Évènement : le Festival sur le Niger retrouve sa scène flottante !

Vendredi 9 Février 2018 - 18:30

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La décision d'organiser la 14e édition de la manifestation n’avait pas été facile à prendre. Le bateau-scène, ce célèbre plateau flottant, référence du Festival, l'unique au monde qui attire la foule et charme les artistes, était à quai depuis l’édition 2015 pour des raisons sécuritaires. Deux éditions durant, la manifestation a dû déménager sur la terre ferme, entraînant une chute considérable du nombre de visiteurs.

Les organisateurs craignaient que la grande foule dansant et chantant ne soit une cible trop facile pour les djihadistes. Ségou étant un carrefour entre le sud et le nord (le nord devient de plus en plus une zone de "non-droit"). Avec beaucoup de réfections et grâce à un massif soutien de l’État et de l'armée malienne, les organisateurs ont réussi à faire revenir le bateau-scène aux berges de Ségou. La nouvelle a enchanté les fidèles du festival.

Le pari gagné

Cette édition a battu tous les records du nombre de visiteurs. quarante-cinq mille sont venus de toutes les villes du Mali et de l'étranger, sur les berges du fleuve Niger pour célébrer le retour du plateau magique qui hypnotise la foule, notamment les jeunes souvent âgés de 16-25 ans qui échappent, le temps du week-end, à la surveillance parentale pour se défouler toute la nuit. D'abord au concert et ensuite dans la boîte de nuit du festival en plein air.

Au cours des quatorze éditions, le Festival a transformé la ville de Ségou avec plusieurs édifices, en style soudano-sahélien en banco rouge, qui ont été construites: le quai des arts, la maison de l'association des femmes qui produisent le bogolan et les pagnes tissés, le centre culturel Koré.

La fondation du Festival a donné à la ville un monument à l’honneur d'un fils de Ségou, en la personne du musicien Bazoumana Cissoko, conçu par le sculpteur burkinabé Siriki Ky.

Aussi, grâce à une programmation ouverte au monde du Festival et au centre culturel Koré ouvert toute l'année, le public a appris à apprécier les cultures venues d'ailleurs. « Au cours des premières années du festival, le public n'a réclamé que des stars maliennes. Il connaît toutes les paroles de Salif Keita, Oumou Sangaré, Habib Koité, Amadou et Miriame ainsi que plusieurs autres, par cœur. Ils chantent ensemble lors des concerts. Mais cette année, j'ai particulièrement été étonné par l’accueil de ce même public qui reprenait très rapidement les mélodies et paroles des artistes parfaitement inconnus au Mali, à l'instar de la légende de la musique africaine, Oliver Mtukudzi du Zimbabwe, qui vient de lancer son 67e album à l'âge de 65 ans ! », confie Mamou Daffé, directeur du festival.

Du "feu" sur les berges du fleuve Niger

Le jeune chanteur cap-verdien, jusque-là parfaitement inconnu au Mali, Carlos Lopes, a également trouvé un accueil chaleureux à Ségou. Le public a pu découvrir son dernier album, "Kanta pa Skece" dans lequel l’artiste savoure la magie de sa langue natale, le créole.

Celui qui a quitté l’île de Santiago, de l’archipel de Cap-Vert à l’âge de 10 ans, a grandi en France, fait des études de musique et chant classique au Conservatoire de Nice. Très vite, il s’est orienté vers le RnB, chantant en anglais et français car il espérait développer sa carrière en Europe. « La chanson "Mamaï " - la grande mère - a dormi au plus profond de moi puis est sortie comme un cri de l’âme! Là, j'ai compris que je devais chanter dans ma langue natale – le créole de Santiago... », explique l’artiste.

Autres artistes également présents cette année, Hoba Hoba Spirit,  les rebelles de Casablanca, connus de par le monde loin des frontières du Maroc mais inconnus à Ségou. Ces derniers ont magistralement mis le feu sur les berges du fleuve Niger. Selon Reda Allali, leader du groupe Hoba Hoba Spirit, « le public africain est chaud comme chez nous au Maroc ! Pour nous, venir au Mali, c'est comme visiter nos voisins, voir la famille ! On regrette beaucoup de plus tourner en occident qu'au Sénégal, Niger ou au Burkina ! »

Enfin, la Camerounaise Kareyce Fotso a été agréablement surprise de découvrir le Mali sur le plateau de Ségou. « Je m'attendais à une jeunesse passive, en recule à cause de la crise qui déchire ce pays. Mais j'ai trouvé une jeunesse qui n'a demandé qu'une seule chose : s'amuser ! Pour moi, c'est une victoire de la musique sur la peur ! On s'est dit "on s'en fout" !!! », témoigne-t-elle.

 

Sasha Gankin

Légendes et crédits photo : 

Photo: Salif Keïta et Cheick Tidiane Seck Photo 2: Le public du festival Photo 3: Le chanteur cap-verdien, Carlos Lopes Photo 4: La Camerounaise Kareyce Fotso sur la scène flottante du festival sur le Niger Crédits photo: Sasha Gankin

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