Santé publique: récurrence des évasions des malades dans les hôpitaux

Mardi 19 Février 2019 - 18:00

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Des patients sortent de plus en plus furtivement des structures sanitaires, à l’insu du personnel soignant, sans payer la facture. Un déficit pour l’Etat qui veut mobiliser davantage des ressources.

« Tard dans la nuit alors que les infirmiers dorment ou très tôt à 5h du matin, il y a des malades qui  sortent bras ballants, les femmes mettent leurs enfants au dos et partent comme si de rien était. D’autres personnes transportent les bagages à leur place peu de temps avant ou après », a expliqué un médecin qui a requis l’anonymat.

Il s’agit là du mode opératoire de certains patients insolvables pour tromper la vigilance du personnel soignant et des agents de sécurité. Les voilà qui partent après avoir bénéficié des soins sans débourser, en contrepartie, les frais d’hospitalisation.

Une triste réalité observée dans plusieurs structures sanitaires. Le taux d’évasion des malades varie selon les hôpitaux et selon les services en leur sein. Les informations recueillies à la direction de l’information sanitaire du ministère de la Santé et de la population précisent que la direction départementale de la santé du département de la Bouenza a enregistré trente et un cas d’évasion (premier trimestre 2018), trente cas à la même période dans la Cuvette. Aucune information n’a filtré, à ce propos, concernant les départements de la Cuvette ouest, de la Sangha, du Niari, du Pool, de la Lékoumou et des Plateaux.

Par ailleurs, à Pointe-Noire, l’Hôpital général Adolphe-Sicé présente cent soixante-douze cas d’évasion (deuxième trimestre 2018). Lors de la présentation du rapport d’activités de l’hôpital de référence de Talangaï (Brazzaville), son directeur général, Raphaël Issoïbeka, faisait état d’un taux d’évasion de 1,1% en 2018. Au service de pédiatrie à l’hôpital général de Dolisie, la même année, sur 468 enfants hospitalisés, il y a eu six cas d’évasion soit un taux de 1,8%.

Des évasions justifiées par plusieurs raisons

Le manque de moyens financiers des patients est la première raison avancée pour expliquer ces évasions. À cela s’ajoutent des mauvaises pratiques du côté du personnel médical, notamment le rançonnage des patients, la facturation illicite dans certains services, la vente illégale des médicaments par les tenants des "pharma sacs" qui jonglent avec les prix face aux patients dans l’urgence et sans autre recours. Financièrement, ils sont épuisés et malheureusement optent de quitter l’hôpital furtivement parce qu’incapables de payer les frais d’hospitalisation. Il y a, en outre, ceux qui préméditent les évasions longtemps à l’avance et ceux qui, abusés, les improvisent. Les voix des hauts responsables des structures sanitaires se sont, d’ailleurs, fait entendre, dénonçant ces antivaleurs.

Dans tous les cas, c’est l’Etat qui est le grand perdant d’autant plus que les frais d’hospitalisation non perçus sont des déficits qui impactent négativement la mobilisation des ressources au niveau des structures sanitaires. Il est donc nécessaire de prendre des mesures adéquates pour endiguer le phénomène. « Les agents de sécurité doivent être capables de repérer les malades hospitalisés au portail et leur exiger un billet de sortie », a confié un médecin.

Rominique Makaya

Légendes et crédits photo : 

Des patients à l'entrée principale du CHU de Brazzaville

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