Afrique-Défense : le Tchad rompt l'accord de coopération avec la France

Samedi 30 Novembre 2024 - 13:15

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Le Tchad a annoncé, le 28 novembre, sa décision de mettre fin à l’accord de coopération en  matière de défense signé il y a 66 ans avec la France et révisé le 5 septembre 2019. Pour sa part, le Sénégal souligne l’incompatibilité des bases militaires françaises avec sa souveraineté nationale.

La décision tchadienne fait suite à une analyse approfondie, selon le porte-parole du gouvernement, Abderaman Koulamallah.  L’accord de coopération en matière de défense entre Tchad et la France a été signé le 28 octobre 1958.  Cette décision, rendue publique le 28 novembre, date marquant l'anniversaire de la proclamation du Tchad en tant que République en 1958, symbolise une volonté affirmée du pays de reprendre pleinement sa souveraineté et de redéfinir ses partenariats stratégiques en fonction de ses priorités nationales. Conformément aux dispositions de l’accord,  le Tchad s’engage à respecter les modalités prévues pour sa résiliation, y compris le délai de préavis, et à collaborer avec les autorités françaises afin d’assurer une transition harmonieuse.

Par ailleurs, le Tchad précise que cette décision ne remet en aucun cas en question les relations historiques et les liens d’amitié entre les deux nations. « Le Tchad reste déterminé à entretenir des relations constructives avec la France dans d’autres domaines d’intérêt commun, au bénéfice des deux peuples », souligne le ministre tchadien des Affaires étrangères, dans un communiqué.

En effet, cette décision marque une étape importante dans l’affirmation de la souveraineté tchadienne. La résiliation de cet ancien accord de défense, négocié à l’époque post-coloniale, implique concrètement le retrait d’environ un millier de militaires français stationnés dans l’une des dernières bases opérationnelles au Sahel. Après leur expulsion du Niger, du Burkina Faso et du Mali, les soldats des opérations Barkhane devront désormais chercher de nouveaux points d’ancrage. Le gouvernement tchadien a fait cette annonce quelques heures seulement après le départ du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, de N’Djaména où il effectuait une visite de 24 heures. Paris a pris acte de cette décision 24 heures après.

Le Sénégal sur la même voie

Parallèlement, le président Bassirou Diomaye Faye plaidait pour la fermeture des bases militaires françaises au Sénégal, lors des entretiens avec des médias français. Il a indiqué  que la présence des bases militaires est incompatible, selon lui, avec la souveraineté de son pays. « Le Sénégal est un pays indépendant, c'est un pays souverain et la souveraineté ne s'accommode pas de la présence de bases militaires dans un pays souverain ».  Quelque 350 militaires français sont présents au Sénégal. Le rapport de Jean-Marie Bockel, envoyé personnel du président français, Emmanuel Macron, pour la reconfiguration du dispositif militaire français en Afrique, préconise leur réduction à une centaine. Selon le dirigeant sénégalais, la relation avec la France « reste cordiale mais elle demande à être rénovée ». Ajoutant : « Nous travaillons sur une doctrine de coopération militaire qui ne s'accommodera pas de présences russe, française, américaine ou émiratie. Nous n'avons pas de base militaire à l'étranger. Il est donc normal que nous n'acceptions pas d'éléments étrangers sur notre sol. Il ne faut pas prendre une anomalie pour une normalité ». Il a rappelé : « Nous avons une coopération avec les Etats-Unis, la Chine ou encore la Turquie sans que ces pays n'aient de base sur notre sol ».

En perte d'influence en Afrique, après les prises de pouvoir par les militaires successivement au Mali, au Burkina Faso, au Niger et au Gabon, et les tensions récurrentes avec l’Algérie, la France a décidé de réduire fortement sa présence militaire en Afrique, et de ne conserver  qu’une centaine de militaires au Gabon (contre 350 alors), autant au Sénégal (contre 350) et en Côte d'Ivoire (600 auparavant) ainsi que quelque 300 au Tchad (contre 1 000).

Noël Ndong et Yvette Reine Nzaba

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