Black Dolls : une exposition historique !

Vendredi 5 Janvier 2018 - 19:53

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Black Dolls montre pour la première fois, hors des Etats-Unis, la collection Deborah Neff, un ensemble exceptionnel de cent cinquante poupées noires artisanales, et de photographies d’époque des années 1850-1940. Rendez-vous du 23 février au 20 mai, à la Maison rouge à Paris.

Ces « Black Dolls » proviennent de la collection de l’Américaine Deborah Neff. Confectionnées à la main, en tissu, en bois ou en cuir, au temps de l’esclavage puis durant la ségrégation, elles racontent « une histoire politique et intime inédite des Noirs américains, de la maternité et de l’enfance ».

Pendant près d’un siècle, des femmes africaines-américaines ont conçu et fabriqué des poupées de tissu pour leurs propres enfants, ou les enfants qu’elles gardaient. Deborah Neff, une discrète avocate du Connecticut, a construit en vingt-cinq ans la collection de ces poupées, la plus ample et la plus rigoureuse qui ait jamais existé. Elle a patiemment mis au jour ces objets que l’on considérait jusque-là comme des artefacts domestiques indignes de mémoire, pour en constituer un ensemble dont la beauté, la diversité formelle, l’originalité – en un mot, la valeur artistique – s’impose immédiatement au spectateur. S’y ajoute un exceptionnel ensemble de photographies et daguerréotypes représentant l’enfance américaine de l’époque, blanche et noire, qui raconte l’histoire complexe des relations que les enfants entretenaient avec leurs poupées noires.

La poupée est la compagne de jeu et de câlin millénaire des petites filles. Un objet intime qui témoigne aussi de son temps, de ses tensions sourdes ou de ses éclats impétueux. Ainsi en est-il de la collection rassemblée par l’avocate Deborah Neff. Utilisées tantôt pour s’identifier et s’affirmer, tantôt pour cantonner une population à la servitude dans des scénarios apparemment innocents, elles sont aussi porteuses d’un amour indéfectible ambigu. Bien souvent, elles sont, en effet, préférées à leurs homologues de porcelaine, car c’est des nounous noires que vient l’affection des années d’enfance.

Outre l’Histoire et les histoires transmises par ces artefacts domestiques, impossible de ne pas admirer les qualités esthétiques de quelque cent cinquante créations artisanales. Réalistes ou purement abstraites, elles ravissent et ravivent des questionnements encore d’actualité.

Bénédicte Alouna

Légendes et crédits photo : 

Photo: les poupée de la collection de l’Américaine Deborah Neff (DR)

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