RDC/USA : vers un accord sur les ressources minièresDes négociations formelles pourraient prochainement s’ouvrir entre les deux pays sur l’accès aux ressources de la République démocratique du Cong (RDC), riche en cobalt, coltan, cuivre et lithium, essentielles à la fabrication de technologies de pointe dans les domaines de la défense et de la transition énergétique. Washington s’est dit ouvert à un partenariat minier en RDC, secteur dominé par la Chine. Objectif pour la RDC, faire barrage au Rwanda, « soutien des rebelles du M23 », accusé de piller les ressources minières du pays. Depuis janvier, le groupe armé mène une offensive dans l’est de la RDC qui met en grande difficulté l’armée congolaise. La possibilité d’un tel accord sur les minerais a d’abord été esquissée par le président Félix Tshisekedi, le 22 février, dans une interview au New York Times. Il appelle « les Etats-Unis et l'Europe à participer à l'exploitation des vastes richesses minières en RD Congo », et espère que « ces investissements majeurs » apporteront « plus de sécurité et de stabilité » à son pays, soulignant que l’administration Trump II a déjà manifesté son intérêt pour un accord qui pourrait garantir un approvisionnement en minerais stratégiques directement depuis le Congo. L’armée congolaise est en position de faiblesse dans l’Est et les autorités comptent sur la pression internationale, en particulier des États-Unis, pour accroître la pression sur Kigali. Durcissement occidental envers le Rwanda « C’est la première fois qu’un ministre rwandais est directement visé. Par ailleurs, il ne s’agit que d’un palier des sanctions que Washington pourrait décréter contre le Rwanda », a déclaré Jean Pierre Okenda, directeur Industries extractives. « Il est clair que les récentes sanctions américaines sont perçues comme un pas important », a-t-il ajouté. Les Etats-Unis ont annoncé, le 20 février, des sanctions contre James Kabarebe, ministre d'État rwandais chargé de l'Intégration régionale, et Lawrence Kanyuka, porte-parole de la rébellion du M23. Washington décrit James Kaberebe comme la « liaison entre le gouvernement et le groupe rebelles » et chargé de « coordonner les exportations" de minerais depuis la RDC vers le Rwanda. A en croire les experts de l’ONU, le M23 prélèverait d’importantes taxes sur les activités minières, générant environ 800 000 dollars par mois uniquement par la taxation du coltan, dans la zone de Rubaya, qu’il contrôle depuis mai 2024. Le 21 février, le Conseil de sécurité a approuvé à l’unanimité une résolution qui condamnent l’offensive du M23 en RDC et les avancées qu’il mène dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu avec le soutien des Forces rwandaises de défense, l'armée officielle de la République du Rwanda. Washington conserve un intérêt certain pour les ressources minières de la RDC. En témoigne le soutien actif du passé président Joe Biden au corridor de Lobito, projet ferroviaire visant à relier les mines du nord de la Zambie et du sud-est de la RD Congo au port angolais de Lobito, pour renforcer l’approvisionnement américain et contrecarrer l’influence chinoise. Donald Trump de son côté s’apprêterait à nommer un envoyé spécial pour la région des Grands Lacs, avec pour mission prioritaire l’étude d’un accord sur les minerais congolais. Noël Ndong |