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Le Congo dans la Première Guerre mondiale

Lundi 12 Novembre 2018 - 11:16

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La cérémonie qui se déroule ce matin à Paris, dans le cadre historique de l’Hôtel des Invalides, a ceci d’exceptionnel qu’elle réécrit en quelque sorte l’Histoire, la grande Histoire, puisqu’elle rappelle les événements largement oubliés qui ont marqué, à plus de six mille kilomètres de la France, le début de la Première Guerre mondiale. C’est, en effet, à la frontière de ce qui était alors le Cameroun allemand et le Moyen-Congo français, à quelques kilomètres de Ouesso, que se sont déroulés, en 1914, deux des premières batailles du conflit qui opposa quatre années durant les deux grandes puissances européennes et dont le prix humain fut à tous égards effrayant.

Relatés avec une précision remarquable et illustrés par des photos de l’époque, les combats de Mbirou se trouvent au cœur de l’ouvrage – « Le Congo dans la Première Guerre mondiale » – qui est remis, ce 12 novembre 2018, au président Denis Sassou N’Guesso, en présence de nombreuses personnalités africaines et françaises. Geste très symbolique, ce livre paraît au lendemain de la commémoration, à Paris, du centenaire de l’armistice qui mit fin à l’un des plus terribles affrontements que le monde ait jamais connu et, de ce fait, il s’inscrit en bonne place dans la longue série des actes symboliques qui auront marqué cette commémoration en ce mois de novembre 2018.

Préfacé par la plus haute autorité  du Congo, écrit par Léon Bemba, professeur de l’Université Marien- Ngouabi, accompagné d’un préambule du général Léonard Noël Essongo, illustré par les photos de la collection d’Eric Deroo, cet ouvrage est publié par les Editions Les Manguiers dont le siège, comme chacun sait, se trouve à Brazzaville. Il est donc à cent pour cent africain, congolais  et remet cette partie du continent à sa juste place dans la relation des drames planétaires, et pas seulement européens, qui  marquèrent le début du vingtième siècle. Une actualisation d’autant plus indispensable qu’elle a été occultée pendant toute la durée de ce même siècle par les historiens des deux continents alors que les batailles de Mbirou, se déroulant dans les premières semaines de la Première Guerre mondiale, avaient permis à la France de chasser les Allemands qui tentaient de s’emparer alors du Moyen-Congo.

La cérémonie qui se déroule aujourd’hui  aux Invalides est très symbolique dans la mesure où elle témoigne de la volonté des Africains de se réapproprier leur Histoire. De la même façon que le temps où Brazzaville fut « Capitale de la France libre », au début de la Seconde  Guerre mondiale, a été reconnu et remis à sa place dans les annales de ce conflit planétaire, de la même façon le rôle des tirailleurs africains, en général, et congolais, en particulier, doit retrouver sa juste place dans le récit, la narration, la mémoire des événements qui permirent à l’Europe de restaurer la paix que la folie des hommes lui avait enlevée.

Alors que l’Afrique, en dépit des difficultés qu’elle doit surmonter, s’affirme de jour en jour comme l’acteur le plus important du monde à venir en raison de sa masse humaine, de l’ampleur de ses ressources naturelles mais aussi du rôle qu’elle joue dès à présent dans la préservation de la nature, rien n’est plus indispensable, plus juste que de mettre en avant le rôle que les Africains ont joué à deux reprises dans la quête de la paix menée par les peuples européens.

Que le Musée de l’Armée et le général d’Andoque de Sériège qui dirige cette noble institution soient ici remerciés pour l’appui qu’ils ont apporté dans la préparation et la conduite de la cérémonie qui se déroule aujourd’hui, dans le Salon d’honneur de l’Hôtel des Invalides.

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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