Retombées de l’élection de Félix Tshisekedi : gare à la résurgence des relents tribaux !

Samedi 12 Janvier 2019 - 16:00

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L’élection du candidat de la coalition Cap sur le changement et président de l'Union pour la démocratie et le progès social (UDPS) à la magistrature suprême a été saluée, à coup de triomphalisme, par les Kasaïens de tous bords qui en ont fait presque leur affaire, exacerbant ainsi un clivage ethnique plutôt latent.

 

 

Dans la capitale kinoise où les Lubas (ethnie du président élu) se comptent par milliers, il fallait faire avec l’exultation extrême de ces derniers dont certains, hystériques, ont versé dans la provocation, parfois sans état d’âme.

Le peuple kasaïen s’est approprié, pour ainsi dire, la victoire de Félix Tshisekedi, exhumant des relents éthiques dans une société congolaise qui apprend à coexister pacifiquement avec ses différences. Des pics lancés à l’endroit des partisans de la coalition Lamuka ont sonné faux jusqu’à susciter, dans le chef de ces derniers, un sentiment de rejet. Face au triomphalisme outré affiché par les partisans de l’UDPS et dans une certaine mesure également ceux de l’Union pour la nation congolaise, les inconditionnels de Martin Fayulu, qui jusqu’aujourd’hui continuent de croire en l’usurpation par la Commission électorale nationale indépendante de la victoire de leur leader, se sont finalement mis dans une posture contre-offensive.

Dans certains quartiers de Kinshasa, la stigmatisation des Lubas était perceptible jusqu’à donner lieu à des brouilles sur fond des menaces, de part et d’autres. À Kingasani, réputé bastion pro-Fayulu, tout Muluba identifié comme tel était sujet aux propos malveillants. A Kikwit, Lubumbashi et ailleurs, l’on a enregistré des excès ayant exacerbé inutilement la tension entre les militants de Cap pour le changement et ceux de Lamuka avec, en arrière-fond, un relent tribal toujours mal contenu. Sentant le danger et, surtout, mesurant les risques d’un tel engrenage, le nouveau président élu a vite fait de recadrer ses partisans. Intervenant quelques heures après l’annonce des résultats, Félix Tshisekedi, tenant à se forger une stature véritablement nationale, a déclaré n’être pas le président d’un parti politique, encore moins d’une quelconque caste tribale. Des propos lancés, à partir du quartier général de l’UDPS, à l’endroit d’une base chauffée à blanc qui n’arrêtait pas de tourner en dérision ses concurrents directs dont Martin Fayulu.

Sachant qu’il n’aurait forcément pas une large marge de manœuvre pour gérer la République dans une configuration politique où la majorité parlementaire lui échappe déjà, Félix Tshisekedi se veut porteur d’un discours rassembleur et d’unité susceptible de cimenter la cohésion nationale. D’où son appel à toutes les sensibilités politiques et sociales pour une participation de tous à l'œuvre du redécollage socioéconomique du pays. Face à la cohabitation qui se profile et à laquelle l’astreint le prochain parlement majoritairement kabiliste, il se doit de développer une stature d’unificateur pour mieux se tirer d’affaires. Sinon…

Alain Diasso

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