Musique : les ondes cosmiques de Pariss Akwaba

Jeudi 16 Février 2023 - 18:34

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Une guitare d’un cousin sous un lit, l’accord de do majeur du vieil Arsène, les répétitions de Samba Dio derrière la parcelle à Mpaka 120, il n’en fallait pas plus pour fabriquer un musicien doublé d’un ingé-son.  L’histoire en accéléré de Pariss Akwaba !

 

 

Chez les musiciens, toutes les « il était une fois » commencent généralement à l’église et au plus jeune âge, le plus souvent sur la peau d’un djembé ou celle d’un tam-tam.  L’histoire de Parice Lemballa N’Souamy commence ainsi à l’église Mpeve ya longo et nous sommes au milieu des années 1980. Au quartier Mpaka 120 de Pointe-Noire, dans la maison parentale où grandit Parice, un cousin du futur prodige y a aussi sa chambre, sous son lit : une guitare.  « Je devais avoir environ 14 ans, dès lors que mon cousin quittait la parcelle, je m’exerçais maladroitement sur sa guitare, fasciné que j’étais par l’instrument », se souvient Parice. 

Le cousin s’appelle Lie Kousafi et ne sait pas qu’il déclenchera une vocation chez l’adolescent.  Il y aussi le vieux Arsène qui, passant par là, lui montrera comment jouer l’accord de do majeur. L’histoire est en marche et on la rembobine un court instant. A l’âge de 7 ans, Parice se faufile dès qu’il peut derrière la maison, là où se déroulent les répétitions de Samba Dio. «  C’est un vrai souvenir d’enfance, je restais silencieux à écouter l’orchestre pendant des heures et je connaissais les paroles par cœur », dit Parice avec une pointe d’émotion dans la voix, le célèbre Samba Dio, auteur de l’immortelle chanson « Tadie », ayant rejoint le paradis des musiciens quelques 20 ans plus tard.

Et puis, Parice devient un jeune homme, brillant autodidacte à parcourir le manche de sa guitare, qui intégrera deux années durant le groupe « Les Nkendas ».  En 2001, il rejoindra « Les Guysons », un groupe religieux avec lequel il enregistrera un album.  De cette époque, son souvenir le plus marquant restera néanmoins celui d’avoir accompagné la légende congolaise Rapha Bounzeki dans un restaurant de la ville océane nommé « Picardie ».  Et puis voilà que dans l’histoire, débarquant de nulle part, arrive un certain Samuel Makoundou. Dans l’une des pièces de sa maison : magnétophone à bandes, sono, instruments divers et Samuel qui questionne: « Tu saurais me faire marcher tout ça, petit ? ». Parice ne sait pas et raconte : « J’avoue m’être creusé la tête, il m’a fallu déchiffrer  les manuels qui étaient en anglais avec ce qu’il me restait de l’anglais à l’école, j’ai fait preuve de patience et d’acharnement pour y arriver ». Ce louable effort sera récompensé par Samuel Makoundou qui enverra Parice à Johannesburg, en Afrique du Sud, pour une formation de trois mois au métier d’ingénieur du son. 

Ne l’appelez plus Parice Lemballa N’Souamy, le voilà rebaptisé Pariss Akwaba, un nick name  qui lui est donné par le simple fait qu’il est dorénavant la pièce maîtresse du studio d’enregistrement Akwaba, situé près de l’ex-cinéma Duo, à Tié-Tié.  S’il officie plus tard et toujours à Tié-Tié aux commandes du Studio 63 dans le quartier Savon, c’est aujourd’hui sur l’avenue Marien-Ngouabi, à l’arrêt de bus Boulangerie N’Gok qu’il faut trouver la trace  de l’ingénieur ayant monté son propre studio « Cosmic waves Records ». Les ondes sont cosmiques et pleines d’énergie, l’endroit est chaleureux, spacieux, bien équipé, climatisé et pas vraiment onéreux pour qui souhaite ressortir de là avec un bon son.  Ce son là est l’addition de longues années d’expérience sur les consoles et de la justesse d’une oreille acquise à travers la guitare, son instrument de prédilection, mais aussi du piano, de la basse, des percussions. «  J’aurai aimé savoir jouer aussi du saxophone et de la flûte », regrette Pariss Akwaba pour qui la soif de connaissance n’aura semble-t’il jamais de fin.

Philippe Édouard

Légendes et crédits photo : 

Pariss Akwaba jouant de sa guitare au studio/DR

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