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Gaz à effet de serre

Samedi 16 Juin 2018 - 13:31

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On parle souvent de « gaz à effet de serre », de quoi s’agit-il exactement ? Quel est leur impact réel sur la planète ? L’Afrique est-elle réellement à l’abri de ce phénomène ? Voici autant de questions qui nous ont poussés à chercher à comprendre la portée des gaz à effet de serre sur l’environnement et sur le réchauffement climatique.
L’effet de serre est un phénomène naturel provoquant une élévation de la température à la surface de la planète. Indispensable à notre survie, ce fragile équilibre est menacé. Les activités humaines affectent la composition chimique de l’atmosphère et entraînent l’apparition d’un effet de serre additionnel, responsable en grande partie du changement climatique actuel.

Il existe un grand nombre de gaz à effet de serre naturellement présents dans l’atmosphère mais dont la concentration varie du fait des activités humaines. Leurs impacts sur le climat dépendent de leur capacité à absorber et émettre du rayonnement infrarouge, de leur concentration dans l’atmosphère et de leur durée de vie. La vapeur d’eau est responsable à elle seule de la majorité de l’effet de serre naturel. Elle a également un effet de rétroaction important sur le changement climatique : lorsque la température augmente, l’évaporation augmente et la quantité de vapeur d’eau relâchée dans l’atmosphère aussi, accélérant encore le réchauffement. Le dioxyde de carbone, ou CO2, dont la concentration peut augmenter du fait de processus naturels comme les éruptions volcaniques et les feux de forêts ou de brousse. Mais ce sont les activités humaines avec l’utilisation de carbone fossile comme le pétrole, le gaz naturel et charbon notamment pour l’industrie, le chauffage et les transports, ou encore la fabrication du ciment et les changements d’occupation des sols, qui sont responsables de l’essentiel de l’augmentation de sa concentration depuis des siècles. Le méthane est un gaz à effet de serre bien plus puissant que le CO2, mais moins concentré. Il est souvent lié aux processus de fermentation (marécages, décharges, digestion des ruminants, etc.).
Les gaz à effet de serre ont la particularité d’être pratiquement transparents au rayonnement solaire et opaques au rayonnement infrarouge émis par la terre.
Cinq pays sont responsables de la moitié des gaz à effet de serre émis sur la planète. Ces pays sont : Chine, États-Unis, Inde, Russie et Japon.

Dans ce combat pour la réduction des gaz à effet de serre, quelle est la place de l’Afrique ? Selon un rapport de l’Organisation des Nations unies publié en mars de cette année, l’Afrique, considérée à juste titre comme une victime des émissions de gaz à effet de serre produits par les pays industrialisés, voit une augmentation de ses propres émissions. Cette augmentation, d’après ce rapport, est le fait de l’importation des véhicules d’occasion. Il faut dire que le diesel commercialisé sur le continent produit fortement des gaz à effet de serre. Aussi une recommandation spéciale a-t-elle été faite à l’endroit des pays exportateurs que sont les Etats-Unis, les pays européens et le Japon afin qu’ils cessent de se débarrasser des véhicules dangereux et polluants, et commencent à aider les pays africains à effectuer leur transition vers des technologies propres et sûres. Si des mesures urgentes ne sont pas adoptées par les pays africains pour limiter les importations de ces véhicules, la situation risque de s’empirer dans les prochaines années. Déjà, l’exemple de deux des plus grands parcs automobiles du continent que sont le Nigeria et le Kenya est alarmant. La pollution de l’air est responsable de plus de soixante mille décès par an en Afrique et la question des carburants que commercialisent les grands négociants reste encore non élucidée.

Mais paradoxalement aussi une étude menée par des scientifiques a démontré que la hausse d’émissions de gaz à effet de serre était bénéfique pour l’Afrique. En effet, ces recherches réalisées par le directeur de la Recherche en climatologie et le chercheur principal du Centre national des sciences atmosphériques de l’Université de Reading (Royaume-Uni), ont démontré que l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre avait stimulé les précipitations dans le Sahel et diminué les effets dramatiques de la sécheresse. Les auteurs de l’étude affirment que la hausse continue des émissions de gaz à effet de serre était favorable pour le maintien et, potentiellement, l’amplification du niveau actuel des précipitations au Sahel, selon les modèles de projection de leur étude.

Ce qu’il faut retenir de tout cela, c’est que l’Afrique n’est responsable que de 3,8 % des émissions totales de gaz à effet de serre dans le monde. Une étude récente de la Banque mondiale sur le changement climatique révèle un scénario inquiétant pour l’Afrique. Un réchauffement de 2°C aurait des conséquences dramatiques sur l’agriculture et la production de nourriture en Afrique subsaharienne. Or, l’agriculture est le moyen de subsistance de 80 % de la population du continent.

 

Boris Kharl Ebaka

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Édition du Samedi (SA)

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