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Et la Francophonie s’adapta…

Samedi 13 Octobre 2018 - 19:14

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Ne nous posons pas la question de savoir si les nombreux pays qui ont la langue française en partage n’auraient pas mieux fait, il y a quatre ans, de porter un Africain ou une Africaine à la tête de leur communauté comme le leur conseillaient nombre d’observateurs de la Francophonie. Réjouissons-nous, en revanche, qu’ils aient fait cette fois le bon choix lors du Sommet d’Erevan qui vient de s’achever, ceci étant écrit non pour accabler la secrétaire générale de l’OIF sortante, la Canadienne Michaëlle Jean, qui a bien accompli la tâche qui était confiée, mais pour saluer l’arrivée de la Rwandaise Louise Mushikiwabo, dont on peut être certain que l’élection fera très vite bouger les lignes d’une institution qui s’alourdissait dangereusement au fil des années.

Ce jugement, qui paraîtra certainement prématuré à certains, repose sur le constat simple et évident selon lequel l’Afrique est devenue incontournable sur tous les plans en raison de son dynamisme humain qui n’a pas d’équivalent sur les autres continents. Avec à échéance de trente ans une population qui représentera le quart de l’humanité, des ressources naturelles immenses et encore très largement inexploitées, une diversité culturelle d’autant plus forte qu’elle repose sur le respect des us et coutumes hérités du passé, le continent est appelé à jouer un rôle de plus en plus important dans l’évolution de l’espèce humaine. Ce qui explique, soit dit en passant, l’attention croissante que lui portent désormais toutes les grandes puissances et pas seulement la Chine.

Le problème que va devoir résoudre la nouvelle secrétaire générale de l’OIF sera précisément de faire comprendre à tous les pays ayant la langue française en partage que la Francophonie doit enfin donner à l’Afrique et aux Africains la place qui leur revient de droit étant donné ce qui précède. Une prise de conscience générale qui ne sera certainement pas facile à générer en dépit des apparences, tant est pesante, peu réactive, centrée sur l’Occident, la machine dont elle hérite, mais une prise de conscience qu’elle devra conduire avec détermination en écartant les nombreux obstacles que dresseront sur sa route celles et ceux qui ne partagent pas et ne partageront jamais cette vision du monde.

Louise Mushikiwabo ayant un caractère bien trempé, connaissant parfaitement les rouages de la communauté internationale puisqu’elle a occupé les fonctions de ministre des Affaires  étrangères de son pays, bénéficiant du soutien sans faille du chef de l’Etat rwandais, Paul Kagame, qui préside l’Union africaine et a convaincu ses pairs de se prononcer en sa faveur, toutes les conditions semblent réunies pour qu’elle surmonte vite et bien ces obstacles. Mais la tâche sera certainement plus rude qu’elle ne le croit au moment où elle réalise le rêve de sa vie car elle va devoir faire évoluer l’OIF en tenant compte de la nouvelle équation géostratégique dans laquelle l’Afrique, son continent d’origine, doit désormais prendre sa place, toute sa place.

Disons-le clairement, elle n’y parviendra que si les pays qui lui ont permis de se faire élire jouent pleinement le jeu et la soutiennent dans la difficile tâche qu’elle va devoir accomplir. Et précisons que les pays du Bassin du Congo feront tout, c’est aujourd’hui évident, pour lui permettre de mener à bien la mission qui vient de lui être confiée.

Est-il besoin d’ajouter que les médias comme le nôtre seront eux aussi à ses côtés pour faire entendre sa voix et rendre compte de ses initiatives ?

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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