Enjeux politiques : le gouvernement de cohésion nationale est enfin làLe suspense a finalement été levé le 7 septembre avec la publication du fameux gouvernement de cohésion nationale attendu depuis plus d’une année. Depuis octobre 2013, la publication de ce gouvernement mainte fois reportée aura tenu en haleine l’opinion intérieure au point de faire douter plus d’un quant à son avènement. Recommandé par les concertations nationales, ce gouvernement était devenu plus qu’une exigence pour le pays en quête de nouveaux repères. Il vient d’être oublié à la veille du traditionnel discours du chef de l’État devant les deux chambres législatives réunies en congrès. Attendu pour le 8 décembre, Joseph Kabila se pliera à cet exercice constitutionnel d’ici le 15 décembre prochain à la clôture de l’actuelle session ordinaire, le temps d’installer la Cour constitutionnelle et la nouvelle équipe gouvernementale, apprend-on. Que retenir du nouveau gouvernement ? Pas grand chose. Le chamboulement tant attendu n’a pas eu lieu. Bien d’espoirs ont été déçus. Matata Ponyo conserve bien son fauteuil de Premier ministre. À peine sept membres de l’opposition ont fait leur entrée dans la nouvelle équipe sans recueillir l’aval de leurs partis respectifs. En lieu et place de gros calibres, Joseph Kabila devra composer avec ceux que d’aucuns qualifient de « pseudo opposants » relativisant ainsi la portée de leur combat politique. La grande moisson est venue du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean Pierre Bemba qui, jusqu’en dernière minute, s’opposait à toute entrée de ses membres au sein dudit gouvernement. Trois personnalités de ce parti politique, en l’occurrence le secrétaire général Thomas Luhaka, Germain Kambinga et Omer Egwake ont, contre toute attente, été nommés respectivement vice-Premier ministre en charge des Postes, Téléphones et Télécommunications et ministres de l’Industrie et de l’Aménagement du territoire. Le MLC par son secrétaire général adjoint Fidèle Babala a crié à la trahison suspendant par le fait même les concernés de leurs fonctions en attendant de formaliser leur exclusion par une décision du bureau politique. Même situation à l’Union pour la démocratie sociale qui semble ne pas se reconnaître en Daniel Madimba nommé à la Recherche scientifique. Quant à Michel Bongongo désigné ministre d'État au Budget, il paraît avoir reçu le quitus des structures de l’opposition républicaine proche de Léon Kengo Wa Dondo d’où il est issu. En tout état de cause, pas de gros calibres connus de l’opposition ne font partie du nouveau gouvernement où la majorité présidentielle conserve les postes stratégiques. Sur les quarante-sept portefeuilles, le camp présidentiel s’est accaparé notamment la vice-primature et le ministère de l’Intérieur et Sécurité, mais aussi la Défense et les Finances attribués respectivement à Évariste Boshab, Aimé Ngoi Mukena et Henri Yav Mulang. Outre les caciques connus du kabilisme qui gardent leur fauteuil à l’instar des inconditionnels tels que Lambert Mende Omalanga, de Raymond Tshibanda ou encore de Maker Mwangu, des anciens ministres comme Alexis Tambwe et Olivier Kamitatu sont revenus aux affaires. Cependant sur les quarante huit membres du gouvernement, il y a moins de dix femmes. Avec trois vice-Premiers ministres dont un provenant du Parti lumumbiste unifié Willy Makiashi chargé de l’Emploi, Travail et Prévoyance sociale, deux ministres d’État, des ministres et des vice-ministres, ce gouvernement de cohésion nationale, il est clair que ce gouvernement de cohésion nationale a plusieurs défis à relever. Parmi eux, celui d’encadrer le processus électoral jusqu’a son aboutissement avec, à la clé, le règlement de la question constitutionnelle par voie référendaire, si l’option de solliciter la sanction du peuple était levée. Alain Diasso |