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A quoi sert le G 20 ?

Samedi 1 Décembre 2018 - 17:54

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Cette question se pose avec une acuité grandissante au lendemain du Sommet qui a réuni, dans la capitale de l'Argentine, Buenos Aires, les dirigeants des plus grandes puissances mondiales. Pour au moins deux raisons que l'on peut ainsi résumer :

1) Alors que le G 20 devrait prouver la volonté des "Grands" de la planète de dialoguer afin de trouver des solutions aux problèmes qui se posent à l'humanité dans le moment présent, il ne fait en réalité qu'afficher, avec une mise en scène soigneusement pensée, les divergences ou, plus rarement, les convergences des puissants de ce monde. En ont témoigné, cette fois-ci, avec éclat, le refus de Donald Trump de parler en tête-à-tête avec Vladimir Poutine des sujets qui fâchent et l'entretien non prévu initialement entre ce même Donald Trump et le président chinois, Xi Jinping.

2) Au-delà des mises en scène qui marquent chacun des sommets du G 20, de façon quelque peu ridicule si l'on y pense bien, ce qui en ressort clairement est l'incapacité des "Grands" à traiter sérieusement les problèmes de fond auxquels l'espèce humaine se trouve aujourd'hui confrontée. A commencer par celui du dérèglement climatique qui s'aggrave d'année en année comme vient de le rappeler le GIEC, preuves à l'appui, et contre lequel les nations industrielles de l'hémisphère nord s'avèrent manifestement incapables de lutter en coordonnant leurs efforts avant qu'il soit trop tard.

Pour dire les choses encore plus clairement, le G 20 ne sert à rien. Non seulement il n'aborde pas autrement qu'en paroles les questions dont dépend le sort de notre espèce mais encore, il creuse un fossé entre les pays riches et les pays émergents qui s'approfondit d'année en année, les premiers refusant de s'entendre pour protéger la nature tandis que les seconds ne voient plus dans ces grands-messes qu'une mauvaise, très mauvaise pièce de théâtre.

Dans un pareil contexte et tandis que les tensions s'aggravent entre les "Grands" comme le montre l'affrontement commercial entre la Chine et les Etats-Unis ou les malentendus stratégiques entre les Etats-Unis et la Russie, l'on en vient à se demander si le Tiers-Monde ne devrait pas s'organiser pour traiter lui-même les questions dont dépend le sort de chacun de nous. Exactement comme il le fit, il y a soixante-dix ans, lorsqu'il constitua le groupe informel de nations et de peuples dont la coordination accéléra la fin de l'ère coloniale.

Si les pays du Sud - Afrique, Amérique latine, Asie méridionale - s'entendaient aujourd’hui pour se réunir au plus haut niveau à intervalles réguliers, il est très probable que leur voix serait entendue par les puissants de ce monde. Ceci est d'autant plus vrai que la constitution d'un tel ensemble donnerait un poids réel aux membres du G 20 issus du Sud – l’Afrique du Sud, l'Argentine, l’Australie, le Brésil, l’Indonésie – alors que leur voix est actuellement inaudible.

Se trouvera-t-il quelqu'un suffisamment bien placé au sein de la communauté internationale pour oser lancer publiquement une telle idée dans le moment où le G 20 confirme son inutilité, voire même sa nuisance ?

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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