Les Dépêches de Brazzaville



Droits humains : des efforts supplémentaires attendus du Congo


À ce sujet, le gouvernement et les ONG qui militent pour la défense et la promotion des droits de l’Homme s’accordent que le Congo réalise de progrès notables, à quelques exceptions près, en ce qui concerne la ratification  des instruments juridiques nationaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme.

Cependant, les ONG font remarquer que sur le plan pratique, beaucoup d’efforts sont encore à faire pour le respect véritable des droits humains au Congo. Ainsi, le président de la Fédération congolaise des droits de l’Homme, Céphas Germain Ewangui, a  estimé  que le Congo continue, par exemple, à user de  la torture comme moyen de pression, en violation des instruments juridiques nationaux et internationaux qui condamnent cette pratique.

« La pratique de la torture est un acte criminel. La Convention des Nations unies contre la torture dispose en son article 2 qu’aucune circonstance exceptionnelle ou aucune situation aussi grave soit-elle ne peut être évoquée comme prétexte pour utiliser la torture. De plus, la Constitution congolaise du 20 janvier 2002 interdit sa pratique et autres traitements inhumains et dégradants. Or, notre organisation est informée, après enquête, que plusieurs Congolais sont soumis à la torture au niveau des services de police et de gendarmerie », a-t-il expliqué.

Ainsi, il a mis à profit la célébration de la journée internationale des droits de l’Homme afin d'appeler les pouvoirs publics de tout mettre en œuvre pour la traduction dans les faits des Traités et autres Instruments juridiques relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par le Congo.

De son côté, le président de l’Association pour les droits de l’Homme et l’univers carcéral, Loamba Moké, a relevé le même contraste qui existe entre les textes règlementaires et la pratique sur le terrain. Il a notamment insisté sur les  mauvaises conditions dans lesquelles sont gardés les détenus et condamnés dans les maisons d’arrêt congolaises dont il pense être actuellement surpeuplées.

« Cette année, nous avons publié un rapport sur la situation carcérale au Congo. Sur les treize maisons d’arrêt que compte notre pays, seule celle d’Impfondo dans la Likouala répond aux normes recommandées. La maison d’arrêt central de Brazzaville, construite depuis la période coloniale, est surpeuplée et devenue vétuste. Elle avait été construite pour une capacité de cent cinquante détenus.  Il en est de même de celle de Pointe-Noire. Les pouvoirs publics sont en panne d’initiative dans ce domaine. Les différentes municipalisations accélérées que le Congo a eues n’ont pas inscrit au programme la construction des différentes maisons d’arrêt. C’est regrettable », a déploré Loamba Moké.

Par ailleurs, dans sa dernière déclaration publiée  en 2013, l’ONG de promotion, défense et protection des droits humains, « Rencontre pour la paix et les droits de l’Homme »(RPDH) avait élaboré un état des lieux des droits humains en République du Congo qui s’appuyait sur trois thématiques principales, à savoir les violations des droits communautaires dans les zones d’extraction minière et pétrolière; le non-respect des droits économiques, sociaux et culturels des populations congolaises et l’état des lieux du processus démocratique en République du Congo.

Après la présentation de chaque thématique, le RPDH avait pris soin de formuler quelques recommandations à l’endroit des pouvoirs publics. En ce qui concerne les violations des droits communautaires dans les zones d’extraction minière et pétrolière, le RPDH a recommandé entre autres que soient améliorées par les compagnies exploitantes les conditions de vie des populations de ces zones par la construction des hôpitaux, des écoles, des routes et autres infrastructures viables.

En outre, le RPDH a interpellé les pouvoirs publics à veiller  scrupuleusement au respect des droits économiques, sociaux et culturels des populations. Ces droits, ont pensé les concepteurs de cette déclaration, sont souvent légués au second rang par rapport aux droits civils et politiques qui sont liés au droit d’élire et d’être élu et aux  droits des peuples d’avoir des élections libres, transparentes et apaisées.

Dans ce cadre, le RPDH a  recommandé aux pouvoirs publics de garantir la liberté de la presse dans tout le processus électoral et de créer les conditions d’une élection apaisée par la création d’un cadre de dialogue incluant tous les acteurs concernés par les scrutins.

 

 

 

 

 

 

 


Roger Ngombé