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La Maison-Blanche et le 8 mai

Samedi 5 Mai 2018 - 19:45

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Contrairement à l’apaisement observé dans la péninsule coréenne ces jours derniers, qui fait bondir d’espoir plusieurs capitales du monde après un rapprochement spectaculaire, le 27 avril, entre les dirigeants du Nord et du Sud, l’attention de la communauté internationale pourrait changer d’axe à la fin de cette semaine. Pour se focaliser sur la déclaration, ou plutôt la décision que prendra le président des Etats-Unis au sujet de l’accord sur le nucléaire iranien. Donald Trump pourrait justement annoncer le retrait de son pays de cet accord qu’il a promis tout simplement de déchirer, répétant à plusieurs reprises que ce texte ne sert pas les intérêts de son pays.

Est-ce un signe qui ne trompe pas ? La tournée du tout-nouveau secrétaire d’Etat américain, Mike Pompéo, en Israël, en Jordanie et en Arabie saoudite, à la fin du mois dernier, a été perçue par les observateurs comme une démarche de Washington visant à préparer ses alliés à maintenir une pression maximale sur le régime iranien. Celui-ci a bien évidemment déjà averti qu’il n’y aura pas lieu à tenter une quelconque renégociation de cet accord arraché, faut-il le rappeler, au bout de dix années d’âpres tractations entre les parties.

Chez alliés américains de l’Union européenne, des voix s’élèvent pour que l’on ne donne pas un coup de pied de la fourmilière, dans la mesure où tout retour en arrière dans le dossier du nucléaire iranien signifierait la rupture avec fracas du fragile équilibre obtenu sur la question depuis trois ans. La France, comme l’Allemagne dont les deux dirigeants (Emmanuel Macron et Angela Merkel) ont été reçus, tour à tour, fin avril, à la Maison-Blanche par leur homologue américain n’ont pas caché leur préoccupation devant ce qui pourrait être un saut dans l’inconnu si les Etats-Unis se retirent de l’accord.

En raison de l’état désastreux à l’heure actuelle des relations entre l’Occident et la Russie, la voix de cette dernière n’a peut-être plus beaucoup de sonorité dans cette arène-là, mais l’on voit tout de même que la Fédération de Russie, comme l’Union européenne, plaide pour le maintien de l’accord avec l’Iran. On croit savoir aussi que l’Agence internationale pour l’énergie atomique, gendarme du monde en matière de contrôle des manipulations nucléaires, n’a pas jugé pertinentes les révélations des autorités israéliennes portées par le Premier ministre, Benjamin Netanyahou, sur l’intention de l’Iran de se doter coûte-que-coûte de l’arme nucléaire.

Il n’empêche, au regard de ce qui vient d’être écrit plus haut, qu’un véritable dialogue de sourds est engagé autour du nucléaire iranien. Il faut craindre, dans une telle situation de blocage, que le premier bruit que l’on entendra ne soit le fracas d’un obus lancé contre l’ennemi. Dès lors en effet qu’au sein de la région du golfe les lignes de fractures sont béantes entre l’Iran et ses voisins, notamment Israël et l’Arabie saoudite ; que les Etats-Unis se montrent menaçants à l’égard d’un régime des Ayatollâhs isolé mais en bons termes avec la Russie et la Turquie, le recours à la guerre n’est pas loin. Quelles en seront les conséquences éventuelles ? Sans doute le chaos partout. On voit bien, d’ailleurs, ce que sont devenus l’Afghanistan, la Syrie, la Libye et le Yémen parce que la confrontation a pris le dessus sur la concertation.

Gankama N'Siah

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