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Jean Michel Bokamba Yangouma prône l'apaisementLundi 12 Janvier 2015 - 10:05 Il est l'un des enfants terribles de la Conférence nationale souveraine de 1991. Et, pour de bon, il a rangé ses missiles Scud (1). Durant la grand-messe, cette année-là, le secrétaire général de la Confédération syndicale congolaise, Jean Michel Bokamba Yangouma, volait de victoire en victoire, pouvait-on insinuer. Chacune de ses interventions, à la radio ou devant les conférenciers, était en effet saluée avec frénésie. Aujourd’hui, le Congo étant à nouveau à la croisée des chemins, l’homme a choisi la voie de la tranquillité. A-t-il peut-être observé que l’on ne peut pas bâtir une nation dans l’animosité, l’intrigue et la fourberie. À la tête de la coalition des partis dits du centre, Bokamba Yangouma trace une ligne médiane autour de laquelle, il veut réunir les farouches opposants et les indéfectibles partisans du changement de la Constitution du 20 janvier 2002. Au fond de lui, il doit se dire « vanité des vanités, tout est vanité ». Après tout, quatre mois et demi de Conférence nationale souveraine avaient accouché d’une Constitution que les Congolais eux-mêmes n’avaient pu mettre en application. Lui, Bokamba, avait pris une part active dans la concoction de ce texte, ou du moins, dans l’avènement de la nouvelle République incarnée par ce texte-là. Quand vint le moment du partage du gâteau, on ne peut pas dire que le chef syndicaliste fut le mieux servi. Au contraire, n'ayant pas dirigé les travaux de la conférence au rang où pouvait l’exiger son implication personnelle, il ne fit pas partie des ministres de la Transition Milongo (Juin 1991-août 1992), ni ne participa aux gouvernements successifs de la mouvance présidentielle, sa famille politique, sous Pascal Lissouba. On le confina plutôt au Conseil économique et social (CES), dont on ne sait s’il fonctionnait réellement. Comme ses collègues du pouvoir déchu à l’issue du fratricide conflit du 5 juin 1997, il se retrouva en exil. De retour, depuis, il finit par créer son parti, le Mouvement général des chrétiens du Congo (MGCC). On ne sait pas trop comment, les pouvoirs publics n’avalisèrent pas le nom de cette formation politique estimant que le Congo étant un État laïc, il n’était pas de bon aloi de mêler la religion à la chose politique. Le MGCC devint, dans cette langue française bien riche en vocables, le Mouvement général pour la construction du Congo, toujours en sigle MGCC. Un peu ce que fit à son tour Frédéric Ntumi Bintsamou. Animateur de sa rébellion sous l’appellation de Conseil national des résistants (CNR), ce qui devenait rebutant à la fin du conflit. Il le tourna en Conseil national des Républicains, toujours CNR, lorsqu’il résolut d’abandonner les armes et de se républicaniser. Pour ce qui est de Jean Michel Bokamba Yangouma, il faut dire que l’homme est né de nouveau. Un exemple pour appeler à la pondération ceux qui tiennent le discours de l’affrontement à tout prix, s’agissant du débat sur la Constitution. Pourquoi ne pas, tant soit peu, écouter la parole véhiculée par le président des partis du Centre, d’un dialogue apaisé pour sortir de cette querelle qui s’annonce heurtée. Et qui, au final, très souvent, quel que soit le camp des vainqueurs, ramène aux mêmes équations décriées : ceux qui gagnent, gagnent tout, et ceux qui perdent, perdent tout. Sans doute le vieux syndicaliste pense-t-il que les joutes verbales telles que vécues lors de la Conférence nationale ne sont pas nécessairement le chemin vers la véritable éclosion démocratique. Gankama N'Siah Edition:Édition Quotidienne (DB) |