RDC : une délégation de haut niveau de l’UA attendue lundi à Kinshasa

Samedi 19 Janvier 2019 - 15:30

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Annoncée lors de la réunion de l’Union africaine (UA) sur la situation en République démocratique du Congo (RDC), tenue le 17 janvier à Addis-Abeba (Ethiopie), la mission est conduite par le président de la Commission de l’organisation, le Tchadien Moussa Faki, et le président en exercice de l’organisation panafricaine, le chef de l’État rwandais Paul Kagame, régulièrement accusé d’ingérence en RDC.

Dans la capitale éthiopienne, l’UA, souvent qualifiée de « syndicat des chefs d’État » défendant les pouvoirs en place, avait pris une décision on ne peut plus courageuse en demandant à la Cour constitutionnelle de suspendre la proclamation des résultats électoraux définitifs, parce que ceux annoncés par la Commission électorale nationale indépendante (Céni) sont entachés de « doutes sérieux ». C’est pour trouver une solution pacifique à cet appel que s’inscrit le déplacement de la délégation de haut niveau.

Fort malheureusement, dès l’annonce de la proposition de l’UA de suspendre la publication des résultats définitifs des élections, les autorités congolaises ont rejeté l’appel de l’organisation continentale. La Cour constitutionnelle de RDC a décidé de se prononcer, le 19 janvier, sur le recours de l’opposant Martin Fayulu, alors que la prestation de serment du nouveau président de la République est prévue le 22 janvier, d’après le dernier calendrier de la Céni.

« L’Union africaine n’a pas à dicter sa conduite à la Cour constitutionnelle en République démocratique du Congo », a déclaré le porte-parole du gouvernement, également ministre de la Communication et des médias, au lendemain de l'appel de l’UA demandant la suspension de la proclamation du résultat des élections. Lambert Mende a ajouté : « La Cour est indépendante, et de nous et de l’Union africaine (…). Je ne pense pas qu’il appartienne au gouvernement ou même à l’Union africaine de dire à la Cour ce qu’elle doit faire. Je ne sais pas s’il y a des pays où on peut interférer comme ça dans une procédure légale ». Estimant que la Cour fera ce qui est bon pour la manifestation de la vérité, Lambert Mende a poursuivi : « Nous devons lui faire tous confiance », tout en se disant certain que l’UA marquerait au final son « respect dû » aux institutions congolaises.

Kinshasa rejette les injonctions de l’UA

En clair, Kinshasa met en cause la légalité de la déclaration de l’organisation continentale et même de la réunion dont elle découle, allant jusqu’à déplorer le fait que certains chefs d’Etat africains « osent faire la leçon à Joseph Kabila qui a accepté la victoire d’un opposant ».

Si l’annonce de la visite de la délégation de l’UA fait grincer des dents à Kinshasa, du côté de l’Eglise catholique, Mgr Fridolin Ambongo, archevêque de cette ville, qui s’est dit très « heureux » de la déclaration de cette organisation, a indiqué que la Cenco est « disposée à accueillir la délégation de chefs de l’Etat » afin de lui expliquer la méthode utilisée pour l’observation qui met en cause les résultats provisoires de la Céni concernant l’élection présidentielle du 30 décembre.

Dans un communiqué, l’Union européenne a indiqué s’associer à l’UA pour inviter « tous les acteurs congolais à travailler constructivement avec cette délégation, pour trouver une issue post-électorale respectant le vote du peuple congolais ».

C’est pour se conformer à ces injonctions que le candidat à la présidentielle qui revendique la victoire ne cesse pas d’appeler ses partisans au calme et à ne pas céder à la provocation. « Lamuka et moi-même nous vous assurons que nous sommes très ouverts et disposés à contribuer activement à la recherche, dans la vérité, des solutions à cette crise inutile. C’est pourquoi je vous demande de ne pas céder à la provocation, d’éviter tout ce qui peut nous diviser ou briser la cohésion nationale... », a déclaré Martin Fayulu, le 18 janvier. « La coalition Lamuka reste disposée à travailler pour la reconstruction du pays sans règlement de comptes ni discrimination tribale ou ethnique ni chasse à l’homme, et dans un esprit de réconciliation nationale », a-t-il promis.

Commentant la déclaration de l’organisation continentale, l’analyste Adeline Van Houtte a écrit sur Twitter : « Cet appel, lancé par l’UA, est une première dans l’histoire de l’institution et souligne le niveau d’incrédulité des partenaires de la RDC vis-à-vis des résultats annoncés par la commission électorale la semaine dernière ».

Selon les résultats provisoires proclamés, le 10 janvier, l’opposant Félix Tshisekedi a remporté l’élection présidentielle, tandis que le chef de l’État sortant, Joseph Kabila, garderait une confortable majorité à l’Assemblée nationale (trois cent trente-sept députés sur cinq cents, d'après des sources onusiennes). L’autre opposant, Martin Fayulu, dénonce un « putsch électoral » et revendique la victoire avec 61% des voix. Ce qui correspond aux estimations de l’influente Église catholique et celles du Groupe des experts sur le Congo associé à quelques médias internationaux, à partir de documents qui auraient fuité de la Céni, d’après lesquels Martin Fayulu est vainqueur avec environ 60% des voix.

Nestor N'Gampoula

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