Chronique : mangeons des insectes pour sauver la planète

Vendredi 13 Avril 2018 - 13:15

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Bientôt, quand nous nous rendrons dans nos restaurants préférés, nous ne serons plus surpris de voir sur les cartes de menu, nous être proposé aussi bien des assiettes de gambas que des plats de chenilles sautées ou des verrines de criquets grillés à l’huile d’olive. Car la consommation d’insectes comestibles, bien que faisant partie des habitudes alimentaires de la population africaine depuis toujours, devient aujourd’hui une question cruciale pour les organismes internationaux dans leur combat pour lutter contre la famine et la malnutrition dans le monde.

L’un des projets importants lancés par la FAO, l’agence des Nations unies qui s’occupe de l’alimentation mondiale, incite fortement les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) à développer la filière des insectes comestibles. Selon un document faisant référence à ce projet, les vers de farine, certaines larves et d’autres espèces d’insectes sont d’excellentes alternatives pour lutter contre la faim en l’absence d’autres aliments.

Les experts travaillant pour cette institution ont exhorté la population de tout bord à se lancer dans le développement et la commercialisation des insectes pour une raison simple : compte tenu des avantages qu’ils représentent pour l’environnement et pour la santé humaine. La teneur en vitamines et en protéines des insectes comestibles est telle que promouvoir leur consommation dans certaines régions d’Afrique a un sens réel dont le but est de réduire la malnutrition, notamment celle des enfants. L’étude de la FAO révèle que dans plusieurs pays africains, la plupart des gens mangent des chenilles et des insectes régulièrement. Ils font partie de l’alimentation de base de plus de deux milliards et demi d’êtres humains sur la planète.

Dans notre pays, chez les ensembles ethniques comme les Mbochis, les Tékés ou les Kongo, manger des insectes est une vieille tradition. Les chenilles, par exemple, sous toutes leurs formes, sont favorablement appréciées par les Congolais.

De nombreuses études montrent que les insectes sont non seulement bons pour la santé car ils contiennent des protéines, du calcium, du fer et peu de graisses, mais aussi bon pour l’environnement parce que leur élevage ne requiert pas beaucoup d’espace et de ressources alimentaires. Avec la hausse constante du prix des denrées alimentaires et les critiques récurrentes de l’élevage intensif, les vertus des insectes ne sont plus à démontrer et plusieurs pays les ont intégrés dans leur programme alimentaire.

Tout d’abord, l’élevage d’insectes requiert proportionnellement beaucoup moins de nourriture animale que l’élevage de bovins ou de volailles. En d’autres termes, il faut, par exemple, 8 à 10 kg de végétaux pour qu’un veau grossisse d’un kg alors que  2 kg de végétaux sont suffisants pour obtenir un kilogramme d’insectes.

Selon les estimations des chercheurs, les insectes consommeraient également peu d’eau. Un avantage considérable sachant que la production d'un kg de bœuf requiert, par exemple, 22 000 litres d’eau.

Autre point positif des insectes : leur élevage n’entraîne que peu d’émissions. L’élevage du bétail est, en effet, souvent critiqué pour son impact sur le réchauffement climatique. Il contribuerait à environ 18 % des émissions de gaz à effet de serre. C’est plus que le secteur des transports. Les insectes tels que le ver de farine ou le criquet en émettent beaucoup moins. Et seuls les cafards, les termites et les scarabées rejettent du méthane, un gaz qui contribue largement au réchauffement climatique et qui est largement rejeté par l’élevage du bétail.

De plus, les insectes peuvent être élevés à partir de sous-produits organiques. En d’autres termes, il n’est pas nécessaire de cultiver des terres dans le but de les nourrir puisque leur alimentation peut être composée de fumier ou autres déchets issus de l’agroalimentaire. Ce qui a pour autre conséquence de réduire la masse de déchets produits. Vous l’avez compris, la consommation d’insectes est une question cruciale pour la sauvegarde de notre planète et de notre environnement. À vos assiettes et bon appétit !

Boris Kharl Ebaka

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