Diplomatie : « La présence allemande va s’intensifier au Congo», a dit Thomas Strieder

Samedi 1 Mars 2014 - 13:35

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Après seize ans d’absence d’une représentation diplomatique en République du Congo, le nouvel ambassadeur d’Allemagne au Congo, Thomas Strieder, entend relancer la coopération entre Brazzaville et Berlin dans plusieurs domaines. Dans une interview exclusive aux Dépêches de Brazzaville dont il a visité les structures, le diplomate allemand évoque les priorités de son action en vue de dynamiser les relations entre son pays et le Congo.

Les Dépêches de Brazzaville : Quel est l’intérêt de cette visite aux Dépêches de Brazzaville ?

Thomas Strieder : Le but de cette visite est de me présenter à la rédaction des dépêches. Question de recueillir quelques informations sur le travail des « Dépêches de Brazzaville » et donner des informations sur la représentation de l’Allemagne au Congo. Une visite de courtoisie comme aussi une visite de travail.

 LDB : Près de deux ans depuis la prise de vos fonctions, en qualité d’ambassadeur, quelle lecture faites-vous du paysage médiatique congolais ?

T.S : Je suis positivement impressionné par la diversité du paysage médiatique congolais, concernant la télé, la radio mais surtout la presse écrite. Je suis vraiment impressionné par la qualité du journalisme, particulièrement des Dépêches de Brazzaville qui sont pour moi une source principale d'information quotidienne au regard de la diversité des sujets traités en toute indépendance et honnêteté

LDB : Après seize ans d’absence d’une représentation allemande au Congo, quels sont les sujets phares qui vous préoccupent afin de dynamiser la coopération entre Brazzaville et Berlin ?

T.S : Après 16 ans d’absence d’une mission diplomatique, ici à Brazzaville, il s’agit surtout de faire un état de lieu de ce qui existe encore, en ce qui concerne la présence allemande en général. J’ai voyagé à travers plusieurs régions du Congo où j’ai découvert qu’il existe des sociétés allemandes très actives qui exercent déjà dans des domaines spécifiques, notamment  au port de Pointe-Noire où des ingénieurs allemands s’occupent de la restructuration en partenariat avec des Chinois. Une autre entreprise allemande travaille pour la modernisation de l’administration publique dans le cadre de la réalisation des passeports biométriques et l’enregistrement de la population, un domaine important pour les élections.

Au niveau du département de la Sangha, l’Industrie forestière de Ouesso, une entreprise allemande œuvre dans la plus grande concession de coupe de bois au Congo. Avec Lufthansa, pour ce qui est du domaine de l’aviation civile, des techniciens allemands sont responsables de la sécurité des avions d’ECAir. Ce qui favorise d’ailleurs le survol d’ECAir dans l’espace européen, notamment Paris.

LDB : En parlant de la relance de la coopération entre le Congo et l’Allemagne, aviez-vous déjà défini les projets prioritaires ?

T.S : Le développement de notre coopération a redémarré avec notre agence de développement GIZ. Elle débutera au mois de mars avec la réhabilitation de trois hôpitaux au Congo, dans le cadre d’un projet de 6,5 millions d’euros. Il y a plusieurs autres aspects de la coopération franco-allemande qu’il faut réinitialiser, notamment celui concernant le jumelage de Brazzaville avec la ville de Bretz. Pour cette coopération très étroite, on est en train de préparer une exposition des œuvres du peintre Marcel Gotène, avec le maire de Brazzaville en octobre 2014. Il y a un autre aspect, en ce qui concerne la langue allemande. Une négociation est en cours avec notre institut au Cameroun et notre échange académique devrait aboutir à des stages de formation des professeurs congolais sur la langue allemande. Avec tout ça la présence allemande va s’intensifier.

LDB : Qu’est-ce vous envisagez dans le cadre des échanges en matière de tourisme entre l’Allemagne et le Congo ? 

T.S : C’est un aspect important pour lequel je suis très intéressé. Je m’en occupe personnellement. S’agissant du développement du tourisme, vous avez ici au Congo un patrimoine de l’Unesco, le Tri national de la Sangha avec le parc de Nouabalé-Ndoki. L’Allemagne a donné pour ce projet 24 millions d’Euros pour la fondation qui s’occupe des trois réserves nationales dans les trois pays. C’est beaucoup d’argent et c’est la raison pour laquelle nous sommes très intéressés afin que l’écotourisme dans cette région soit intensifié pour le public. Nous sommes en contact avec plusieurs agences en Allemagne pour développer cet écotourisme.

LDB : Des contacts ont déjà été établis pour une concrétisation de ce projet ?

T.S : J’ai discuté sur la question avec le préfet  de la Sangha afin de créer ou améliorer les structures minimales pour un tourisme qui existe encore. Il faut souligner que les Allemands ont un intérêt particulier pour cette région parce qu’à l’époque c’était une partie de l’empire coloniale allemande et à Mbirou, au bord de la Sangha, s’y trouve un mémorial de guerre qui rappelle la rencontre des soldats allemands et français au début de la première guerre mondiale.

Cette année, sera commémoré le centenaire du début de la première Guerre mondiale (la bataille de Mbirou). Et nous sommes en pleins préparatifs d’une cérémonie congolaise- française-allemande au village de Mbirou (20 km de Ouesso) où la stèle construite en mémoire de ces soldats connaîtra une réhabilitation.

Propos recueillis par Guy-Gervais Kitina et Nancy France Loutoumba

 

Guy-Gervais Kitina

Légendes et crédits photo : 

Photo 1: Thomas Strieder, ambassadeur d'Allemagne au Congo, Photo 2: Thomas Strieder en compagnie du directeur des Rédactions, Emile Gankama et du secrétaire général, Ange Pongault lors de sa visite de la rédaction des Dépêches de Brazzaville, le 28 février/ photos Adiac.