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Les artistes africains d'hier et d'aujourd'hui s'exposent en Martinique.

Lundi 5 Mars 2018 - 14:55

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Jusqu'au 6 mai, la Fondation Clément accueille en Martinique la Fondation Dapper de Paris pour une exposition dénommée « Afriques, artistes d'hier et d'aujourd'hui », et cela peut être considéré comme un rendez-vous historique.

L’île n’avait pas vécu un tel événement artistique depuis les échanges entre les illustres défunts Senghor et Césaire du temps du Musée dynamique de Dakar créé, inauguré et mis en service en 1966 par Senghor, pour les besoins du Premier festival mondial des Arts nègres.

La fondation Clément, par le biais de son président et de son mécène, permet ainsi de voir, entre les murs du centre d’art contemporain, (classé monument historique), les trésors de la collection Dapper.

Il faut rappeler que le musée parisien a temporairement fermé ses portes depuis juin dernier, faute de financements en espérant cependant pouvoir se concentrer sur ses activités hors de ses murs, notamment au Sénégal et dans les Caraïbes. C’est chose faite, car le musée dédié aux arts africains subsahariens, caribéens, afro-américains et métisses d'Europe, d'Amérique latine et de l'Océan indien s’ouvre le temps d’une expo, pour permettre aux pièces collectionnées d’être vues ailleurs dans le monde et particulièrement en Afrique et aux Caraïbes.

Nouvelle étape donc pour la Fondation Dapper, qui révèle jusqu’au 6 mai 2018 deux trames qui se succèdent et dialoguent secrètement : les œuvres de l’Afrique d’hier, sculptures, masques et objets, et les œuvres de 17 artistes contemporains, issus du même continent et de ses diasporas.

Le public qui a adoré s’y est précipité massivement dès le vernissage du 20 janvier avec plus de 3 000 personnes pour découvrir des pièces qui racontent aux Antilles le passé continental.

Si l’on s’extasie à souhait sous vitrine des pièces exceptionnelles authentiques rescénarisées qui ont servi pour des cérémonies, l’on déplorera néanmoins l’absence de certaines pièces rares qui, hélas ont été prêtées au musée du Quai Branly pour une autre exposition, « les forêts natales ».

La sublissime expo s’ouvre ainsi sur la « présence des esprits », et des statuettes, masques, figures de reliquaires d’Afrique centrale, une vitrine d’objets en or de toute splendeur, une autre salle met en relief les arts variés d’Afrique de l’Ouest dévoilés par un cavalier dogon du XVIe siècle et des masques puissants, et yoruba.

Et l’histoire ne s’arrête nullement là car en descendant ensuite un escalier sur de grands pans de mur jaune, l’on peut faire connaissance avec les créateurs contemporains du continent et la statue d’Ousmane Sow, de Toussaint Louverture, ce descendant d'esclaves noirs, qui joua un rôle historique de premier plan en tant que chef de la Révolution haïtienne et grande figure des mouvements anticolonialiste, abolitionniste et d'émancipation des Noirs. Parmi les contemporains, on peut citer, entre autres, Omar Victor Diop, Malala Andrialavidrazana, Omar Ba et Soly Cissé.

Il y a également les créations humoristiques des célèbres Chéri Samba et Samuel Fosso, mais aussi Cyprien Tokudagba du Bénin et l’hommage à la femme du sculpteur Freddy Tsimba.

Des photos de Nyaba Léon Oudraogo nous édifient sur les rites ancestraux au Congo, qui semblent dialoguer avec les personnages en souffrance de Barthelemy Togo, dont les superbes aquarelles appellent à la purification.

Pour être mieux édifier sur ce florilège d’ouvrages exceptionnels, les visiteurs peuvent se rendre à la bibliothèque de la fondation, extrêmement riche et recélant d’archives privées sur l’histoire de la Martinique, de généalogie, botanique, sociologie, etc.

Il est à retenir que cette centième exposition de la Fondation Clément marquera l’histoire culturelle de la Martinique, qui se retrouve assurément sur ce site surchargé d’histoire.

Au sortir, la visite se poursuit dans les jardins de l’habitation (qui reçoit 100 000 visiteurs par an) promenade ponctuée par des œuvres d’art contemporain qui y sont installées. Et tout au long de l’exposition « Afriques », au pluriel, on l’aura noté, conférences, rencontres, projections vous accompagnent.

L’on s’accorde pour reconnaître que jamais la Martinique, sinon les Caraïbes, n’ont auparavant accueilli une manifestation de cette envergure.

 

Ferréol Patrick Gassackys

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Édition Quotidienne (DB)

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