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Ces oubliés et ces méconnus de l’histoire congolaise : Au secours !

Vendredi 3 Août 2018 - 12:48

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« Le Congo en sursis de dix-huit mois », titrait, lundi dernier, "Les Dépêches de Brazzaville", dans son numéro 3281, non sans agacement. « En effet, le Conseil d’administration (CA) de l’ITIE qui s’est réuni les 28 et 29 juin à Berlin, en Allemagne, a accordé une échéance supplémentaire au Congo pour lui permettre de satisfaire aux exigences concernant l’engagement de la société civile en lien au point 1.3 de la norme ITIE et la gouvernance du groupe multipartite ». […]

À mon avis, la seule exigence qui vaille, au-delà de cette sentence comminatoire, c’est celle de l’orthodoxie de la bonne gouvernance. Avec les années qui déroulent leur écheveau, j’ai l’impression que le Congo a du mal à intérioriser les règles élémentaires de bonne gestion qui lui aurait évité de passer régulièrement, depuis 1984 avec le FMI, sous les fourches caudines de moult organisations internationales. Révoltant !

Cette quasi mise sous tutelle du pays est inconvenante, parce qu’elle met à nu l’incapacité rédhibitoire du Congo à bien gérer son économie. Ce qui est paradoxal dans un pays qui compte quelques cadres, rares certes, à la compétence avérée. Ce sont ceux-là, en cette période de crise profonde, qui doivent être appelés à la rescousse de la République pour arrêter cette spirale du discrédit national. Nous avons perdu collectivement cette superbe qui faisait naguère du Congo, par ses performances économiques, un pays modèle. Nous avons, depuis, baissé pavillon. Ce qui implique un sursaut collectif. Au lieu de quoi nos politiciens, toutes tendances confondues, se vautrent dans des comptes d’apothicaire pour le pouvoir et rien que le pouvoir.

La semaine dernière, le FMI a presque renvoyé le Congo à ses chères études. Sous d’autres cieux, on aurait dit : « bon débarras ». En 1984, cette organisation avait déjà administré au Congo une thérapeutique de choc qui a failli l’emporter corps et biens. Heureusement, jamais le pays ne meurt. Le FMI est-elle l’unique porte de sortie du cul-de-sac dans lequel se trouve engagé le pays ? Non, à l’évidence. Il faut recourir aux réponses endogènes, elles existent. Il suffit d’être imaginatif. À ce sujet, c’est désormais un lieu commun de dire qu’en période de crise naissent des solutions innovantes. Elles ne sont pas l’effet de la poudre de perlimpinpin mais d’une extraordinaire ingéniosité et d’une démarche volontariste. Le gouvernement en est-il capable ? Rien n’est moins sûr ! 

Le pays exsangue attend d’être remis à flot. Il doute et voit prospérer des antivaleurs. La confiance entre le peuple et ses dirigeants s’est étiolée. Il faut la rétablir et dans les conditions aussi délicates, ce n’est pas gagné, tant le peuple attend de vrais signaux d’une volonté de rupture. En ces temps troublés par les conditions de vie précaires, les annonces déstabilisantes, il y a un grand intérêt pour le pouvoir à créer une nouvelle dynamique. Le pouvoir aujourd’hui est incarné par le chef de l’Etat. S’il avait le choix, il n’aurait pas choisi toutes ces contingences qui contrarient son action. Parmi celles-ci, une actualité morbide dominée par les morts du commissariat de Chacona qui tombent mal. Et ça, le président n’en avait pas besoin. Face à ces contingences s’impose, à lui, la nécessité d’agir sinon pour arrêter, du moins freiner la spirale actuelle. Il doit faire bouger les lignes.

À force d’empiler ces contingences de la vie, la situation risque de devenir vite incontrôlable et on ne sait quel diable pourrait en sortir. Président de la République, chef de l’Etat, quoiqu’en pensent certains esprits, Denis Sassou N’Guesso incarne la légalité républicaine. Et, en dépit de la profonde crise actuelle, il garde encore la main. À lui d’en user avec autorité pour faire des contraintes actuelles une source de restauration du cycle vertueux. Pour cela, les mots et l’attentisme ne suffisent plus. Il lui faut agir. Le pays doit changer de physionomie, rayer les traits hideux de la permissivité et du laxisme, à l’origine de nos désagréments actuels, qu’une « discrétion » hypocrite a du mal à masquer. Il faut que scintillent à nouveau dans ce pays la vertu, le sens de l’honneur et de la dignité. Aujourd’hui, la patrie tient entre les mains du président de la République. Cette période névralgique doit être sa période de véritable rupture.

Aujourd’hui, en effet, le président de la République est porteur d’une grande attente de changements, changements qui l’honoreraient, sans doute. Il est à la croisée des chemins et peut jouer, une nouvelle fois, le rôle de deus ex machina. Et voilà pourquoi, en tant qu’il faille réprimer la chienlit qui est partout dans la République, taraudée par le doute et l’absence de perspective joyeuse. La République qui commémore, cette année, ses 60 ans, dans une atmosphère funéraire. Au fond, dans le contexte actuel, pour ne pas tomber dans le troisième dessous, tout est question de courage politique. Comme dit plus haut, les atermoiements n’ont pas de place. « Les grandes choses sont accomplies par des hommes qui ne sentent pas l’impuissance de l’homme », pour parodier Paul Valery. Dissoudre toutes les institutions et repartir de zéro est la voie extrême qui pourrait peut-être justifier un gouvernement de transition et un dialogue inclusif. Les véritables héros ne sont pas toujours ceux que l’on croit.

Mfumu

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