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L'Eglise catholique au coeur du drame qui frappe l'Afrique centrale

Samedi 28 Juillet 2018 - 18:54

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Alors que se joue pour elle une partie décisive dans l'immense espace occupé au coeur de l'Afrique par le Bassin du Congo et la région des Grands Lacs, partie décisive en raison de l'importance de la communauté chrétienne qui y vit, il ne semble pas que l'Eglise catholique et, de façon plus générale, la communauté chrétienne dans toutes ses composantes aient pris à ce jour la juste mesure du défi auquel elles se trouvent confrontées.

Entendons-nous bien avant d'aller plus loin : cette remarque ne concerne évidemment pas les cardinaux, les évêques, les prêtres, les religieux, les simples croyants qui vivent dans cette partie de l'Afrique et qui ont conscience,  mieux que quiconque, du danger extrême qui les menace aujourd'hui. Elle est formulée à l'endroit des plus hautes autorités de l'Eglise qui observent le monde depuis la Cité du Vatican, à Rome, mais qui ne semblent pas avoir saisi l'ampleur du drame qui s'y prépare ou s'y déroule.     

Jugement erroné, diront les observateurs du Saint-Siège, puisque le pape François est venu récemment à Bangui afin de rassurer la communauté centrafricaine sur l'attention que porte l'Eglise à cette partie du monde. Sauf qu'à ce jour, le souverain pontife n'a toujours pas répondu à l'invitation qui lui était faite de venir à Kinshasa, capitale de la nation où vit la plus grande communauté chrétienne de la planète, et à Brazzaville où est installé le siège de la Conférence épiscopale d'Afrique centrale mais qui est aussi le point d’observation le plus sûr de l’Afrique centrale.

Certes il a envoyé son bras droit, le cardinal secrétaire d'Etat, Pietro Parolin, à Brazzaville, afin de s'informer sur  la situation qui règne en Afrique centrale et sur les menaces qui pèsent sur la communauté chrétienne dans cette région de l'Afrique, mais la visite  du chef de la diplomatie vaticane n'a été suivie d'aucun geste significatif du Vatican, contrairement à ce qu'en attendait la population concernée. Cela alors même que remontent vers  Rome, par différentes voies, des informations aussi précises qu'alarmantes sur ce qui se passe dans l'est de la République démocratique du Congo où les crimes se multiplient contre la communauté chrétienne en toute impunité.

La preuve nous en a été donnée récemment par le message de l'Assemblée épiscopale provinciale de Bukavu, au terme de sa session ordinaire qui venait de s'achever à Goma. Ce message, que nous avons relayé dans les colonnes de nos deux quotidiens, Le Courrier de Kinshasa et Les Dépêches de Brazzaville, exposait, preuves à l'appui,  les « inquiétudes » suivantes des évêques de cette partie de la RDC : "Tentatives de démembrement du Nord-Kivu", "Incurie générale dans la gestion de la chose publique", "Bradage des ressources naturelles du pays", "Asphyxie de l'économie par une fiscalité aberrante", "Terreur active ou passive contre la population comme mode de gestion  du pouvoir".

Avec, en guise de conclusion, cette phrase accablante à tous égards qui sonne comme un avertissement, comme un cri d'alarme sur les drames à venir : « Nous sommes en présence d'une classe politique tentée par le bradage de nos ressources, par l'incurie dans la gestion de notre  patrimoine commun, par la compromission avec des prédateurs externes qui nous dépouillent et nous asphyxient ». L'on ne saurait être plus clair !

Disons-le donc clairement, ce qui se prépare dans cette partie du Bassin du Congo est pire, bien pire que ce qui se passe aujourd'hui en Centrafrique et qui s’est passé hier au Rwanda.

L'appel à la raison des évêques du Nord Kivu sera-t-il entendu par celui et ceux auxquels il s'adresse sans, bien sûr, les nommer ?

 

Jean-Paul Pigasse

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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