Vatican : les premières mesures visibles des réformes sont économiquesMercredi 9 Juillet 2014 - 18:23 Le Français Jean-Baptiste de Franssu va désormais diriger la « banque du pape » ; le Vatican se dote aussi de sa banque centrale Le cardinal australien George Pell a été on ne peut plus clair mercredi : le Conseil pour l’économie dont le pape François vient de doter le Vatican, a passé le turbo. Il faut, a relevé l’ancien archevêque de Sydney placé à la tête de cette structure, que les grandes lignes des réformes décidées en commun avec le souverain pontife apportent les changements essentiels et corrigent au plus vite « les faiblesses » et les risques identifiés. Ces faiblesses, énumérées par un audit d’experts et corroborées par un organisme du Vatican chargé de la restructuration économique et administrative du Saint-Siège, tournent surtout autour de la gestion économique et financière. Trop dépensier, le Vatican ! Trop poreux aussi dans ses institutions financières qui ont été le cheval de Troie de pratiques jugées inacceptables par la communauté des financiers. Et la principale cible est la « banque du Vatican », le fameux Institut pour les œuvres de religion (IOR). Le nouveau cadre économique soutenu par le pape a commencé par changer le directeur de cette institution qui a de la banque toutes les fonctions, mais que le Vatican ne présente pas comme telle. C’est désormais le spécialiste français de la finance Jean-Baptiste de Franssu qui va diriger l’IOR. Il a été nommé mercredi ; il remplace l’avocat et industriel allemand, le baron Ernst von Freyberg (nommé il y a un peu plus d’un an par le pape Benoît XVI, son compatriote). « M. von Freyberg a accepté d'effectuer une période de transition pour permettre un passage de consignes adéquat », a précisé le Vatican. Lors de la conférence de presse, mercredi, le cardinal Pell s’est félicité de l’arrivée de cet expert financier sur lequel pèsent les espoirs d’un renouveau du fonctionnement du Saint-Siège en matière financière. Présentant le bilan exercice 2013 du Saint-Siège mardi, le Vatican avait insisté : tout désormais doit être fait pour que le fonctionnement de ses finances se fasse en adéquation avec les standards internationaux. Pas de blanchiment d’argent, pas de passe-droits financiers, pas de dépôts suspects dans ses comptes. C’est pourquoi l’autre grande décision prise par le Conseil pour l’économie du Vatican concerne un autre organisme tout-puissant : l'Apsa (Administration du patrimoine du siège apostolique) qui gère notamment l’imposant parc immobilier et le personnel du Vatican (2 886 agents). Sa section ordinaire est transférée au Secrétariat pour l’économie par décision personnelle du pape. La gestion des biens du Saint-Siège revient maintenant au dicastère chargé de contrôler et de surveiller les agences du Saint-Siège, en l’occurrence les politiques et procédures d’acquisition. L’Apsa jouera désormais le rôle de Banque centrale du Vatican, avec pour priorité le renforcement des relations du Vatican avec les autres banques centrales, comme le prévoient les standards européens en la matière. Le bilan de l'exercice 2013 présenté par les comptes du Saint-Siège mardi avait relevé que les frais en personnel restaient le chapitre le plus pesant dans les finances du pape. Mais il ajoutait aussi que ses organismes d’information, toutes catégories confondues, restaient un gouffre. Les médias du Saint-Siège vont donc être directement concernés par les réformes. Une commission pour voir les mesures pouvant aider à leur gestion plus efficace va être mise sur pied. Elle sera dirigée par Lord Christopher Patten, un Britannique. Les objectifs à atteindre dans les douze prochains mois : améliorer la coordination entre les différents médias existants, réduire leurs coûts et suivre les nouveaux modes de consommation des médias pour faire connaître le message du pape aux jeunes. Lucien Mpama |