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Et le Bassin du Congo …

Samedi 26 Janvier 2019 - 17:54

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Peu nombreux étaient, récemment encore, ceux et celles qui pensaient que le processus électoral engagé non sans mal en République démocratique du Congo (RDC) irait jusqu’à son terme et permettrait un renouvellement de la gouvernance du pays dans un climat apaisé. Or, c’est très précisément ce qui vient de se passer sous nos yeux et qui, par conséquent, mérite réflexion.

Rien ne dit, alors que débute tout juste le mandat de Félix Tshisekedi, que le nouveau président de la RDC aura les mains suffisamment libres pour concrétiser le programme sur lequel il s’est fait élire. Mais rien ne dit non plus qu’il n’y parviendra pas, même si de multiples obstacles se dressent sur sa route, obstacles au premier rang desquels figure la faiblesse de son assise parlementaire puisque la majorité des sièges de l’Assemblée nationale est toujours détenue par le parti de son prédécesseur, Joseph Kabila.

Vu de l’autre rive du fleuve Congo, autrement dit de Brazzaville, le nouveau président congolais détient, en dépit des apparences, trois atouts majeurs qui pourraient bien, s’ils sont posés habilement sur la table de jeu, lui permettre de résoudre une bonne partie des problèmes auxquels il va se trouver confronté.

° Le premier de ces atouts est sa propre personnalité. Ayant vécu au côté de son père des moments difficiles et n’ayant à aucun moment baissé les bras comme l’aurait certainement fait nombre de prétendants au trône, il a démontré tout à la fois son courage, ses convictions personnelles et sa volonté d’aider la RDC à écrire une nouvelle page de son Histoire. Il est donc perçu, de l’intérieur et de l’extérieur, comme un homme d’Etat au sens plein du terme, c’est-à-dire capable de tenir les engagements pris durant sa campagne électorale. Cela ne garantit pas qu’il réussira mais, c’est une carte importante entre ses mains.

° Le deuxième atout dont dispose Félix Tshisekedi est son ouverture sur le monde extérieur. Ayant vécu plusieurs années loin de Kinshasa et ayant tissé autour de lui un réseau de relations aussi diverses que multiples, il est certainement aujourd’hui l’un des dirigeants africains les mieux perçus dans les grandes capitales de la planète. Cette écoute devrait lui permettre de faire entendre mieux et plus clairement la voix de la RDC sur la place internationale et, par conséquent, d’obtenir les appuis, les aides, les soutiens divers que Joseph Kabila n’avait pas su acquérir tout au long de ses mandats successifs en raison de son caractère pour le moins renfermé.

° Le troisième atout, qui ne se voit pas mais qui est selon nous bien réel, est l’appui que les communautés religieuses, l’Eglise catholique en particulier, apporteront au nouveau président de la RDC. Engagées au côté de Martin Fayulu même si elles ne le disaient pas officiellement, ces communautés ont mal vécu le rapprochement de Félix Tshisekedi et de Joseph Kabila qui a permis son élection. Mais cette page politique ayant été tournée sans que le pays sombre dans la violence, ni les catholiques ni les évangélistes ne courront le risque de lancer des appels à la révolte. Et comme le nouveau président est lui-même un homme de conviction, ils trouveront sans aucun doute des terrains d’entente.

Une chose est certaine en tout cas, dans le contexte dessiné ici à grands traits, si Félix Tshisekedi s’engage très vite et de façon claire en faveur d’une coopération élargie avec les autres pays du Bassin du Congo et de la Région des Grands Lacs, il sera soutenu fortement dans la sécurisation de son immense pays. Et cette partie de l’Afrique, aujourd’hui déséquilibrée, aura toutes les chances de résoudre les problèmes apparemment insolubles auxquels elle se trouve aujourd’hui confrontée.  

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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