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Le sommet Poutine-Trump

Lundi 9 Juillet 2018 - 13:00

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Le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, et son homologue des Etats-Unis d’Amérique, Donald Trump, vont se rencontrer, le 16 juillet, à Helsinki, en Finlande. Une première entrevue officielle entre les héritiers respectifs de ce que furent, il y a de cela près de vingt ans, les deux centres névralgiques d’un monde alors marqué par la fissure Est-Ouest. Même si elle ne s’est pas totalement refermée, cette fissure qui ne saigne plus autant que sous la guerre froide continue de craqueler par endroits, donnant chaque fois des sueurs froides aux chancelleries des quatre coins de la Planète.

Lors de cette réunion évidemment importante, les deux « géants » auront-ils la grandeur d’aborder franchement les questions qui (les) fâchent et donner le signal du dégel dont le monde a besoin par les temps qui courent pour s’attaquer aux défis communs qui l’environnent ? Des observateurs avertis estiment que l’ordre du jour de cette rencontre tournera autour de la guerre syrienne, du conflit au Yémen et de la crise ukrainienne. Considérons que même si ces conflits externes dans lesquels leurs intérêts sont en jeu les préoccupent le vrai déclic se produira du moment qu’ils exprimeront leur volonté de taire leurs propres querelles.  

Pour qui a suivi la campagne de l’élection présidentielle américaine du 8 novembre 2016, les pronostics étaient qu’au regard de l’hostilité affichée par la candidate démocrate, Hillary Clinton, à l’égard de Moscou, la victoire du républicain Donald Trump serait du pain béni pour les dirigeants du Kremlin. On balançait que la Russie avait interféré au plus haut niveau dans cette élection en faveur du milliardaire américain et ce dernier, dans le genre de déclarations enjouées dont il a le secret, disait avoir de l’admiration pour le président russe. Jusqu’à ce que, finalement, l’administration Trump devienne un vrai cauchemar pour les relations entre la Maison-Blanche et le Kremlin. On se souvient encore de la vague de renvois dans leurs pays d’origine de diplomates américains et russes mais aussi de la surenchère verbale qui l’a accompagnée.

Au fond, la rencontre Trump-Poutine pourrait inaugurer une nouvelle ère entre Washington et Moscou. Visé par une justice tatillonne, qui tient à creuser dans les rumeurs d’influence russe dans la présidentielle américaine, et bien plus encore dans les soupçons de collusion entre ses équipes et des officiels russes, le président Donald Trump a peut-être joué le tout pour le tout afin de montrer aux yeux de l’opinion de son pays qu’il n’avait rien à se reprocher. Considère –t-il sans doute l’avoir suffisamment prouvé pour croire le moment venu de serrer la main de son homologue russe, présenté dans un mauvais jour aux Etats-Unis ? Comme lors du sommet avec le leader nord-coréen, Kim Jung Un, le 12 juin, à Singapour, on pourrait écouter le président américain, presque toujours le premier à tendre la main à ses interlocuteurs, saluer « une rencontre formidable » avec le chef du Kremlin.

Il restera à observer les suites de ce rendez-vous en Europe. Depuis l’éclatement de la crise ukrainienne en 2014 suivie de l’annexion de la Crimée par la Russie, l’Union européenne renouvelle ses sanctions contre Moscou. Le conflit syrien envenime davantage les relations entre les deux parties qui continuent néanmoins de coopérer sur le dossier du nucléaire iranien. Quand on sait, par ailleurs, que les Etats-Unis se sont retirés de l’accord conclu avec l’Iran, que ce dernier pays a des liens étroits avec la Russie, que l’Amérique a quelques problèmes « commerciaux » avec l’Europe, on a de la peine à fixer les horizons des relations internationales dans le moment présent. Attendons que le miracle se produise à Helsinki pour y voir un peu plus clair.

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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