Comité exécutif de l’Union africaine : vent d’optimisme à l’ouverture de la vingt-quatrième session à Addis-Abeba

Lundi 27 Janvier 2014 - 16:30

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« De quelle Afrique voulons-nous, et comment devons-nous la construire ? » Telle est la question posée par la présidente de la Commission de l’Union africaine, le 27 janvier à Addis-Abeba, en Éthiopie, à l’ouverture de la vingt-quatrième session ordinaire du comité exécutif de l’Organisation panafricaine en présence des ministres des Affaires étrangères des pays membres

Pour le Dr Nkosazana Dlamani Zuma, comme pour deux autres personnalités intervenues à cette occasion, l’Afrique a les moyens de réaliser son développement en s’appuyant sur ses nombreuses ressources propres et en consolidant son unité.

La présidente de la Commission a indiqué que le comité exécutif, qui se réunit pour la première fois après la célébration l’année dernière des cinquante ans de l’UA et précède le sommet des chefs d’État les 30 et 31 janvier, devra poser les jalons des cinquante prochaines années pour l’Afrique. « Au cours de la présente session sera présenté l’Agenda 2063 que soutiendront de larges consultations nationales, chaque pays membre de l’organisation devant ensuite faire remonter ses contributions au niveau de la Commission », a-t-elle déclaré.

Dans le même temps, Nkosazana Dlamani Zuma a annoncé la levée de la suspension de Madagascar des instances de l’UA, après la tenue réussie de l’élection présidentielle et le retour à l’ordre constitutionnel. La Grande Île de l’océan Indien subissait la sanction depuis la destitution du président Marc Ravalomanana en 2009 par Andry Rajoelina. Développant son idée de l’Agenda 2063, la présidente de la Commission de l’UA à appelé à la mobilisation de toutes les énergies disponibles sur le continent : société civile, églises, femmes, intellectuels, étudiants, mais aussi les Africains de la diaspora, pour mettre en œuvre ledit agenda. Il s’agit d’un ensemble de réflexions et d’engagements sur le devenir de l’Afrique le demi-siècle prochain. Le document-cadre sera soumis à l’approbation des chefs d’État.

Même si les grandes lignes de cet agenda apprêté par les commissaires de l’UA énumèrent les axes du développement de l’Afrique les cinquante prochaines années, il est revenu dans le discours de Nkosazana Zuma de ces interpellations souvent entendues dans l’arène de l’UA. À savoir, entre autres, réaliser l’unité du continent sans laquelle les engagements seront vains, renforcer les commissions économiques sous-régionales afin de promouvoir à terme l’intégration du continent, mettre un terme aux guerres récurrentes au sein des États et à leur cortège de malheurs pour les populations.

L’agriculture africaine a été pendant longtemps négligée

Le prochain sommet des chefs d’État se tenant sur le thème de l’agriculture et de l’insécurité alimentaire, le secrétaire général adjoint de l’ONU et secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique, Carlos Lopes, a dans son discours présenté la situation contrastée de l’Afrique dans ce domaine. Un continent pourvu d’énormes richesses, qui est loin d’assurer le minimum à ses habitants. « Alors que la productivité des terres en Inde est passée de 0,95 tonne par hectare à 2,53 tonnes par hectare au cours des cinquante dernières années, la productivité des terres africaines stagne à une tonne et demie par hectare, alors qu’il y a entre trois et six fois plus de terres disponibles que dans des pays comme la Chine ou l’Inde qui, bien que disposant de beaucoup moins de superficies cultivables par habitant réussissent à nourrir leur population de plus d’un milliard d’habitants chacun », a-t-il relevé, ajoutant que « l’agriculture africaine a été pendant longtemps négligée ».

De ce constat peu reluisant, Carlos Lopes souligne néanmoins « quelques belles réussites » enregistrées sur le continent. Les exemples viennent notamment du Ghana, qui a réussi sa mécanisation de l’agriculture ; de l’Ouganda, qui a accru sa production piscicole ; de l’Égypte, meilleur rendement rizicole du monde avec une production estimée à 7,5 millions de tonnes cette année ; de la Tanzanie, qui a sensiblement amélioré sa technique de récupération des eaux bénéfiques pour la riziculture. Une performance par trop marginale, a souligné l’orateur, pour que l’on ne répète chaque fois que l’Afrique doit « faire du secteur agricole un réel outil de transformation », tout comme elle devra « rester ferme face aux politiques et arrangements commerciaux injustes », allusion faite aux rapports commerciaux déséquilibrés entre les pays développés et le continent.

Le lien paix et développement

Pour sa part, le président du comité exécutif de l’UA, Gabriel Trevos Adhanom, a longuement développé dans son intervention le rapport entre la paix et le développement. Il n’y a pas l’un sans l’autre, a-t-il commenté. Citant Nelson Mandela, dont la mémoire a été saluée par l’observation d’une minute de silence à l’ouverture de la session, l’intervenant a appelé au sens des responsabilités des dirigeants africains afin de prémunir leurs pays de conflits fratricides.

Il a évoqué les crises au Soudan du Sud et en Centrafrique, se félicitant tout de même de l’accord de cessez-le-feu intervenu entre les parties sud-soudanaises à qui il a demandé de respecter le texte et d’en faire bon usage. Il a également fait part de sa satisfaction suite à l’action de la Cééac en Centrafrique ayant abouti à l’élection de la nouvelle présidente de transition, Catherine Samba-Panza.

Trevos Adhanom a noté par ailleurs que les perspectives économiques de l’Afrique restaient fortes : « Il faut continuer à travailler pour maintenir ce niveau de croissance, engager des réformes structurelles nécessaires susceptibles de créer des emplois et de résorber le chômage. » En somme, des interventions teintées d’optimisme, même si leurs auteurs, conscients des défis qui jonchent le chemin du développement de l’Afrique y mettent chaque fois un bémol, question de ne pas tomber dans le piège de l’autosatisfaction.

Notons qu’entre autres sujets à l’ordre du jour de la session en cours, les délégués éliront les nouveaux membres du Conseil de paix et de sécurité de l’UA.

Gankama N’Siah

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Photo de groupe à l’ouverture de la session. (© DR) ; Photo 2 : Le présidium des travaux. (© DR) ; Photo 3 : La délégation du Congo. Au premier plan Basile Ikouébé, ministre des Affaires étrangères, suivi des ministres Coussoud-Mavoungou et Mokoko. (© DR)