Les immortelles: Funmilayo Ransome-Kuti, mère des droits des femmes en Afrique
Enseignante, elle a fait de l’alphabétisation une priorité et une arme pour la mobilisation. Si elle s’est construite à partir des problématiques sociales, l’association deviendra progressivement un modèle d’organisation à l’échelle nationale et continentale rassemblant plus de 20 000 femmes de régions différentes. S’élevant contre la corruption du système juridique colonial, les impositions directes et la brutalité des réquisitions menées par les autorités, l’union des femmes organise des cortèges revendicatifs dans les rues d’Abeokuta, n’hésitant pas à se moquer de la lâcheté des hommes qui n’osaient pas y prendre part. "Pas d’imposition sans représentation", chantaient-elles en chœur marchant vers le palais de l’Alaska. Pour s’être jointe à la manifestation, Funmilayo est emprisonnée quelque temps et, après sa sortie de prison, elle se rend en Angleterre pour y attirer l’attention sur la condition des femmes au Nigeria et partout en Afrique. En 1949, après des années de lutte, elles obtiennent l’abolition de l’impôt sur les femmes commerçantes, le mouvement prend l’ampleur et deviendra l’union des femmes. Au-delà de son combat pour les droits des femmes, Funmilayo a également lutté pour l’indépendance de son pays, le Nigeria. Alors que la colonisation tend à accentuer les divisions identitaires, elle proteste contre la Constitution Richards de 1946, dont l’objectif était de diviser le pays en trois régions indépendantes. Elle a participé aussi à la conférence institutionnelle de Londres pour l’accession du Nigeria à l’indépendance en 1953. Sa proximité avec la Fédération démocratique internationale des femmes d’influence communiste, ainsi que ses nombreux voyages à Moscou, à Pékin, lui vaudront de se faire confisquer son visa. En 1970, elle reçoit le prix Lénine pour la paix. Cissé Dimi Légendes et crédits photo :Funmilayo Ransome-Kuti/DR |