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Les "Grands" toujours à couteaux tirés

Samedi 27 Janvier 2018 - 18:36

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L’avènement d’une nouvelle année n’a apparemment rien modifié dans le positionnement des grandes puissances sur la scène internationale. Parce que les sujets sur lesquels elles ont passé l’an 2017 à se quereller n’ont fondamentalement pas changé ; parce que aussi, la défense de leurs intérêts étant au cœur de la compétition qui les oppose, il n’est pas certain qu’elles tentent, quoi qu’il arrive, de modifier leur manière d’agir les onze prochains mois.

Sur la carte plus que transpercée du monde qui nous abrite, le conflit syrien donne à voir de quelle façon les puissances nucléaires étalent leur inusable duplicité. Si, en effet, toutes disent combattre le terrorisme dans le but de l’éradiquer, autour de la Syrie se jouent toutes les influences étrangères dans une région du Proche-Orient où les cas de belligérance sont enracinés.

Quand on suit l’actualité qui s’y déroule, on voit principalement les Etats-Unis et la Russie s’accuser mutuellement d’attiser le feu, de laisser commettre des crimes, de fermer les yeux sur le calvaire de la population. Les deux pays sont impliqués dans ce conflit à travers le soutien qu’ils apportent respectivement aux rebelles et au régime de Bachar Al-Assad.

S’il ne s’agissait que de déplorer le sort de civils exposés aux atrocités de la guerre civile, il faut rappeler qu’en l’occurrence, un autre conflit de même nature se déroule non loin de Syrie, au Yémen. Là-dessus également, les deux principales puissances sont présentes pour soutenir l’une et l’autre partie. Elles se contentent aussi, quand une bavure militaire imputée à l’un des camps est de nature à heurter les sensibilités, de démentir les faits, ou d’en reconnaître la responsabilité par une excuse royale du genre « Toutes les mesures sont prises pour que de tels actes ne se reproduisent jamais plus ».    

A côté, l’Europe des 27, préoccupée par le besoin de construire son unité toujours un peu tendue, de polir sa gouvernance commune, réduire les déficits budgétaires et compétir à l’international, ne se semble pas convertie à se poser en force d’équilibre entre Washington et Moscou. Même en sonnant l’alarme diplomatique comme auraient fait les pays non-alignés sous la guerre froide. Simplement parce que dans ce jeu d’intérêt, elle ne semble pas tout-à-fait absente non plus.

D’elle se détache néanmoins la France, qui n’a de cesse, ces derniers mois, d’appeler les nations du monde à traiter les questions communes par le dialogue et faire du multilatéralisme une source de stabilité pour tous les Etats. La France, mais aussi l’Allemagne. Par la voix de leurs dirigeants, Emmanuel Macron et Angela Merkel, les deux pays l’ont encore affirmé au récent Forum économique mondial de Davos en Suisse.  

Puis, l’ONU. La puissance diplomatique mondiale est fragilisée par l’effronterie de certains de ses membres qui se vantent de l’avoir enfantée, de la nourrir par bols de lait entiers, de la porter à bout de bras depuis soixante-treize ans. Cela est suffisant, à leurs yeux, pour qu’elle les laisse tranquilles, ou toutefois de ne s’occuper que de conflits éclatés dans les régions où leurs intérêts ne sont pas en jeu dans les mêmes proportions qu’ailleurs.

Ce qui est le cas, si on voit bien, des guerres civiles qui déchirent l’Afrique. Et qui laisse dire que si les Africains eux-mêmes ne font pas preuve de responsabilité pour les régler entre eux, ils en récolteront la pire prime : vivre éternellement la main tendue vers l’extérieur, vers les Grandes puissances, qui, comme on le voit, ont des labeurs bien plus sérieux que ces appels du pied à l’aide multiforme lancés d’Afrique tous les jours que Dieu fait.

Gankama N'Siah

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