Initiative mondiale sur les tourbières: la troisième réunion accouche de la « Déclaration de Brazzaville »

Samedi 24 Mars 2018 - 19:30

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Le texte réaffirme, entre autres, la volonté des participants de  préserver le droit des communautés locales à l’utilisation des ressources naturelles présentes dans les zones couvertes par les tourbières, au maintien de leurs usages traditionnels et de la mise en œuvre du principe de consentement libre.

Les ministres du Tourisme et de l’environnement de la République du Congo, Arlette Soudan-Nonault, de l’Environnement et du développement durable de la République démocratique du Congo (RDC), le Dr Amy Ambatobe Nyongolo, ainsi que de l’Environnement et des forêts de l’Indonésie, Siti Nurbaya, dont les pays sont couverts par de vastes étendues de tourbières, réunis à Brazzaville avec l’appui de l’ONU-Environnement, ont examiné les défis et trouvé des solutions liées à la conservation, la restauration et à la gestion durable des tourbières de la Cuvette centrale.

Dans une déclaration dite de Brazzaville, lue par la ministre Arlette Soudan-Nonault, ces ministres ont réaffirmé leur volonté de préserver le droit des communautés locales à l’utilisation des ressources naturelles présentes dans les zones couvertes par les tourbières, au maintien de leurs usages traditionnels et de la mise en œuvre du principe de consentement libre. Ils ont également réaffirmé leur volonté de continuer à faire de la lutte contre les changements climatiques et pour la promotion d’un développement inclusif et durable une haute priorité, en vue d'une conformité à la Convention de Ramsar, l’Accord de Paris ; aux objectifs de développement durable (ODD) ; à l’agenda 2030 des Nations unies ; l’agenda 2063 de l’Union africaine et la Déclaration de Marrakech des chefs d’Etat et de gouvernement africains de l’action en faveur d’une co-émergence du continent.

Onze engagements adoptés

Les ministres se sont engagés à mettre en œuvre une coordination et une coopération entre différents secteurs gouvernementaux, afin de protéger les avantages fournis par les écosystèmes de tourbières. A cet effet, leurs pays s’engagent à mettre en place des cadres nationaux multisectoriels et multidisciplinaires pour assurer la gestion des tourbières de la Cuvette centrale du Bassin du Congo ; mettre en place et finaliser les plans d’affectation de terres qui favorisent la conservation, la protection des tourbières et préviennent leur drainage ainsi que leur assèchement. Il est annoncé la mise en place d’un accord de collaboration transfrontalière afin de préserver l’avenir de ces précieuses tourbières naturelles et de leurs services écosystémiques, avec la participation des communautés et des parties prenantes locales. Les ministres ont aussi convenu d'œuvrer pour le développement et la promotion d’un modèle d’aménagement de territoire favorable à la gestion durable des tourbières et au développement économique des territoires riverains du Lac Télé et du Lac Tumba. Un autre engagement a été pris pour la transformation de la croissance des économies de la zone Lac Télé/Lac Tumba afin d’assurer un développement inclusif et durable de manière à éradiquer la pauvreté extrême, et améliorer le bien-être de la population riveraine en activant tous les leviers humains, financiers, techniques, technologiques et les opportunités offertes par l’économie verte et l’économie bleue.

Les ministres de l’Environnement se sont engagés aussi à agir sans délai, avec l’appui de la Banque africaine de développement (BAD), pour l’investissement durable compatible avec la conservation et le développement durable de la zone Lac Télé/ Lac Tumba, en vue de favoriser et d’attirer les partenariats privés ; encourager les plans d’investissement Climat de la République du Congo, les projets et programmes de toutes les parties prenantes pour concilier la lutte contre les changements climatiques et un développement économique inclusif et durable ; agir sans délai pour développer une diplomatie ambitieuse et un marketing agressif des tourbières de la Cuvette congolaise dans le Bassin du Congo en vue de faire connaître en Afrique et au-delà les enjeux socio-économiques et écologiques de ces zones humides particulières ; œuvrer pour accélérer l’opérationnalisation du Fonds bleu pour le Bassin du Congo et le Fonds pour l’économie verte en Afrique centrale afin de financer les programmes et les projets socio-économiques et écologiques dans les zones des Lac Télé/ Lac Tumba, avec l’appui de la BAD et la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale.

Ils se sont engagés aussi à : promouvoir de bonnes pratiques de gestion durable dans les zones de tourbières couvertes par des activités économiques, afin qu’elles soient gérées de manière durable et judicieuse sur le plan climatique, c’est-à-dire de façon à ce qu’elles ne soient ni drainées, ni asséchées ; œuvrer sans délai pour la mise en place d’un observatoire pour la collecte, la veille et la diffusion des données à multiples usages par les décideurs, les scientifiques, les journalistes et toutes les autres parties prenantes intéressées par les enjeux des tourbières de la Cuvette congolaise ; œuvrer sans délai pour la création d’un centre d’excellence de formation, de recherche et d’innovation ainsi que des centres de formation intermédiaires qualifiantes afin de développer un capital en ressources humaines compétentes et de qualité, destiné au développement et à la promotion de l’éco-économie des tourbières de Lac Télé et Lac Tumba.

Des appels à la communauté internationale

Les ministres de l’Environnement ont lancé un appel à la communauté internationale, dont l’ONU-Environnement, à travers l’initiative mondiale sur les tourbières, à apporter leurs appuis aux deux Congo dans le processus de la gestion durable des tourbières ; à financer les programmes de recherche qui permettent de mieux connaître l’état et l’étendue des tourbières, à mieux comprendre la contribution des tourbières aux flux de gaz à effet de serre ; à mieux apprécier les coûts et les avantages de la restauration des services écosystémiques des tourbières ainsi que les coûts d’opportunité d’une approche attentiste ou relevant du statu quo.

Ils ont aussi lancé un appel solennel aux bailleurs de fonds pour la mise à disposition des ressources adéquates au bénéfice des pays concernés, en vue de mener une action climatique solide- en faveur de la population et de la planète, comme l’indique le thème général de la 3e réunion de l’Initiative mondiale sur les tourbières. Les ministres ont, en outre, demandé aux partenaires techniques et financiers d'accompagner les deux Congo dans leur réflexion, en vue de faciliter l’émergence d’un marché innovateur, où les investisseurs privés, motivés par la responsabilité sociale d’entreprise, ont l’assurance que leurs investissements dans la conservation et la restauration des tourbières produiront des retombées positives et vérifiables pour le climat, conformément aux estimations réalisées par un organisme de validation et de vérification indépendant.

Les ministres ont appelé la communauté internationale à réexaminer les mécanismes internationaux en cours, tels que le cadre des contributions déterminées au niveau national, le programme Reed+ et les mesures d’atténuation appropriées au niveau national adoptées au titre de la Cnucc, pour une intégration de politiques responsables en faveur des tourbières. Ils ont appelé l’ensemble des grands bailleurs de fonds à apporter leur soutien au Fonds bleu pour le Bassin du Congo et au Fonds pour l’économie verte en Afrique centrale, destinés à financer les initiatives nationales et sous régionales pour concilier la lutte contre les changements climatiques, le développement économique, le développement du secteur privé, la création d’emplois et l’amélioration des conditions de vie des populations.

Enfin, ils ont félicité la République d’Indonésie et la République du Pérou pour leurs offres de connaissances, leurs outils de gestion et les leçons apprises dans la gestion des tourbières, et attendent avec intérêt une intensification de la coopération sud-sud.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Les trois ministres de l'Environnement signant la Déclaration de Brazzaville (crédit photo Christlawilla) Photo 2 : Satisfecit des ministres après la signature du document (crédit photo Christlawilla)

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