Lire ou relire : « Les morsures obscures » de Julien Makaya Ndzoundou
La mort, les violences, le martyre sont le lot des maux qui inspirent la plume larmoyante de l’auteur dont l’humanisme altruiste semble transpirer à travers chaque strophe de mélodie désespérante. « L’ombre de l’illusion », « Le sauvage », « Le monstre », « L’esthétique du venin », « Douleurs du cœur », « Triste regard sur l’Afrique », « Sang et sanglot au Congo », quelques titres un tantinet révélateur de l’amertume du poète, écho de celle de son temps au-delà des lèvres muettes et traumatisées de ses contemporains. Pour nombreux d’entre eux, la vie ne compte pour rien, et l’avenir paraît plus opaque que les paradis tragiques des pseudo-rédempteurs au milieu d’une génération opprimée, résignée et trompée. Dans « La voie du stylo, la voix du cœur… » par exemple, poème dédié à Henri Lopes, Julien Makaya Ndzoundou écrit : « J’écris pour dire ma souffrance au monde. J’écris pour réclamer la paix dans ce globe. (…) J’écris pour dire à la postérité que tous mes contemporains n’approuvaient pas la médiocrité. J’écris pour m’exprimer et non pour exister » (Page 40). Ou encore cette épigraphe qui résonne comme un avertissement inspirant sagesse et humilité devant la dérision de l’insouciance ou de l’indifférence, en faisant du malheur des uns le spectacle savoureux qui égaie les autres, oubliant que nous sommes tous faits d’une même nature noble et fragile : « Tant que tu n’es pas encore arrivé au bout de ton pèlerinage sur terre, ne te moque pas de l’estropié et ne te réjouis point du malheur des autres, car tu ne sais pas comment tu termineras ta vie ». Le recueil de poésie « Les morsures obscures » a bénéficié de la préface de Winner Dimixson Perfection et de la postface de Marie-Léontine Tsibinda Bilombo. Aubin Banzouzi Légendes et crédits photo :La couverture de l'ouvrage/DR |