Salon du livre de Genève : trois questions à Isabelle Falconnier

Samedi 14 Avril 2018 - 16:51

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La présidente de la manifestation littéraire, prévue du 25 au 29 avril, explique comment depuis 2011, elle organise, fait vivre et diffuse l’esprit unique de foire culturelle rassembleuse et intergénérationnelle, tout en le développant et l’adaptant aux goûts du public et aux exigences nouvelles des exposants.

Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : Sept ans après, pourriez-vous nous parler de votre présidence ?

Isabelle Falconnier (I.F.) : J’aime passionnément ce rôle. Je suis une médiatrice, une passeuse, j’encourage la pratique de la lecture, de l’écriture également, et présider le Salon du livre de Genève me permet de le faire à une échelle importante et intéressante. Chaque année qui passe me conforte dans la certitude qu’heureusement, on ne se débarrassera pas de sitôt du livre, que le monde de l’écrit mène à tout et que tout mène à l’écrit, que l’on parle de papier, de numérique ou de tout autre support. En tant que présidente, ma mission est de nouer des liens avec les éditeurs et les auteurs, de programmer les différentes scènes du salon du livre, d’imaginer des expositions en lien avec le monde littéraire, puis de donner envie au public de tous âges de venir rencontrer les auteurs et participer aux multiples activités proposées durant les cinq jours du Salon du livre de Genève. C’est un monde dynamique, créatif, inspirant, dont l’économie est parfois difficile, aléatoire et précaire, mais qui sait se renouveler et chercher des solutions pour répondre aux impératifs structurels tout en restant pertinent et attractif pour les lecteurs. En sept éditions du Salon, j’ai rencontré beaucoup de personnalités étonnantes, incroyables, émouvantes, brillantes et drôles, qui m’ont marquée et qui ont marqué tous les lecteurs qui les ont rencontrées. Je pense à des hommes et des femmes comme Mathieu Ricard, Paulo Coelho, Kamel Daoud, Douglas Kennedy, Malek Chebel, Marie Laberge, Alain Mabanckou, Henri Lopes, Tahar Ben Jelloun, Frédéric Lenoir ou le poète et chanteur Grand Corps Malade…

L.D.B. : Comment parvenez-vous à maintenir l’attractivité de Genève littéraire dans le giron francophone ?

I.F. : La Francophonie du livre est d’une vitalité et d’une richesse remarquables : que de langues françaises, que d’éditeurs dans tous les domaines, que d’auteurs aux personnalités méritant une large reconnaissance ! Genève, ville internationale à l’histoire culturelle unique, est au cœur de cette francophonie : la Suisse romande parle et lit en français mais n’est pas ni Paris, ni en France.  Du coup, nous nous sentons proches et sommes en liens étroits avec les scènes éditoriales du Québec, de l’Afrique francophone, de Wallonie-Bruxelles, par exemple. Nous comprenons les enjeux qui sont les leurs et pouvons proposer aux acteurs du livre de ces régions et pays un événement pertinent, adéquat, utile. Le Salon du livre de Genève tient sa spécificité de cet accent francophone fort et de son modèle de manifestation : nous sommes à la fois un salon du livre, le seul de Suisse à proposer aux éditeurs, collectifs d’éditeurs ou diffuseurs, de présenter leurs activités directement au grand public qui est le nôtre, et un festival, avec plusieurs centaines d’auteur(e)s invité(e)s chaque année à intervenir sur les scènes du salon du livre. Des scènes thématiques que nous avons créées en pionnier, il y a presque dix ans, et dédiées tout autant à la bande dessinée, qu’à la cuisine, à la philosophie, au développement personnel et la santé, à la jeunesse, au polar, au voyage, à la littérature Young Adult et Romance, etc. Et puis, le public du Salon du livre de Genève, un public suisse et français, est extrêmement large, de tous âges, de tous milieux, et a pour lien son amour inconditionnel du livre et des auteurs, avec l’envie de les rencontrer, de découvrir, d’acheter leurs ouvrages. C’est précieux !

L.D.B. : Quels genres de littératures, romans ou auteurs votre regard de critique littéraire vous porte-il à recommander plus particulièrement aux lecteurs ?

I.F. : Nous avons tous rencontré un livre qui a changé notre vie. Si ce n’est pas encore le cas, il nous attend quelque part, dans un salon du livre, celui de Genève peut-être ! Aucun lecteur ne ressentira un livre de la même manière que son voisin. Votre propre femme, ou mari, peut détester le livre que vous avez personnellement adoré ! J’admire les auteurs qui créent leur propre univers et savent mêler, dans le même livre, une belle langue, un rythme narratif fluide, une histoire forte, des personnages originaux et émouvants, un esprit romanesque puissant et entraînant. Dans les contemporains, je pense à des anglo-saxons comme Richard Ford, Paul Auster, Louise Erdrich, Alice Munro, Charles Frazier ou Joyce Carol Oates. Et aux francophones Nancy Huston, Dany Laferrière, JMG Le Clézio, Aminata Sow Fall, Michel Tremblay, Alice Ferney, Philippe Djian, Scholastique Mukasonga, Erik Orsenna ou Jean-Christophe Rufin…

 

Propos recueillis par échange de courriels par Marie Alfred Ng

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