Jérusalem: l'ONU "très inquiète des risques d'une escalade violente"

09-12-2017 16:34

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L'ONU est "particulièrement inquiète des risques d'une escalade violente" après la décision de Donald Trump de reconnaître unilatéralement Jérusalem comme capitale d'Israël, a affirmé, le 8 décembre au Conseil de sécurité, Nickolay Mladenov, coordonnateur spécial des Nations unies pour le processus de paix au Proche-Orient.

"Du 6 au 8 décembre" sont annoncés "trois jours de rage", a ajouté le réprésentant de l'ONU lors d'une liaison vidéo de Jérusalem organisée à l'occasion d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité convoquée à la demande de huit de ses membres après la décision américaine.

Nickolay Mladenov a mis en garde contre le risque que cette décision provoque "un radicalisme religieux". "Jérusalem est la question la plus complexe" à résoudre dans le conflit israélo-palestinien, a-t-il insisté, en évoquant le "symbole de la foi chrétienne, juive et musulmane" que cette ville représente. Seule une "négociation entre les deux parties" peut décider de son avenir.

Nickolay Mladenov a appelé les dirigeants du monde entier "à montrer de la sagesse" pour ramener le calme dans la région.

La réunion en urgence du Conseil de sécurité, composé de quinze membres, a été demandée par la Suède, la France, l'Italie, le Royaume-Uni, la Bolivie, l'Uruguay, l'Egypte et le Sénégal. Plusieurs de ces Etats considèrent que la décision américaine viole des résolutions de l'ONU.

Il s'agit d'une "violation de la légitimité internationale", a souligné l'ambassadeur égyptien, Amr Aboulatta, en évoquant une "ville sous occupation". Son homologue suédois, Olof Skoog, a rappelé la résolution 2334, adoptée le 23 décembre 2016, qui souligne que le Conseil de sécurité "ne reconnaîtra aucune modification aux frontières du 4 juin 1967, y compris en ce qui concerne Jérusalem, autres que celles convenues par les parties par la voie de négociations".

Cette résolution avait été approuvée par quatorze pays, les Etats-Unis dirigés alors par le démocrate Barack Obama ayant choisi l'abstention, ce qui avait permis l'adoption du texte. "Le moment est venu d'avancer vers un accord de paix détaillé", a aussi réclamé le diplomate suédois.

La décision de Donald Trump, qui ne se concrétisera pas avant plusieurs années, a provoqué la fureur du monde arabe et suscité une réprobation générale des partenaires de Washington. Interrogé avant la rencontre sur ce qu'il fallait attendre de cette réunion en urgence du Conseil de sécurité, un diplomate a répondu: "Rien". Selon un autre, la réunion devait montrer "l'isolement" des Etats-Unis sur ce dossier.

Les relations entre Israël et les USA depuis 1948 Rappel des dates-clé des relations entre Israël et les Etats-Unis, dont le président Donald Trump a reconnu mercredi Jérusalem comme capitale d'Israël, marquant une rupture spectaculaire avec ses prédécesseurs. - Reconnaissance mais divergences Le 14 mai 1948, David Ben Gourion proclame la création de l'Etat d'Israël. Le président américain Harry Truman reconnaît le nouvel Etat, onze minutes après sa proclamation. Mais les relations sont tumultueuses durant les premières années. Washington prend conscience qu'un rapprochement excessif avec Israël compromettrait notamment les relations des Etats-Unis avec le monde arabe. Les Etats-Unis désapprouvent ainsi la campagne du Sinaï contre l'Egypte en 1956, lancée par Israël en coordination avec la France et la Grande-Bretagne. Un ordre impératif du président Dwight Eisenhower à David Ben Gourion contraint Israël à se retirer du Sinaï. - Soutien indéfectible à Israël Lors de la guerre de juin 1967, Israël occupe le Sinaï, la bande de Gaza, la Cisjordanie, Jérusalem-Est et le plateau du Golan. Le conflit va constituer un tournant pour les Etats-Unis, qui deviennent le principal soutien d'Israël. En octobre 1967, le président américain Lyndon Johnson décide de commencer à livrer massivement des armes à Israël. A plusieurs reprises, Washington va tenter d'associer ce rôle de principal soutien d'Israël avec celui de médiateur dans le conflit israélo-palestinien. - Unique médiateur En septembre 1978, Jimmy Carter réunit le Premier ministre israélien Menachem Begin et le président égyptien Anouar el-Sadate à Camp David, au nord de Washington. Les accords de Camp David ouvrent la voie au traité de paix signé l'année suivante par l'Egypte et Israël. En septembre 1993, Bill Clinton orchestre à la Maison Blanche, la poignée de main historique entre l'Israélien Yitzhak Rabin et le Palestinien Yasser Arafat, qui signent une Déclaration de principes sur une autonomie palestinienne transitoire. En 2000, M. Clinton fait porter à Yasser Arafat l'essentiel de la responsabilité de l'échec des négociations de paix de Camp David du 11 au 25 juillet. - Obama: tensions mais aide Dès leur accession au pouvoir en 2009, les relations entre Barack Obama et le leader de la droite Benjamin Netanyahu, redevenu Premier ministre d'Israël, sont sous haute tension. En juin, Barack Obama presse Israël de cesser la colonisation et exprime son engagement en faveur d'un Etat palestinien au côté d'Israël. En mars 2010, l'autorisation donnée à la construction de logements dans un quartier de Jérusalem-Est occupé et annexé, en pleine visite du vice-président américain Joe Biden, jette un sérieux froid. En mars 2015, M. Netanyahu défie Barack Obama en allant prononcer un discours devant le Congrès américain contre l'accord sur le nucléaire iranien soutenu par le président. Barack Obama refuse de le rencontrer lors de son séjour. Mais en septembre 2016, les deux responsables signent à Washington un protocole d'accord portant sur 38 milliards de dollars d'assistance militaire pour la période 2019-2028, l'aide militaire la plus généreuse de l'histoire de l'Amérique. En décembre 2016, les relations dégénèrent en crise ouverte à la suite du refus des Etats-Unis - le premier depuis 1979 - d'imposer leur veto pour bloquer une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant la colonisation israélienne. - Trump: nouvelle donne Le 20 janvier 2017, Benjamin Netanyahu affirme s'attendre à ce que l'alliance soit "plus forte que jamais" avec l'investiture de Donald Trump. Le 15 février, lors d'une conférence de presse avec Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, Donald Trump estime que "la solution à deux Etats" pour régler le conflit israélo-palestinien n'est pas la seule voie possible pour la paix. Le 15 mai, David Friedman, proche de Donald Trump et connu pour ses positions controversées en faveur notamment de la colonisation, arrive en Israël pour prendre ses fonctions d'ambassadeur des Etats-Unis. Le 22 mai, M. Trump se recueille devant le mur des Lamentations à Jérusalem, une première pour un président américain. Le lendemain, M. Netanyahu annonce une aide militaire supplémentaire américaine de 75 millions de dollars. Le 6 décembre, Donald Trump reconnaît Jérusalem comme capitale d'Israël et ordonne de "préparer le déménagement de l'ambassade américaine de Tel-Aviv vers Jérusalem". Il assure cependant que les Etats-Unis soutiennent une "solution à deux Etats".
D'après AFP

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