Élection des sénateurs et gouverneurs : monnayage des voix à l’Assemblée provinciale de Kinshasa

Lundi 18 Février 2019 - 19:10

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Certains députés-électeurs de la ville-province sont accusés de se livrer aux actes de corruption pour élire les plus offrants parmi les candidats aux sénatoriales ou au gouvernorat.

En attendant l’élection des gouverneurs et des sénateurs prévue pour le mois de mars, les députés provinciaux qui constituent le corps électoral sont, ces derniers temps, sur la ligne de mire des candidats à ces deux niveaux de scrutin. Ces derniers, selon certaines indiscrétions, se livreraient à une opération de charme à leur endroit afin de bénéficier de leur soutien lors du vote.

Les députés électeurs, se sachant être au cœur de cet enjeu électoral, pratiqueraient désormais une véritable surenchère en monnayant leurs voix. A l’Assemblée provinciale de Kinshasa, des soupçons de corruption à grande échelle sont de plus en plus tangibles. A peine installés, les députés provinciaux de la ville-province sont accusés de demander de l’argent en échange de leurs voix. Il ressort de certaines indiscrétions de couloirs qu’ils se seraient décidés de voter pour le plus offrant. Aussi les candidats aux sénatoriales ou encore au gouvernorat de Kinshasa sont-ils priés d’avoir une bourse bien garnie afin de satisfaire la frénésie boulimique de leurs électeurs aux vues étriquées.       

Sur la place de Kinshasa, les commentaires vont bon train. Déjà, la démission des candidats sénateurs Adam Bombole et Vidiye Tshimanga qui ont été les premiers à dénoncer ces viles pratiques était suffisante pour susciter la clameur publique. « Je ne me soumettrai jamais à la corruption, marcherai toujours tête haute, regardant tous mes semblables droit dans les yeux », avait alors twitté le businessman Adam Bombole qui, dans sa lettre de démission adressée au président de la Commission électorale nationale indépendante, a plutôt, par élégance, évoqué des « raisons de convenances personnelles ».

Plus tranchant, Vidiye Tshimanga, porte-parole de Félix Tshisekedi pendant la campagne électorale, évoque quant à lui « le degré de corruption qui gangrène  (la) nation ». Intervenant sur un média périphérique capté à Kinshasa, l’intéressé avait fait état des sollicitations dont il était l’objet de la part des députés provinciaux dont certains lui exigeaient jusqu’à cinquante mille dollars en échange de leurs voix. « Je me vois très mal dépenser de l’argent pour corrompre des députés et ensuite me battre contre la corruption. Je ne peux pas me lancer dans cette bataille de cette manière-là », avait-il lâché.     

Sur les quarante-huit députés qui composent l’Assemblée provinciale de Kinshasa, la majorité serait trempée dans cette maffia éhontée qui avilit l’image des représentants du peuple qu’ils sont censés être, confirment des sources. Nonobstant les secrets  de coulisses qui fuitent de l’institution, certains députés provinciaux continuent de nier les faits et exigent des preuves des allégations de corruption qui leur sont imputées. D’autres évitent carrément d’aborder le sujet à la presse. Avérée ou pas, il appartient au procureur général d’initier une information judiciaire sur cette situation afin d’établir les responsabilités et, le cas échant, poursuivre les présumés coupables.

Face au tollé soulevé par cette situation, de nombreuses voix s’élèvent pour réclamer le changement du mode de scrutin concernant l’élection des gouverneurs et des sénateurs. Elles proposent que ces derniers soient élus au suffrage universel direct à l’instar des députés nationaux afin de contourner toute velléité de corruption, une des faiblesses du système de vote indirect.

Alain Diasso

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