Cuba : la fin de l’ère Castro, un moment de tous les espoirs

Lundi 16 Avril 2018 - 13:30

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Après le règne de Fidel Castro, décédé en 2016, suivi de son frère Raul, qui a mené une timide ouverture économique, l’actuel président cubain passera le témoin le 19 avril, probablement à Miguel Diaz-Canel, le numéro 2 du régime. Un passage de témoin historique qui alimente beaucoup de débats dans la grande île caribéenne et ailleurs.

En sa qualité de premier vice-président, Miguel Diaz-Canel, 57 ans, devrait donc présider aux destinées du Conseil d’Etat, l’organe exécutif cubain, même si l’identité de l’héritier des Castro n’a pas encore été confirmée. En attendant ce qui va se passer, les Cubains rêvent déjà d’un pays où il y aura la démocratie pluraliste, la libéralisation de l’économie, avec le développement de l’entrepreneuriat privé ainsi que la possibilité de donner aux jeunes de jouer un rôle majeur dans les instances de prise de décision. Le peuple s’impatiente de voir se réaliser l’assouplissement de l’embargo engagé par l’administration Obama, bloqué par son successeur Donald Trump, pour développer le tourisme américain et les échanges commerciaux.

C’est dans ce climat qu’une dissidence, en proie aux divisions et coupée de la population, se cherche un nouveau souffle dans le pays face à un régime vigilant qu’elle n’est jamais parvenue à inquiéter. « Il faut dépasser certaines de nos faiblesses en tant qu’opposition, et en même temps songer qu’il y a une transition au pouvoir que nous devons transformer en transition politique vers la démocratie », a confié Manuel Cuesta Morua, un des dissidents les plus en vue sur l’île. « L’époque de la rébellion totale contre les régimes d’oppression est révolue », a insisté ce militant de la minorité noire, ajoutant que « les printemps arabes ont prouvé qu’elles ne menaient pas obligatoirement à la démocratie ». Et prônant la voie institutionnelle ainsi que la participation des opposants aux élections, il a dit que cela va générer des changements « de l’intérieur », comme l’avait suggéré l’ancien président américain, Barack Obama, qu’il a rencontré à deux reprises.

Le directeur de l’Institut des recherches cubaines de l’université de Floride, Jorge Duany, estime, pour sa part, que les dissidents auront moins de chance d’être écoutés dans le pays. « Mais la dissidence paraît très fragmentée et dépourvue de possibilités d’intervenir dans le débat public sur l’île, étant donnée son exclusion des espaces médiatiques et des mécanismes de participation électorale », a-t-il argumenté. C’est aussi pour avoir reconnu qu’elle a reçu une aide de l’extérieur, notamment de Washington et des organisations de la Floride lui valant la qualification de « mercenaire », qu’une bonne partie de la dissidence est écartée par le gouvernement.

Plusieurs analystes pensent que la fin de l’ère Castro ne devrait pas marquer un réchauffement des relations avec les Etats-Unis tant que Donald Trump, tenant d’une ligne dure face au régime communiste, occupe la Maison-Blanche. Pourtant, après des décennies de guerre froide, Barack Obama et Raul Castro avaient annoncé, en décembre 2014, un rapprochement inattendu entre les anciens ennemis, puis la reprise officielle des relations diplomatiques. Deux ans plus tard, soit en 2016,  Washington et La Havane rouvraient leurs ambassades et le président américain était reçu dans la capitale cubaine pour une visite historique.

Malgré cela, le dégel a été de courte durée. Quand Donald Trump est arrivé au pouvoir, en janvier 2017, il a abrogé une série de dispositions prises par son prédécesseur qui avait assoupli l’embargo américain imposé depuis 1962 contre Cuba. Dans cette optique, les Etats-Unis ont annoncé, en mars dernier, la réduction durable de leur présence diplomatique à Cuba, notamment après que vingt-quatre diplomates ont subi des pertes d’audition ainsi que des troubles cognitifs et du sommeil. Depuis lors, la représentation diplomatique américaine à Cuba tourne avec un nombre très réduit d’employés et les activités consulaires ont été suspendues. 

 

Nestor N'Gampoula

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