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Quand l’ingratitude tend à devenir une valeur !Samedi 7 Février 2015 - 16:07 À dire vrai, l’ingratitude ne saurait être une valeur, elle est une véritable anti-valeur, car elle divise les familles et ronge les sociétés. Et ce qui est bizarre c’est que certaines gens, sans aucune gêne, expriment leur ingratitude à ceux qui hier leur ont rendu d’énormes services. En regardant attentivement ce qui se passe dans la vie des organisations, notamment en politique, dans les administrations, dans la religion et ailleurs, on se rend bien compte que les divisions naissent de l’ingratitude. Autrement dit du manque de reconnaissance vis-à-vis des autres. Que l’on veuille ou non, car cela se justifie chaque jour qui passe, en matière politique par exemple, on ne réussit généralement que si l’on a bénéficié de l’appui des anciens. Sous d’autres cieux, on parlerait même de l’initiation. Ou du parrainage. Pourquoi donc ne pas le reconnaître, même si l’on a réussi par soi-même à escalader les marches pour se retrouver dans les hautes sphères de la politique ? C’est ce manque de reconnaissance qui conduit le plus souvent aux déchirements et qui s’étalent parfois sur la place publique. On le voit avec certains rassemblements politiques qui se transforment en des agoras d’invectives et diffamations des anciens par des jeunes. Bizarre ! Ces « ingrats » sont aussi présents dans le monde religieux. C’est même l’une des causes essentielles conduisant à la prolifération des sites cultuels, ou « maisons de Dieu », nés souvent des dissidences entre dirigeants ou entre fidèles. Hier simples fidèles d’une communauté, aujourd’hui hissés au rang de pasteur, certains individus lancent des campagnes de diabolisation contre leurs alliés d’hier ou leurs mentors, ceux-là même qui les ont formés et montrer la voie. « Nous avons décidé de quitter cette assemblée puisque là-bas la parole est tronquée », disent le plus souvent ces dissidents ingrats. Et dans les administrations ? Ici aussi, elle bat son plein, car les jeunes se plaisent à se dresser contre les anciens qui les ont reçus et formés. Ces jeunes, diplômés pour la plupart, ont goûté à l’école des anciens qui leur ont appris la pratique de terrain. La situation est aussi criante chez ceux qui exercent les métiers manuels où des « maîtres » se plaignent. On le vit dans des domaines comme la maçonnerie, la menuiserie, la conduite automobile, la peinture, la sculpture, la soudure, l’artisanat, la couture, etc. Que dire à l’enseignement ? « L’enseignement est un métier dans lequel sont formés plus d’hommes ingrats que d’hommes reconnaissants », disait un enseignant à l’un de ses anciens élèves qui l’avait totalement méconnu lors d’une querelle opposant deux familles au sujet d’une parcelle de terrain. Un mot, enfin, sur ce qui se passe dans les foyers lors des divorces. Le plus souvent, l’un des partenaires est remercié en monnaie de singe. Il suffit de fréquenter les tribunaux de nos villes pour entendre des propos dégradants de ceux qui, hier, étaient unis et qui, aujourd’hui, veulent se séparer. L’un et l’autre se niant réciproquement et catégoriquement oubliant les bienfaits de chacun. Une chose est sûre : l’ingratitude ne paie pas.
Faustin Akono Edition:Édition Quotidienne (DB) |