Disparition : la chercheuse d’Afrique Maryse Condé s’en est alléeMardi 2 Avril 2024 - 16:14 Maryse Condé faisait partie de ces « chercheurs d'Afrique », titre de l’édition du Salon du livre africain de Genève en 2019, en hommage au livre d'Henri Lopes « Le chercheur d'Afrique ». Elle s’est éteinte dans la nuit du lundi 1er au mardi 2 avril, à l’âge de 87 ans, à l'hôpital d'Apt a indiqué son mari à l’AFP. Des Antilles à l’Afrique, la romancière guadeloupéenne, révélée en France avec sa saga «Ségou» et couronnée en 2018 d’un «prix Nobel alternatif», s’est interrogée au fil d’une œuvre foisonnante et puissante sur la question de l’identité de part et d’autre de l’Atlantique. Toujours à la recherche de ce lien avec l’Afrique, elle a exploré notamment les thématiques du colonialisme, de l’esclavage et de l’identité. Un jour, elle avait confié ses regrets de ne pas avoir appris une seule langue africaine, répétant que le continent africain lui avait apporté « la fierté d’être noire ». Cette même fierté enfouie en elle lui a permis de conclure son discours lors de la réception du Prix Nobel alternatif de littérature 2018 en ces termes : « Je suis heureuse, je suis fière, profondément fière, d'être celle qui a fait entendre sa voix, une voix qui, malgré ses malheurs, continue de dire non, une voix qui reste forte, qui reste magique ». Professeure de littérature, romancière et journaliste guadeloupéenne à la reconnaissance internationale, elle laisse des dizaines de livres, des récits de voyages effectués à travers le monde en général, et plus particulièrement en Afrique de l’Ouest et aux États-Unis où elle se rendait régulièrement. Maryse Condé est née en Guadeloupe en février 1937. Elle avait quitté son île à 16 ans pour rallier Paris, où elle a intégré quelques années plus tard l’École normale supérieure. Victime de racisme à son arrivée en métropole, elle a découvert les écrits des Martiniquais Aimé Césaire et Frantz Fanon et est devenue elle-même militante antiraciste. Parmi ses ouvrages les plus connus, « Moi, Tituba, sorcière… Noire de Salem », qui évoque les États-Unis du XVIIe siècle, « Ségou », qui décrit la bascule du continent africain dans la colonisation. Elle a également reçu le prix de l’Académie française en 1988 pour son récit autobiographique « La Vie scélérate », énumère le site de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage dont elle était toujours membre du conseil scientifique. Elle fut la première présidente de l’ancêtre de l’institution Le Comité pour la Mémoire de l’Esclavage, entre 2004 et 2009. Marie Alfred Ngoma Légendes et crédits photo : L'écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé
Crédit photo : Clément Mahoudeau / AFP Notification:Non |