Décrispation de la vie politique : des organisations de la société civile proposent une transition citoyenne

Mercredi 12 Septembre 2018 - 18:00

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Un collectif d'ONG a rejeté, le 12 septembre à Kinshasa à l'occasion d'une conférence de presse, le processus électoral en cours, estimant qu'en vue d’assainir l’espace public et d'organiser de meilleures élections, des personnes neutres doivent être nommées à la tête des institutions.  

Le Collectif d’actions de la société civile (Casc) a exigé que les politiques soient écartés du processus électoral pour laisser sa conduite aux personnes neutres, qui ne seront pas candidates aux prochaines élections. Il a exhorté le chef de l’Etat à se retirer du pouvoir pour favoriser la libération du processus électoral et sa mise en oeuvre avec de nouveaux acteurs à la tête des institutions.

Le Casc a invité tous les acteurs politiques de l’opposition à soutenir sa position de porter ce combat et de le rejoindre afin de sauver la nation du précipice. Le collectif appelle également à la mobilisation citoyenne générale et annonce des actions de grande envergure à partir du 19 septembre.

Un processus porteur d'irrégularités

Faisant le tour d’horizon du processus électoral, ce regroupement a regretté qu’après le retrait du président Joseph Kabila de la course à la présidentielle, le processus ne soit toujours pas libéré. « Le processus demeure porteur des irrégularités non correctionnelles avant la prétendue date des scrutins », a indiqué le Casc. Il a dit assister à un règlement de comptes personnels soit par le biais de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), soit par celui de la Cour constitutionnelle pour exclure certains challengers sérieux. Pour le Casc, le processus électoral en cours serait piloté par une Céni qui n’a d’indépendante que de nom, n’offrant aucune garantie pour son aboutissement heureux. Le Casc a soutenu qu'il est inadmissible de vouloir organiser les prochains scrutins en utilisant une machine à voter illégale, non reprise dans la loi électorale. « Ce matériel ne rencontre pas l’assentiment de toutes les parties prenantes et il est refusé par un nombre important de notre population et des observateurs sérieux », a souligné cette plate-forme d’ONG. Elle a argumenté que l’adaptation des électeurs à cette machine ne permettra pas la tenue des élections en un seul jour, conformément à la loi. Cette plate-forme est revenue sur l'exigence de la révision du fichier électoral, la situation des dix millions d’électeurs sans empreintes digitales qui ne peut, selon elle, garantir la confiance et l’apaisement au lendemain de la publication des résultats.

Non application des mesures de décrispation

Le Casc a fait également constater que depuis la signature, « dans la douleur », de l’Accord de la Saint-Sylvestre, toutes les mesures de décrispation ne sont pas mises en application. Les prisonniers politiques et d’opinion, a-t-il relevé, continuent de croupir dans les prisons, les poursuites judiciaires à l’encontre de certains politiques d’opposition sont fortement affermies. La plate-forme a, en outre, regretté « une vague d’invalidations injustes des sérieux challengers au poste de président de la République », affirmant: « Le pouvoir en place a utilisé la Céni et la Cour constitutionnelle pour exécuter ses intentions, avec des interprétations erronées des lois, afin de mettre hors course certains candidats ». Le Casc justifie sa position par la volonté de donner au pays des élections qui consolideront la démocratie, porteuse de développement. « On n’est pas pressé. En vue d’éviter d’amener le pays dans le chaos, la population n’a pas seulement besoin des élections mais elle veut des élections qui conduisent au changement, au développement », a expliqué Martin Milolo, membre d’une des organisations du Casc, pour balayer la crainte du dépassement de la date du 23 décembre. 

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Herman Mbuwa rendant publique la déclaration du Casc, encadré par Félix Lusikiya et Martin Milolo/ Adiac

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