Les États parties reconnaissent le droit de l’enfant d’être protégé contre l’exploitation économique et de n’être astreint à aucun travail comportant des risques ou susceptible de compromettre son éducation, de nuire à sa santé ou à son développement physique, mental, spirituel, moral ou social», a-t-elle signifié.  Et de poursuivre que l’article 58 de la loi portant protection de l’enfant stipule : «L’enfant est protégé contre toutes les formes d’exploitation économique ». Il ne suffit pas de ratifier des  instruments juridiques ou de promulguer des lois, ce qui importe c’est leur mise en application. La RDC doit faire appliquer la loi en ce qui concerne les enfants- guides. Le gouvernement à travers le ministère des Affaires sociales doit être interpellé, a ajouté Me Agathe Mulumba.

Le ministère des Affaires sociales, selon Me Agathe Mulumba, devrait mettre en place des stratégies en collaboration avec le ministère de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel pour assurer l’éducation de ces enfants. Il devrait aussi assurer l’encadrement de ces personnes nécessiteuses par la mise en application d’une bonne politique de prise en charge . « Priver ces enfants de l’éducation, c’est une bombe à retardement. Ces enfants ne viendront que gonfler le rang des enfants de la rue par manque d’éducation. Il est donc temps que le ministère des Affaires sociales puisse passer à l’action »,  a-t-elle dit.

En effet, un des enfants-guides que nous avons abordé a expliqué comment se passe son quotidien. « Chaque matin, je suis obligée de venir avec ma mère ici sur le boulevard solliciter la charité des personnes de bonne foi. Ma mère est une personne non voyante. Mon père est aussi une personne vivant avec handicap. L’argent que nous recevons des gens de bonne volonté nous permet d’avoir de quoi manger. Je n’étudie pas parce que mes parents n’ont pas de moyens pour assurer ma scolarité… », a confié l'enfant-guide. Notre conversation furtive avec cet enfant sur le boulevard du 30 Juin devant la Poste  s’est arrêté lorsque le policier de roulage ouvre la voie. Le taxi à bord duquel je me trouvais démarre, je donne un billet de 1000 FC au petit garçon pas trop bavard avoisinant 12 ans qui, tout en me remerciant, remet ce billet à sa mère. Celle-ci m'a remercié en  ces termes : « Que Dieu te bénisse pour m’avoir aidée ».       

Ces cas sont légion dans la ville de Kinshasa, les enfants des personnes vivant avec handicap  sont, contre leur gré, obligés d’accompagner  tous les jours leurs parents sur les grandes artères de la ville pour demander la charité. Malheureusement, ce phénomène m’émeut  plus personne, car il est devenu normal.  Et personne ne se sent interpellé face à la souffrance quotidienne de ces enfants qui sont condamnés à cette vie de misère. 

Aline Nzuzi

Légendes et crédits photo : 

Un enfant-guide avec un non-voyant

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