Environnement : difficile cohabitation entre les primates et le palmier à huile

Lundi 1 Octobre 2018 - 11:53

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Une équipe internationale de chercheurs vient d’anticiper l’impact potentiel sur les primates de l’expansion de la culture du palmier à huile en Afrique.

L’Asie du sud-est (Indonésie, Malaisie) ne pourra probablement pas faire face à la hausse continue de la demande mondiale en huile de palme à des fins alimentaire (80 %), cosmétique (19 %) et énergétique (1 %). Aussi, certains pensent à une expansion des plantations de palmiers à huile en Afrique. 
Le continent dispose d’écosystèmes tropicaux de basse altitude adaptés à la culture du palmier à huile, offrant ainsi une opportunité de revenus pour les États (Congo, Centrafrique, Cameroun), les industriels et les petits producteurs. Une équipe internationale d’écologues et de primatologues (français, italiens, anglais et colombiens) a cherché à prévoir l’impact potentiel d’une expansion des surfaces consacrées à cette culture sur les primates, principalement le gorille, le chimpanzé et le bonobo.
Ils ont identifié des ''zones de compromis" où la culture du palmier à huile serait la plus productive, tout en ayant un faible impact sur les primates. Ils concluent que de telles zones sont rares sur le continent africain et vont seulement couvrir de 0,13 à 3,3 millions d’hectares sur les 273 millions d'hectares de terre qui pourraient être cultivés en Afrique, avec une utilisation raisonnée d’engrais et de pesticides.
Seuls 3,3 millions d’hectares auraient un faible impact sur les primates
"En croisant ces chiffres avec les données de vulnérabilité des primates, la culture du palmier à huile ne serait possible, avec un faible impact sur les primates, que sur 3,3 Mha, soit 6,2 % de la demande en huile de palme estimée en 2050", indique Ghislain Vieilledent, écologue au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) et co-auteur de l’étude.
Des solutions pour aider à diminuer l’impact du palmier à huile
"Pour conserver la biodiversité africaine, des solutions existent", précise l’écologue. "L’une d’elles pourrait être d’augmenter les rendements des plantations actuelles avec des semences sélectionnées sur le rendement en huile et l’adoption de meilleures pratiques agricoles", souligne le rapport.
L’autre solution réside dans la diminution de la demande future en huile de palme dans les pays du Nord, à travers une consommation plus responsable et la recherche d’alternatives au biodiesel, 75 % de l’huile de palme actuellement importée en France étant incorporée dans le carburant diesel. Mais compte tenu de la croissance démographique attendue sur le continent africain dans les trente prochaines années qui va s’accompagner d’une augmentation de la consommation alimentaire, l’effet attendu risque d’être limité.

 

Noël Ndong

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