Violences du 31 décembre: Lambert Mende recadre le cardinal Laurent Monsengwo

Mercredi 3 Janvier 2018 - 15:44

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Le gouvernement s’est dit, par l'entremise de son porte-parole qui s’exprimait ce 3 janvier devant des journalistes, satisfait des mesures d’encadrement mises en place par les forces de l’ordre et de sécurité lors de la marche des fidèles catholiques le 31 décembre 2017.

Les dernières déclarations du cardinal Laurent Monsengwo qui s’en est pris vertement à la coalition au pouvoir, au lendemain de la répression de la marche des catholiques du 31 décembre, ont entraîné une levée de boucliers du côté du gouvernement. Par le biais de son porte-parole, Lambert Mende, l’exécutif national a tenu à recadrer l’archevêque de Kinshasa dont les propos ont été jugés « inutilement excessifs », ne cadrant pas avec la personnalité qui est la sienne.

Réagissant, en effet, aux déclarations du prélat catholique dans un point de presse animé ce 3 janvier, Lambert Mende a fait remarquer d’emblée que l’autorité diocésaine de Kinshasa n’a pas mis en exergue des faits infirmant le rapport-bilan présenté par la police nationale en rapport avec les événements du 31 décembre. Relayant le bilan de la police, le porte-parole du gouvernement a indiqué que cinq cas seulement de décès par mort violente ont été rapportés à cette date à Kinshasa et à Kananga. Quatre-vingt-huit fauteurs de troubles ont été appréhendés (soixante dix-sept à Kinshasa et onze à Kamina), a-t-il déclaré, tout en affirmant qu’ils ont tous été élargis après interrogatoires dans divers postes de police.

« Les rêves du grand soir ou de l’hécatombe caressés par les initiateurs de ces désordres programmés se sont donc écroulés comme un château de cartes », a ironisé le porte-parole du gouvernement. Il s’est félicité de l’action des forces de police et de sécurité qui, sur l’ensemble du territoire national, « ont respecté le mot d’ordre de rigueur, de fermeté et de conformité au droit international humanitaire dans la gestion desdits événements ». Il a également loué « la responsabilité du peuple congolais qui a perdu cette crédulité sur laquelle les agitateurs comptaient pour déstabiliser notre pays au mieux d’intérêts qui sont loin d’être nôtres ».

Lambert Mende estime, par ailleurs, que dans ses propos, le cardinal-archevêque de Kinshasa ne contribue pas à la pacification des esprits. Bien au contraire, il invoque une paix durable pour la RDC, par une attitude de mépris et de rejet, dit-il. « Il incite en même temps les Congolais à la haine et à la confrontation en les opposant les uns aux autres par un discours belliqueux aux accents de combattant puisqu'il endosse volontiers le statut de croisé avec le vocabulaire des révolutionnaires des printemps arabes : " que les médiocres (sic!) dégagent", expression de l'intention larvée de livrer ainsi quelques dirigeants à la vindicte populaire », note-t-il. Et de rappeler que « l'Etat de droit auquel se réfère le prélat catholique dans son communiqué favorise certes les droits et les libertés, mais n'exonère point les uns et les autres de leurs responsabilités ». 

A l’opposé du cardinal qui, dans ses propos, tend à méconnaître le professionnalisme  des forces de sécurité, Lambert Mende croit leur devoir une fière chandelle pour n’avoir causé aucune perte en vie humaine « parmi la poignée de fidèles qui ont essayé de manifester violemment avec des insignes religieux à Kinshasa ou ceux d’un parti politique radicalisé à Kamina ». Et d’ajouter, l’air dépité : « Il est regrettable que le cardinal soit descendu dans les caniveaux en traitant ses adversaires politiques de dirigeants médiocres. De lui, on aurait attendu des épithètes plus policés ». Il convie ses compatriotes à se préparer pour les échéances électorales prévues au courant de cette année. « Le peuple congolais a plus besoin des pompiers que de pyromanes », a conclu Lambert Mende.    

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Lambert Mende

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