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Libye : retour à la case départ

Lundi 16 Octobre 2017 - 9:50

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Il apparait de jour en jour plus évident que la résolution de la crise libyenne ne sera possible que si les protagonistes du drame qui se joue dans cette partie de l'Afrique depuis 2011 se retrouvent autour de la même table. Non pour se déchirer comme ils n'ont pas cessé de le faire après l'assassinat de Mouammar Kadhafi, mais pour reconstruire un Etat capable, comme avait su le faire non sans mal le "Guide", de faire vivre ensemble les ethnies et les tribus qui composent et composeront toujours le pays.

Ce processus est en cours n'en déplaise aux puissances extérieures qui tentent pour des raisons diverses - dont beaucoup sont très terre-à-terre - de s'immiscer une nouvelle fois dans les affaires intérieures de ce grand pays. Il a débuté alors même que Mouammar Kadhafi vivait encore, lorsque l'Union Africaine a envoyé à Tripoli une délégation de chefs d'Etat africains pour convaincre le Président libyen de se retirer en instaurant un régime de transition suffisamment fort pour préserver l'unité du pays. Il s'est poursuivi, en dépit des violences qui gangrènent le pays, lorsque l'Union Africaine, toujours elle, a constitué le Comité de haut niveau que préside le chef de l'Etat congolais, Denis Sassou N'Guesso.  Et elle débouchera très probablement, avant la fin de cette année 2017, sur une conférence nationale à laquelle prendront part non seulement les différentes parties au conflit mais aussi et surtout les chefs des tribus et ethnies qui quadrillent depuis toujours le territoire libyen.

Certes, la partie n'est pas encore jouée, mais tout indique aujourd'hui que la raison étant près de l'emporter sur la passion un accord permettant de reconstruire l'unité de la Libye ne relève plus de l'utopie. Il suffit, pour s'en convaincre, de regarder avec attention les démarches que mènent les hautes personnalités désignées par l'Union Africaine pour réconcilier les frères ennemis, démarches qui ont toutes pour objectif de rassembler autour d'une même table ceux qui s'opposent aujourd'hui les armes à la main. Sans exclure, bien sûr, du débat à venir, les proches de Mouammar Kadhafi qui ont conservé une influence certaine.

Dans le contexte qui se précise chaque jour l'on ne saurait trop conseiller aux puissances extérieures directement responsables du drame que vit aujourd'hui la Libye - autrement dit la France, l'Angleterre, les Etats-Unis - de rester en dehors du débat qui se précise. Parce qu'elles ont commis la plus lourde des erreurs en faisant abattre le "Guide" libyen sans mesurer les conséquences inévitables de leurs actes ces mêmes puissances ont provoqué l'un des pires drames de ce temps et se sont enfermées dans une situation ingérable comme le montrent tout à la fois l'afflux des migrants vers les côtes européennes et la crise que celle-ci provoque au sein même de l'Union Européenne. Elles sont, comme on dit, hors jeu.

Si leurs dirigeants veulent maintenant contribuer à la renaissance de la Libye qu'elles appuient donc résolument le lent et patient processus de rapprochement  que le Comité de haut niveau conduit. Qu'elles contribuent aussi, matériellement et financièrement, à la reconstruction d'un pays qu'elles ont contribué à plonger dans le chaos.

Alors, en effet, et alors seulement elles agiront en faveur de la paix.

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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