Les souvenirs de la musique congolaise : Maxime Soki Vangu et Emile Soki Dianzenza, deux frères talentueux dans l’univers musical congolais (suite et fin)
Sous la direction des frères Soki et grâce au talent des musiciens tels que Dizzy Mandjeku (guitare solo), Emmany Schaba (basse), Lafir Pongui Mananga (guitare accompagnement), Mick Wutukaya (batterie), Julien Mboma (guitare), Willy Tedia (chant), les saxophonistes Muteba Celio et Massa Visi, sans oublier Lipili à la batterie, l’orchestre Bella Bella renaît avec des titres phares tels que Nzambé Mokonzi, Musoso, Silako, Longola ngaï soni. On note également d'autres succès tels que Tikela ngaï mobali, Nganga, Menga, Kamavasthy signés Emile Soki. Grâce à ces tubes, l’orchestre Bella Bella domine la scène musicale kinoise et est même sacré meilleur de l’année 1974. Cependant, malgré les succès, un nouveau différend éclate entre les deux frères au sujet de la répartition des bénéfices tirés des chansons à succès d’Émile Soki, dont Maxime tirerait le plus grand profit. De cette mésentente naît une séparation des pouvoirs : Émile crée les éditions “Les frères Soki” tandis que Maxime conserve les éditions “Bella Bella”. Pendant cinq ans, les deux frères trônent au sommet du hit-parade kinois avec des morceaux signés Émile Soki. Mais la mauvaise gestion des recettes par Maxime pousse Émile à suspendre sa participation à Bella Bella. En guise de réparation, Maxime offre à son frère une voiture neuve, qu’Émile décline, exigeant un geste plus conséquent. Devant le refus de son frère, Émile quitte Kinshasa pour le Bandundu en compagnie de plusieurs musiciens (Mazé, Sebos, Yanganyanga, etc.). À son retour, il fonde un Bella Mambo renouvelé, formé de musiciens peu scrupuleux, marqués notamment par une consommation excessive de drogue, un vice auquel Émile succombe également. Cette addiction entraîne chez lui des troubles psychiques, le poussant à errer dans Kinshasa de bistrot en bistrot, chantant ses chansons contre quelques offrandes. En 1985, sa famille tente de le désintoxiquer, mais sans succès. En 1987, il tombe gravement malade et décède le 4 mai 1990. Comme s’ils étaient liés par le destin, Maxime Soki le rejoint deux semaines plus tard, en Allemagne, où il s’était installé après la disparition de Bella Bella de la scène musicale congolaise. On retiendra d’Émile Soki son immense talent vocal et des chansons exceptionnelles. Quant à Maxime Soki, son héritage est perpétué par sa fille aînée Zizina, qui réédite les œuvres de son père. Les frères Soki ont laissé une empreinte indélébile dans le microcosme musical congolais grâce à leur talent et leur contribution inestimable à la musique de leur temps.
Auguste Ken Nkenkela Légendes et crédits photo :Illustration |