Journée internationale de la femme : Et si on les appelait les Superwomen…

Samedi 11 Mars 2017 - 11:28

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De plus en plus de mères chefs de ménage dirigent une structure monoparentale. Ces mères veuves, mariées et séparées, accumulent profession, travaux ménagers, et la prise en charge totale de leurs enfants. Une tâche rude qui contraint bon nombre de femmes à se comporter en extraordinaires mères.

En Afrique, plusieurs femmes ont réussi à briser le plafond de verre en accédant à des fonctions telles que présidente de la République, Vice-présidente et Premier ministre. D'autres ont pu accéder à des fonctions exécutives au sein de grandes organisations comme l'ONU, la CPI et la FIFA. Mais qu’en est-il de ces femmes, pour qui on parle peu.

Ces femmes, « exceptionnelle » pourvoient toutes seules à l'économie de la cellule familiale. Un rythme accéléré de vie que ne mesure souvent pas le commun de mortel à telle enseigne que ce courage est rentré dans l’ordre du naturel. C’est dire que l’autonomisation des femmes a bien de sens, même si cette année la journée internationale de la femme a été placée sous le thème : « Franchir le pas vers l'égalité entre les sexes pour une planète 50-50 en 2030 ».

En plus de leurs tâches domestiques, ces mères doivent subvenir aux besoins de toute la famille grâce parfois à un commerce peu rentable, ou à un salaire de misère. Pour celles qui ont eu la chance d’obtenir un emploi décent, dans un continent en proie au chômage, la tâche est moins rude car elles peuvent employer des femmes de ménage.

Ce souci a conduit à examiner de plus près les diverses situations de femmes dont celle de chef de famille qui prend des proportions de plus en plus importantes. Les études sur la monoparentalité augmentent dans les pays industrialisés, car le phénomène s'intensifie avec les changements sociaux, la transformation des relations au sein du couple et de la famille, les modifications des législations, etc. Mais cette monoparentalité n'a ni la même forme, ni surtout la même signification sociale et la même portée selon les milieux : situation (divorce, célibat, veuvage, abandon), charge des enfants, statut professionnel et pouvoir économique, responsabilité juridique, charge émotionnelle, relations avec l'entourage.

La prise en charge…

Les législations nouvelles sur le divorce et la protection des femmes a sans doute renforcé la capacité des femmes occidentales et des Africaines averties à en décider. Ce n'est pas le cas des femmes rurales engluées dans les traditions culturelles et religieuses qui n'encouragent pas le recours à la justice extérieure dans les questions familiales.

De nombreux pays se sont engagés dans des réformes juridiques, administratives et politiques. La majorité d'entre eux ont signé et ratifié les lois et conventions internationales mettant en brèche les discriminations contre les femmes. Ces dispositions demeurent largement des vœux pieux que seule une volonté politique peut promouvoir.

La question de la prise en charge de l’enfant et de son abandon, prend dès lors place dans un contexte social et culturel caractérisé à la fois par des systèmes de représentations et de normes dans lesquels les comportements de rejet, y compris extrêmes (infanticide), prennent leur signification et par des pratiques de circulation et de confiage des enfants, ou fosterage.

Le cadre législatif n’a cessé d’évoluer. Les femmes peuvent saisir le tribunal pour enfant pour obtenir une autorité parentale pour la pension alimentaire. Malheureusement peu sont les femmes qui connaissent leur droit et avisent la justice du dérapage d’un père qui se désolidarise et dégrade de ce fait le tissu social. Nombreuses aussi, non au mépris de la loi, s’abstiennent de toute accusation devant un juge, pour des raisons financières et de procédure qui souvent durent une éternité. Ce schéma souvent long décourage certaines femmes. Elles préfèrent donc régler le problème à l’amiable. Ceci nous rappelle simplement que l’évolution du partage des tâches ménagères et familiales est bien lente.

Une monoparentalité à large spectre…

La monoparentalité africaine concerne aussi des personnes ayant à charge une famille étendue de plusieurs générations : grands-parents, parents, enfants et autres relations familiales. Cette situation a des implications multiples. Si ces personnes sont à charge et pèsent financièrement sur le budget du ménage, en contrepartie, leur aide peut être précieuse : travail domestique, entretien et surveillance des enfants, activités agricoles, artisanales, commerciales et de transformation, etc. Elle permet au chef de ménage de se livrer à des occupations lucratives.

Bien que les situations d’un « chef de famille » et d'un « soutien de famille » soient proches, elles ne recouvrent pas les mêmes réalités. Dans ce dernier, le mari peut être présent, mais dans l'incapacité de contribuer économiquement à l'entretien de la famille du fait du chômage, incapacité physique, ménage polygame, âge avancé dans le cas d'hommes ayant épousé des femmes très jeunes, etc.

Quelles en sont les causes ?

La progression des femmes chefs de ménage en monoparentalité a commencé en zone rurale dès les années 70 avec l’isolement croissant des veuves qui par le passé restaient plus systématiquement sous tutelle masculine et familiale. Puis dans les années 80, l’autonomie résidentielle féminine s’est multipliée en ville, touchant des femmes de plus en plus jeunes, et de plus en plus confrontées à la monoparentalité.

À ces différents changements, il convient d’ajouter les facteurs d’ordre conjoncturel que la dernière décennie de crise économique, politique mais aussi sanitaire a particulièrement mis en avant. Par ailleurs, le noyau familial centré sur la mère et ses enfants apparaît aussi comme une constante de la polygamie. Mais dans l’ensemble cette spécificité de l’organisation familiale féminine est largement sous-estimée par les recherches qui de fait vont jusqu’à la nier quand elles réduisent les taux de femmes chefs de ménage à une illusion statistique du fait de la polygamie. Or, il se trouve que c’est aussi dans le cadre de ces systèmes de liens familiaux que s’organisent les situations de monoparentalité.

Certains hommes se désengagent de leur mission au mépris des risques que peuvent courir les enfants à charge dans un foyer monoparental, ignorant ainsi l’importance de leur présence auprès des enfants, surtout dans la prime enfance. Pour les femmes chefs de famille, il convient de mettre en place des stratégies aux plans juridique et politique pour qu'elles bénéficient des réformes légales afin d'améliorer non seulement leurs conditions, mais leur statut dans la famille et les sociétés.

Josiane Mambou Loukoula

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